Errements
Mes "errements" ont deux raisons fondamentales, véritables handicaps dans une vie. Le premier est d'etre originaire de la banlieue, de Seine-Saint-Denis, qui n'est pas le milieu le plus favorable qui soit au développement à tous points de vue. Le second est d'etre une femme. Les deux conjugués n'offrent guère de perspectives.
Fille d'employés dans la fonction publique, j'ai été formatée, dès qu'on s'est aperçu de mes capacités scolaires, pour l'enseignement "parce que pour une femme, ça laisse le temps de s'occuper de la famille". C'est mieux qu' "employée de bureau" et puis prof, c'est mieux qu'instit. La "famille", pour une femme, passait donc avant la réalisation professionelle. De quelque coté que je me retourne, famille ou société, tout confluait pour me faire comprendre que oui, bien sur, j'étais bonne élève, mais qu'enfin j'étais une fille, et que j'étais donc faite pour m'occuper d'abord d'un mari et d'enfants, et que le reste (dont moi) venait ensuite. Quoi que je puisse faire comme métier, c'était relatif, et la profession que j'aurais exercée venait après.
A dix-huit ans, je me suis aperçue que je n'avais pas particulièrement la vocation de l'enseignement, meme si en soi l'idée d'enseigner ne me déplaisait pas. En fait, j'aimais les langues étrangères et j'aurais aimé travailler dans le tourisme, etre guide touristique. J'ai été reçue au concours d'entrée de ce qui s'appelait alors Ecole Nationale de Commerce, option tourisme, auquel je m'étais inscrite sans rien demander à personne.
Dans le meme temps, j'avais fait une demande en classe préparatoire, parce que quelques unes de mes connaissances l'avaient faite, mais aussi par curiosité, pour voir ce qu'il en serait pour une fille sortant d'un lycée de banlieue. J'avais eu le Bac avec mention bien. Et... j'ai été acceptée. Quand j'ai dit que je préférais aller à l'ENC, chez moi ce fut la soupe à la grimace (et c'est peu dire). Je suis donc allée en Lettres Sup la mort dans l'ame. Dans un "grand lycée parisien pour jeunes filles ", alors récemment devenu mixte. C'est un des plus mauvais souvenirs de ma vie. Je suis une ancienne hypokhagneuse. Je n'ai pas demandé à redoubler (c'était possible; beaucoup mettent quatre ans pour en faire deux). Je n'ai pas demandé mon reste et j'ai obtenu mes équivalences pour entrer directement en seconde année. J'ai un DEUG de Lettres modernes.
Je venais d'un lycée de banlieue (qui encore à l'heure actuelle n'est pas ce qu'il y a de pire), et qui à l'époque pouvait vanter 56% de réussite au Bac (soit plus que la moyenne nationale qui était alors de 52%), et j'en suis fière. Obtenu sans avoir jamais redoublé une année. Ce fut pour moi une véritable conquète.
Ah! Si j'avais été un garçon! J'arais bien pu me permettre de perdre un an! De redoubler hypokhagne! De redoubler khagne par la meme occasion! On m'aurait trouvé toutes les circontances atténuantes et toutes les excuses: que c'était difficile (effectivement, ce n'était pas facile), on aurait meme trouvé que perdre un an betement était une preuve d'intelligente nonchalance! Mais "je n'étais qu'une fille". Assez grande pour faire une dissertation de philo, mais pas pour sortir le soir. Et c'est la raison pour laquelle, subodorant le sexisme sans encore savoir le nommer, j'aurais préféré l'ENC: plus facile, et la certitude d'avoir une qualification professionelle valable me garantissant à l'époque de trouver facilement un emploi et un salaire. J'avais pensé partir ensuite 6 mois au pair en Angleterre pour parler courament anglais. Quelle hardiesse! A l'époque, la majorité était à 21 ans, et mon idée se heurta de nouveau à la soupe à la grimace; je n'insistai donc pas; mes études, ce n'était pas moi qui les payais, on me le fit comprendre. Le mythe républicain mettait en avant l'icone de l'étudiant-ouvrier se payant lui meme ses études; j'avais la chance qu'on me les paye et je n'avais donc rien à dire. Oui, le mythe d'avant-guerre de ceux qui n'avaient jamais mis les pieds dans une université mais prétendaient mieux savoir que ceux qui y vont de quoi il retournait! Les "étudiants-ouvriers" d'avant-guerre ne passaient pas trois heures aller-retour dans les transports en commun. D'ailleurs, je travaillais aussi puisque j'étais monitrice dans les centres de vacances l'été et dans les centres aérés l'hiver.
Ce que je voulais alors, c'était l'indépendance. Avoir mon métier, mon salaire, mon appart, et vivre ma vie comme je l'entendais. Je voulais tout ce qu'on n'avait pas prévu pour moi. En somme, pour etre libre de mes mouvements, libre de vivre à ma guise, je devais etre mariée, c'est-à-dire échangerle statut de fille de soumise à la famille, contre celui d' épouse de dépendante d'un mari.
Chaque fois que je repense au passé, et à ce qui a été mon sort "parce que j'étais une fille", j'en ressens une colère indicible. Et j'y pense tous les jours. Comme je ne suis pas de celles qui tendent l'autre joue, comme je ne suis pas de celles que je lis sur certains blogs, résignées, qui écrivent que leur travail mal rémunéré et sans intéret ne leur apportera jamais aucune satisfaction qu'elles arrivent cependant à trouver en se dévouant çà ou là pour je ne sais quelle cause humanitaire où déverser leur bons sentiments générés par une frustration subie et acceptée comme la normalité de la condition féminine, cause humanitaire qui ne changera jamais rien à cette meme condition féminine et ne fera que la perpétuer, je fuis ces pièges buonistes (qu'on me pardonne l'italianisme) comme la peste (avec beaucoup d'adresse, je dois dire, modestement), et j'erre encore, mais je préfère.
La maternité, le fait d'avoir des enfants, constitue un handicap trop grand dans une vie de femme, dans la société telle qu'elle est actuellement organisée. ("Handicap" est bien le mot qu'il faut; quand je vois des jeunes femmes rivées derrière une poussette, c'est exactement à des handicapées qu'elles me font penser. A ce propos, quand je vois des photos, reportages sur les SOS papas derrière leurs poussettes vides, il me vient surtout à penser qu'ils n'y sont qu'une fois par an et qu'ils voudraient surtout y atteler leur femme tout le restant de l'année tandis que celles-ci n'ont peut-etre pas de quoi s'acheter une poussette neuve puisque la plupart du temps ils ne payent pas leur pension alimentaire).
Le sexisme ordinaire est si diffus à tous les niveaux et considéré come "normal", que ce type de discrimination, qui est à la base du patriarcat, constitue une véritable oppression anti-démocratique, un totalitarisme, un fascisme.
Une femme ne devrait se hasarder à faire un enfant que si elle a l'absolue certitude d'etre en mesure de l'élever seule. Sinon, il vaut mieux ne pas en avoir.
Si je devais revivre ma vie, je n'aurais autre chose en tete que le souci de ma profession et ma totale indépendance financière. Avoir un enfant viendrait très loin derrière dans l'ordre de mes préoccuppations.
Jeune fille, mi-conditionnée, mi-désireuse d'en avoir quand-meme (2, par crainte qu'un tout seul s'ennuie), je ne savais pas à quel age les caser tant aucun age ne me paraissait le bon vu l'encombrement. Je ne me suis d'ailleurs pas précipitée.
J'en ai eu 2, (j'ai trouvé ça mignon autant que chiant, mais j'ai quand meme bien aimé leur faire plein de papouilles), et j'ai trouvé intéressant le fait d'élever des etres jeunes, de les former, de chercher à leur donner le gout de l'étude, d'éveiller et d'encourager leur curiosité, j'ai eu à coeur de leur transmettre mon gout des langues étrangères, de l'histoire et de l'histoire de l'art, des civilisations anciennes, de l'art. Mais je n'ai pas réussi, faute de moyens, à faire tout ce que j'aurais voulu, comme je l'aurais voulu avec eux, et j'ai trouvé sur ma route pas mal d'imbéciles pour me contrarier dans mes objectifs éducatifs et réduire mes efforts à néant.
Je conserve de tout cela un ressentiment féroce envers l'oppression patriarcale. Si le patriarcat m'a bernée en faisant dérailler ma vie, parvenant à la canaliser dans le moule familial et la maternité, le rapport de force étant par trop inégal, il n'a certainement pas réussi à me le faire révérer. Ce que je ressens le plus face à cela, c'est un état de rébellion permanent.
Aussi ai-je développé avec les années un esprit critique aigu. J'ai appris, et m'y exerce quotidiennement, à plier le langage à ma volonté et à m'en servir comme d'une arme tranchante et rate rarement une occasion de l'utiliser pour détruire, griffer, casser, ridiculiser, honnir tout ce qui de près où de loin m'apparait comme la représentation de ce pouvoir patriarcal, que j'exècre.
Fille d'employés dans la fonction publique, j'ai été formatée, dès qu'on s'est aperçu de mes capacités scolaires, pour l'enseignement "parce que pour une femme, ça laisse le temps de s'occuper de la famille". C'est mieux qu' "employée de bureau" et puis prof, c'est mieux qu'instit. La "famille", pour une femme, passait donc avant la réalisation professionelle. De quelque coté que je me retourne, famille ou société, tout confluait pour me faire comprendre que oui, bien sur, j'étais bonne élève, mais qu'enfin j'étais une fille, et que j'étais donc faite pour m'occuper d'abord d'un mari et d'enfants, et que le reste (dont moi) venait ensuite. Quoi que je puisse faire comme métier, c'était relatif, et la profession que j'aurais exercée venait après.
A dix-huit ans, je me suis aperçue que je n'avais pas particulièrement la vocation de l'enseignement, meme si en soi l'idée d'enseigner ne me déplaisait pas. En fait, j'aimais les langues étrangères et j'aurais aimé travailler dans le tourisme, etre guide touristique. J'ai été reçue au concours d'entrée de ce qui s'appelait alors Ecole Nationale de Commerce, option tourisme, auquel je m'étais inscrite sans rien demander à personne.
Dans le meme temps, j'avais fait une demande en classe préparatoire, parce que quelques unes de mes connaissances l'avaient faite, mais aussi par curiosité, pour voir ce qu'il en serait pour une fille sortant d'un lycée de banlieue. J'avais eu le Bac avec mention bien. Et... j'ai été acceptée. Quand j'ai dit que je préférais aller à l'ENC, chez moi ce fut la soupe à la grimace (et c'est peu dire). Je suis donc allée en Lettres Sup la mort dans l'ame. Dans un "grand lycée parisien pour jeunes filles ", alors récemment devenu mixte. C'est un des plus mauvais souvenirs de ma vie. Je suis une ancienne hypokhagneuse. Je n'ai pas demandé à redoubler (c'était possible; beaucoup mettent quatre ans pour en faire deux). Je n'ai pas demandé mon reste et j'ai obtenu mes équivalences pour entrer directement en seconde année. J'ai un DEUG de Lettres modernes.
Je venais d'un lycée de banlieue (qui encore à l'heure actuelle n'est pas ce qu'il y a de pire), et qui à l'époque pouvait vanter 56% de réussite au Bac (soit plus que la moyenne nationale qui était alors de 52%), et j'en suis fière. Obtenu sans avoir jamais redoublé une année. Ce fut pour moi une véritable conquète.
Ah! Si j'avais été un garçon! J'arais bien pu me permettre de perdre un an! De redoubler hypokhagne! De redoubler khagne par la meme occasion! On m'aurait trouvé toutes les circontances atténuantes et toutes les excuses: que c'était difficile (effectivement, ce n'était pas facile), on aurait meme trouvé que perdre un an betement était une preuve d'intelligente nonchalance! Mais "je n'étais qu'une fille". Assez grande pour faire une dissertation de philo, mais pas pour sortir le soir. Et c'est la raison pour laquelle, subodorant le sexisme sans encore savoir le nommer, j'aurais préféré l'ENC: plus facile, et la certitude d'avoir une qualification professionelle valable me garantissant à l'époque de trouver facilement un emploi et un salaire. J'avais pensé partir ensuite 6 mois au pair en Angleterre pour parler courament anglais. Quelle hardiesse! A l'époque, la majorité était à 21 ans, et mon idée se heurta de nouveau à la soupe à la grimace; je n'insistai donc pas; mes études, ce n'était pas moi qui les payais, on me le fit comprendre. Le mythe républicain mettait en avant l'icone de l'étudiant-ouvrier se payant lui meme ses études; j'avais la chance qu'on me les paye et je n'avais donc rien à dire. Oui, le mythe d'avant-guerre de ceux qui n'avaient jamais mis les pieds dans une université mais prétendaient mieux savoir que ceux qui y vont de quoi il retournait! Les "étudiants-ouvriers" d'avant-guerre ne passaient pas trois heures aller-retour dans les transports en commun. D'ailleurs, je travaillais aussi puisque j'étais monitrice dans les centres de vacances l'été et dans les centres aérés l'hiver.
Ce que je voulais alors, c'était l'indépendance. Avoir mon métier, mon salaire, mon appart, et vivre ma vie comme je l'entendais. Je voulais tout ce qu'on n'avait pas prévu pour moi. En somme, pour etre libre de mes mouvements, libre de vivre à ma guise, je devais etre mariée, c'est-à-dire échangerle statut de fille de soumise à la famille, contre celui d' épouse de dépendante d'un mari.
Chaque fois que je repense au passé, et à ce qui a été mon sort "parce que j'étais une fille", j'en ressens une colère indicible. Et j'y pense tous les jours. Comme je ne suis pas de celles qui tendent l'autre joue, comme je ne suis pas de celles que je lis sur certains blogs, résignées, qui écrivent que leur travail mal rémunéré et sans intéret ne leur apportera jamais aucune satisfaction qu'elles arrivent cependant à trouver en se dévouant çà ou là pour je ne sais quelle cause humanitaire où déverser leur bons sentiments générés par une frustration subie et acceptée comme la normalité de la condition féminine, cause humanitaire qui ne changera jamais rien à cette meme condition féminine et ne fera que la perpétuer, je fuis ces pièges buonistes (qu'on me pardonne l'italianisme) comme la peste (avec beaucoup d'adresse, je dois dire, modestement), et j'erre encore, mais je préfère.
La maternité, le fait d'avoir des enfants, constitue un handicap trop grand dans une vie de femme, dans la société telle qu'elle est actuellement organisée. ("Handicap" est bien le mot qu'il faut; quand je vois des jeunes femmes rivées derrière une poussette, c'est exactement à des handicapées qu'elles me font penser. A ce propos, quand je vois des photos, reportages sur les SOS papas derrière leurs poussettes vides, il me vient surtout à penser qu'ils n'y sont qu'une fois par an et qu'ils voudraient surtout y atteler leur femme tout le restant de l'année tandis que celles-ci n'ont peut-etre pas de quoi s'acheter une poussette neuve puisque la plupart du temps ils ne payent pas leur pension alimentaire).
Le sexisme ordinaire est si diffus à tous les niveaux et considéré come "normal", que ce type de discrimination, qui est à la base du patriarcat, constitue une véritable oppression anti-démocratique, un totalitarisme, un fascisme.
Une femme ne devrait se hasarder à faire un enfant que si elle a l'absolue certitude d'etre en mesure de l'élever seule. Sinon, il vaut mieux ne pas en avoir.
Si je devais revivre ma vie, je n'aurais autre chose en tete que le souci de ma profession et ma totale indépendance financière. Avoir un enfant viendrait très loin derrière dans l'ordre de mes préoccuppations.
Jeune fille, mi-conditionnée, mi-désireuse d'en avoir quand-meme (2, par crainte qu'un tout seul s'ennuie), je ne savais pas à quel age les caser tant aucun age ne me paraissait le bon vu l'encombrement. Je ne me suis d'ailleurs pas précipitée.
J'en ai eu 2, (j'ai trouvé ça mignon autant que chiant, mais j'ai quand meme bien aimé leur faire plein de papouilles), et j'ai trouvé intéressant le fait d'élever des etres jeunes, de les former, de chercher à leur donner le gout de l'étude, d'éveiller et d'encourager leur curiosité, j'ai eu à coeur de leur transmettre mon gout des langues étrangères, de l'histoire et de l'histoire de l'art, des civilisations anciennes, de l'art. Mais je n'ai pas réussi, faute de moyens, à faire tout ce que j'aurais voulu, comme je l'aurais voulu avec eux, et j'ai trouvé sur ma route pas mal d'imbéciles pour me contrarier dans mes objectifs éducatifs et réduire mes efforts à néant.
Je conserve de tout cela un ressentiment féroce envers l'oppression patriarcale. Si le patriarcat m'a bernée en faisant dérailler ma vie, parvenant à la canaliser dans le moule familial et la maternité, le rapport de force étant par trop inégal, il n'a certainement pas réussi à me le faire révérer. Ce que je ressens le plus face à cela, c'est un état de rébellion permanent.
Aussi ai-je développé avec les années un esprit critique aigu. J'ai appris, et m'y exerce quotidiennement, à plier le langage à ma volonté et à m'en servir comme d'une arme tranchante et rate rarement une occasion de l'utiliser pour détruire, griffer, casser, ridiculiser, honnir tout ce qui de près où de loin m'apparait comme la représentation de ce pouvoir patriarcal, que j'exècre.
Ecrit par Lory Calque, le Samedi 13 Mai 2006, 00:18 dans la rubrique Florycalque.
Commentaires :
Re:
Ah oui, les familles "théoriquement non sexistes" je connais. A 15 ans ma mère me disait de lire le "Deuxième sexe" de Simone de Beauvoir, et quand j'ai essayé de mettre la théorie en pratique, ça n'a pas été apprécié: effet "double contrainte". Etre libre sans l'etre, mission impossible.
Non, on ne peut compter sur personne et surtout pas sur ceux qui prétendent parler à notre place en sachant mieux que nous. Non, ce n'est pas près de changer, malheureusement. Surtout avec des "féministes pro-voile" prètes à faire précipiter le sort de 90% des femmes pour améliorer le sort de 10%. Mortacci loro (ça veut dire "maudits soit leurs aieux").
Non, on ne peut compter sur personne et surtout pas sur ceux qui prétendent parler à notre place en sachant mieux que nous. Non, ce n'est pas près de changer, malheureusement. Surtout avec des "féministes pro-voile" prètes à faire précipiter le sort de 90% des femmes pour améliorer le sort de 10%. Mortacci loro (ça veut dire "maudits soit leurs aieux").
Re:
Oui, tout à fait, ça fait perdre des opportunités, définitivement.. Qu'on n'aurait jamais perdues si onn'avait pas eu à s'occuper seule (où comme si on était seule), d'enfants. Un homme ne se posera jamais le problème; il les saisira. ça appauvrit aussi, le salaire n'est jamais le meme, la promotion non plus, la retraite pas davantage.
Yio
J'ai un parcours qui ressemble au tien, alors que je suis issue d'une famille théoriquement non sexiste. Mais à moi aussi, on m'a dit que certaines carrières (prof, bien sûr) étaient mieux que d'autres (vétérinaire ou interprète) pour une femme, parce qu'elles laissaient du temps pour la famille... Du coup, je ne suis ni prof (j'ai déjà deux enfants à domicile, je ne vais pas aller m'occuper de ceux des autres en plus :-) ni vétérinaire. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu racontes de ta vie.
J'ai ressenti le handicap d'avoir des enfants lorsque j'ai eu un besoin impérieux de les faire garder dans une collectivité, pour des raisons professionnelles, parce que je n'avais pas les moyens de payer une assistante maternelle. Ça s'est avéré impossible pour cause de tout un tas d'excellentes raisons administratives réglementaires (qui volent en éclat aussitôt qu'on trouve le piston qu'il faut, d'ailleurs), et tout ce que j'ai obtenu, c'est de choquer la gentille monitrice du centre aéré, quand je lui ai dit que là, sur le moment, je regrettais amèrement d'avoir fait des enfants, vu que ça me coûtait l'équivalent d'un rein en temps, en argent, en sacrifices et en renoncements, et que si seulement je pouvais revenir en arrière, le nombre d'habitants de la planète serait inférieur de deux unités (et le nombre de mariages d'une unité, d'ailleurs). Je ne crois pas qu'elle ait vraiment compris pourquoi. Enfin, j'étais en colère, je ne le pense pas vraiment (pour le mariage, si !). Mais je pense que les gouvernements s'en tamponnent, de nos problèmes de pondeuses, et que quoi qu'on fasse, ce n'est pas près de changer.
Mais voilà, tout ça fait perdre des opportunités, définitivement, il y a de quoi devenir féroce en effet.