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Mardi (27/02/07)
Les femmes et les salons littéraires
--> Notes de l'auteur

Les textes présentés ici dans leur version originale ont été écrits pour "fr "


La version sous licence GDFL en cours sur wikipedia permet la reproduction des articles aux conditions mentionnées par wikipedia.


La version originale présentée dans cette rubrique de ce blog intitulée Feminarte reste propriété de l'auteure et comme tout le contenu de ce site, sous copyright.


Cette suite de biographies a été écrite à l'origine pour une rubrique crée par l'auteur esur Wikipédia et intitulée:


Les femmes et les salons littéraires


Les premiers salons littéraires, tenus par des s, apparaissent au XVIIe siècle, et s'épanouiront au siècle suivant. Les femmes qui les ont tenus ont souvent énormément contribué à la création de l'Encyclopédie au XVIIIe siècle; sans ces salons, restés célèbres dans l'histoire, la littérature et l'histoire littéraire, celle-ci n'aurait pas vu le jour.


Qui étaient-elles véritablement ? Leurs figures s’estompent derrière les manuels d’histoire et leur légende, cédant la place aux philosophes, aux célébrités de leur temps retenues par l’histoire. Peut-être conviendrait-il ici de citer un passage du discours de Marguerite Yourcenar lors de sa réception à l’Académie française : «Je suis tentée de m’effacer pour laisser passer leur ombre» dira-t-elle, parlant de ces «femmes de l’Ancien Régime, reines des salons et, plus tôt, des ruelles» qui «inspiraient les écrivains, les régentaient parfois».


La plupart du temps mariées jeunes selon les convenances de l’époque à un mari plus âgé, appartenant comme elles à l’aristocratie, et dont elles n’ont cure, une fois les bienséances du mariage consommées, elles s’en affranchissent en vivant à leur guise, s’octroyant toute la liberté qu’elles jugent nécessaire. On a souvent retenu d’elles leurs vies mouvementées, leurs amours tumultueuses, qui parfois ne les différencient guère des courtisanes ; du reste, jusqu’à la Révolution, quasiment toutes les favorites de la cour appartiennent à l’aristocratie. Mais derrière cette apparence, qui sont ces Marie-Julie-Catherine-Adélaïde De…qui ouvrent leurs salons aux plus grands esprits de leur temps, où se mêlent, aristocrates ou non, hommes politiques, lettrés et scientifiques ?


On a souvent parlé de cette époque comme de celle de l’art de la conversation, qualifiée de brillante, intellectuelle ou légère, reflet de la sociabilité d’une époque révolue. C’est sans doute oublier qu’elles étaient, avant tout, elles-mêmes ce que nous appellerions aujourd’hui des intellectuelles, des femmes instruites, et la plupart du temps des femmes de lettres, de véritables écrivaines, ce dont elles ne se souciaient pas d’être mais qu’elles étaient à tous les effets, laissant des correspondances constituées de milliers de lettres le plus souvent adressées à ce que l’Europe d’alors pouvait compter d’esprits ouverts. La seule correspondance de Madame du Deffand en compte 1400, c’est dire si la rédaction d’une correspondance aussi volumineuse ne pouvait que leur prendre plusieurs heures par jour. Si les portraits que dessinent ces brillantes épistolières de leurs contemporains nous sont moins connus que ceux que nous dépeignent les «caractères» de La Bruyère, est-ce parce qu’elles avaient moins de talent ? Ou bien plutôt parce qu’il ne seyait pas alors qu’une femme puisse faire une carrière autre que celle de courtisane, fut-elle hôtesse d’un salon littéraire ? Il semble bien.


La seule correspondance restée célèbre, et qu’on trouve dans nos manuels scolaires, est celle de Madame de Sévigné. On a parlé de son style exemplaire, symbole et quintessence de la pureté de la langue classique. Mais, bien que la Marquise ne manque pas d’esprit, ne l’a-t-on pas davantage publiée parce qu’au fond, cette femme qui, l’âge venant, fait penser à une douairière tenant de la béguine n’écrit potins et frivolités de la cour qu’à sa fille ? C’est, sans doutes, moins problématique que les états d’âme d’une Julie de Lespinasse, moins inquiétant ou pour le moins plus tranquillisant qu’une Madame du Deffand qui correspond avec tous les philosophes d’Europe et, s’adressant à Voltaire qu’elle connaît depuis le temps de sa jeunesse, son ami de toujours, écrit si peu de temps avant la mort de celui qui se dit depuis des années agonisant, sur le ton de la plus franche camaraderie: «Monsieur, je ne crois pas en vos apoplexies».


Il se trouve aujourd’hui toujours plus de travaux, souvent dus à des femmes, universitaires, pour publier leurs correspondances et nous dire qu’elles furent, aussi, les premières à ouvrir la voie au romantisme par le biais de la «littérature amoureuse» que constituent leurs lettres.

 

 A.P. in arte Floreal scrisse, 6 Mars 2005

Ecrit par Lory, à 23:10 dans la rubrique Feminarte.
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Mercredi (28/02/07)
Madame du Châtelet
--> Biographie

Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil, plus connue sous le nom de "marquise du Châtelet", est née à Paris le 17 décembre 1706, et morte à Lunéville le 10 septembre 1749. Fille de Louis-Nicolas Le Tonnelier, baron de Breteuil, introducteur des Ambassadeurs de Louis XIV, Émilie eut la chance de vivre dans un milieu ouvert; ses parents recevaient en effet Rousseau et Fontenelle dans leur salon parisien, et elle connut ceux-ci dès l’enfance. Elle reçut de son père une éducation qui d’ordinaire n’était que rarement dispensée aux filles. Lui-même lui enseigna le latin, et celle-ci, douée pour les études, apprit également le grec, et l’allemand. Douée pour la musique, elle apprit à jouer du clavecin ; aimant la danse et le théâtre, qu’elle pratiqua en amateur, aimant aussi à chanter l’opéra.


Présentée à seize ans à la Cour par son père, elle fut séduite par les plaisirs que cette vie offrait, cédant à certaines extravagances, collectionnant les robes, les chaussures, adorant les bijoux. Mariée le 12 juin 1725 avec le marquis du Châtelet, celui-ci avait trente ans et Emilie dix-neuf. Elle eut la chance d’avoir un mari se rendant compte de ses propres limites autant que des capacités intellectuelles de sa femme, la laissant vivre librement ; le mariage se traitant comme une affaire, l’amour ne rentrait que rarement en compte. Elle avait d’ailleurs été auparavant la maîtresse du marquis de Guébriant et du duc de Richelieu, l’assiduité et le goût de l’étude qu’elle montra avec précocité ne l’empêchant pas de mener la vie volage de la Régence.


De
ses divers amants, c’est à l’évidence Voltaire qui eut sur elle la plus grande influence, l’encourageant à étudier la physique et les mathématiques pour lesquelles il se rendit compte qu’elle avait des aptitudes particulières, la considérant supérieure à lui-même en ce domaine par ses connaissances. Le substantif «scientifique» n’existait pas alors, mais c’est ce qu’était Émilie du Châtelet : une des premières femmes à l’avoir été ainsi que madame de Lavoisier, dont on ait conservé une documentation certaine pour pouvoir l’affirmer, ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu d’esprits scientifiques féminins auparavant, mais celles qui l'eurent par la suite ne connurent pas la fin tragique d’Hypathie d'Alexandrie d’Égypte dans l'antiquité. Émilie étudie Leibniz, se concerte avec Clairaut, Maupertuis, König, Bernoulli, Euler, Réaumur, autant de personnages dont les noms ne disent pas grand chose à la plupart des lecteurs mais qui sont de ces hommes auxquels ont doit l’avènement des « sciences exactes », concept qui n’existait pas encore à cette époque. Quand elle entreprendra la traduction du Principia Mathematica de Newton, elle ira consulter Buffon.


Elle fait la connaissance de Voltaire en 1734 alors qu’il est en disgrâce ; elle l’accueille chez elle, dans sa propriété de Cirey en Lorraine : il a trente-neuf ans et elle vingt-sept, leur liaison va durer quinze ans. C’est lui qui la pousse à traduire Newton, et qui lui fait prendre conscience d’avoir la liberté de penser par elle-même. Après avoir eu la chance, rare pour l’époque, d’avoir eu un père ne la considérant pas exclusivement comme une «fille à marier» et à doter pour continuer la descendance d’une lignée, elle a celle d’avoir un compagnon la considérant son égale. Voltaire se montra du reste toujours admiratif envers elle, louant son intelligence et ses qualités, dont celle, non des moindres, de ne jamais médire des autres dans un monde brillant certes, mais aussi méchant que spirituel. Moquée, ainsi que Voltaire, par les dames de la Cour telles que Madame de Staël et plus encore par la plume acerbe de Madame du Deffand, Émilie qui, il faut bien le dire, avait quelques travers un peu ridicules, se plaignant par exemple du bruit l’empêchant de «penser» et de se concentrer sur ses expériences nécessitant un matériel rare que bien peu manipulait alors, ne s’en indigna jamais, laissant dire les mauvaises langues. Sa position sociale la mettait sans doute à l’abri des commentaires acides, mais son esprit, sa véritable «noblesse», la situait certainement au-dessus des propos aigres et jaloux des brillantes épistolières, fussent-elles les meilleures et les plus fines de son époque.


Elle rencontre en 1746 le marquis Jean-François de Saint-Lambert, poète, dont elle s’éprend, et délaisse Voltaire avec lequel elle restera toutefois liée d’amitié jusqu’à sa mort, qui survient trois ans plus tard à la suite d’un accouchement, à l’âge tardif de quarante-trois ans, mettant au monde une petite fille qui ne lui survivra pas. Saint-Lambert et Voltaire l’assistèrent jusqu’au bout. Ce fut Voltaire qui se chargea de faire publier la fameuse traduction que son amie avait fait du traité de Newton.


On doit à Elisabeth Badinter une étude approfondie sur Émilie du Châtelet, où l’auteure, à travers son personnage, met en lumière l’ambition féminine qui se fait jour au cours du XVIII° siècle. Les s, désormais, voudront toujours plus être reconnues pour leurs capacités, et c’est à partir de cette époque qu’elles commenceront à acquérir une renommée qui n’était le plus souvent auparavant que le fait de courtisanes devenues favorites d'un roi.

Œuvres
• Institutions de Physique (Paris, 1740, in-8)
• Réponse à la lettre de Mairan sur la question des forces vives,(Bruxelles, 1741, in-8)
• Dissertation sur la nature et la propagation du feu, (Paris, 1744, in-8)
• Doutes sur les religions révélées, adressés à Voltaire (Paris, 1792, in-8)
• Réflexions sur le bonheur, dans Opuscules philosophiques et littéraires (1796)
• Principes mathématiques de la philosophie naturelle traduction de Newton, (Paris, 1766), deux volumes consultables sur gallica [1], [2]
• De l'Existence de Dieu, (imprimé à la suite de l'édition de ses lettres de 1806) et un certain nombre de lettres (Paris, 1782; Paris, 1806, in-12; Paris, 1818, in-8, éditées par Eugène Asse, (Paris, 1878, in 12)
Elle avait rédigé, sous le titre d'Emiliana, des mémoires qui ont été perdus.
(R. S.).

A.P. in arte Floreal scrisse, 23 Février 2005

Ecrit par Lory, à 12:20 dans la rubrique Feminarte.
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Jeudi (01/03/07)
Madame du Deffand
--> Biographie

Marie de Vichy-Chamrond, marquise du Deffand, née en 1696, au château de Chamrond, en Bourgogne, est élevée dans un couvent bénédictin à Paris. Elle épouse en 1718 le marquis du Deffand pour lequel elle ne nourrit guère une grande estime. Elle a dès lors de nombreuses liaisons et mène une vie assez dissolue dans les salons de la Régence. Elle est introduite par son amant Charles Hénault, président de la 1° chambre des enquêtes du Parlement de Paris, et ami de la reine, chez la duchesse du Maine qui régente alors les plaisirs à la cour de Sceaux. C’est dans ce monde libertin qu’elle fait la connaissance de Voltaire qui restera son ami toute sa vie. Mais elle y rencontre également des personnalités du monde des arts et des lettres, et à partir de 1742, commence sa correspondance prolixe avec les célébrités de son temps : Voltaire, Horace Walpole, d’Alembert, Julie de Lespinasse, la Duchesse de Luynes et tant d’autres.


Papotages, potins de la cour, portraits de personnages célèbres nourrissent sa correspondance dans un style alerte et vif, mais aussi mordant et piquant, brillant comme le sont les conversations de salons de son époque, qui entre toutes, fut celle de la conversation érigée en art ; parfois féroce car ses propos incisifs ne sont que trop lucides.


A la mort de son mari, elle s’installe dans les appartements jadis occupés par madame de Montespan, rue Saint-Dominique à Paris, dans l'ancien Couvent des Filles de Saint-Joseph où à partir de 1749 elle ouvre son célèbre salon "tapissé de moire bouton d'or" où elle donne des soupers tous les jours, mais ceux du lundi attiraient toute l'élite intellectuelle. Son intelligence et ses dons de conversation paraissent avoir exercé une véritable fascination même lorsqu'elle fut atteinte de cécité à 56 ans. C’est alors qu’elle prend sa nièce Julie de Lespinasse comme lectrice pour suppléer à ses déficiences, avant de s’en séparer de manière fracassante.


«Mme du Deffand est avec Voltaire, dans la prose, le classique le plus pur de cette époque, sans même en excepter aucun des grands écrivains», écrivit Sainte-Beuve, un des derniers amis qu’elle fréquenta avant sa mort. Ce que redoute cette femme plus que tout, c’est l’ennui, et la solitude ce qu’elle supporte le plus mal; ses excès mondains ne lui servent qu’à l’éloigner d’elle dans un tourbillon de frivolité.


Amie de Voltaire, intime de d’Alembert, de Fontenelle, Marivaux, Sedaine, Helvétius, de l’architecte Soufflot, du sculpteur Falconet, des peintres Van Loo et Vernet qui fréquentent son salon, tout un monde que nous définirions snob aujourd’hui défile aussi et se presse chez elle : abbés, courtisans, dames de la cour gloussantes autant que médisantes. Voltaire, auquel ne manquait pas une plume acérée pour pourfendre ses ennemis, lui présenta un jour son amie et protectrice Emilie du Châtelet, la femme qu’il aima le plus, espérant qu’elles deviendraient amies. La marquise sans doutes n’admettait pas que ses amis les plus intimes lui préfèrent une autre dame (bien qu'elle-meme fut en compagnie de son amant Hénault), elle fit, par la suite, d'Émilie un portrait cruel et d’une véritable méchanceté (qui fut ultérieurement publié par Grimm en 1777 dans un recueil de lettres), s’en gaussant avec madame de Stael qui avait été du dîner. Emilie du Châtelet, mathématicienne et physicienne, était trop différente sans doutes de ces dames aux conversations brillantes mais souvent oiseuses. Si Emilie mourut bien avant elle, pleurée par voltaire, la marquise eut la chance de survivre à tous deux mais la malchance de tomber amoureuse, à près de soixante-dix ans, de l’écrivain anglais Horace Walpole qui avait vingt ans de moins qu’elle, n'en ayant que cinquante-six.


Quand, enfin, à l’agonie, elle entend son secrétaire étouffer ses pleurs, elle lui adresse ces derniers mots : « Vous m’aimez donc ? » On peut penser qu’il avait quelque amitié pour cette vieille femme qui avait été un des meilleurs écrivains de son temps, à la fois intelligente, pénétrante et sceptique. Elle meurt le 23 septembre 1780 à Paris, nous laissant une correspondance fascinante contenant tout l'esprit du XVIII° siècle français.

A.P. in arte Floreal scrisse, 20 Février 2005

Ecrit par Lory, à 15:33 dans la rubrique Feminarte.
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Julie de Lespinasse
--> Biographie

Née en 1732 à Lyon, Julie de Lespinasse est la fille illégitime du comte Gaspard de Vichy, frère de la marquise du Deffand, et de la comtesse d’Albon. Son père épousa par la suite sa sœur naturelle. Julie fut donc élevée par sa mère, restant avec elle jusqu’à la mort de cette dernière encore jeune, qui la confie de nouveau à son père, de sorte qu’elle se retrouve gouvernante des enfants de sa sœur naturelle et belle-mère, enfants qui sont également ses demi-frères et sœurs.


Sa tante naturelle, madame du Deffand, sentant sa vue décliner, la prend alors comme lectrice dans le salon qu’elle tient à Paris et qui est déjà connu, en 1754, donnant ainsi à sa nièce l’opportunité de sortir d’une situation familiale sans doute assez déplaisante. Dès 1747, ayant noué une amitié avec d’Alembert, son salon est fréquenté par des écrivains et philosophes tels que Fontenelle, Montesquieu, Marmontel et Marivaux. C’est dans ce monde qu’elle introduit sa nièce. Julie, sans être vraiment belle, est intelligente, et surtout très habile à diriger la conversation. Sa vivacité d’esprit et sa finesse ne tardent pas à séduire les hôtes de sa tante, et les conversations commencées dans le salon de celle-ci se terminent dans la chambre de Julie. Madame du Deffand l’ayant appris se jugea trahie et en conçut une grande jalousie qui ne la quittera plus même après la mort, prématurée, de Julie, qu’elle finit par renvoyer en 1763.


Mademoiselle de Lespinasse ouvrit alors en 1764 son propre salon rue de Bellechasse, où elle reçoit également Condillac, Condorcet et Turgot outre à ceux qu’elle recevait déjà auparavant chez sa tante. On a pu dire de son salon qu’il fut le «laboratoire de l’Encyclopédie», dont elle fut l’égérie. Nombreux furent ceux qui subirent le charme de cette jeune femme au caractère ardent et passionné, mais c’est avec d’Alembert qu’elle se lia d’une profonde amitié qui semble n’avoir été que platonique. Enfant illégitime comme lui, ils ont ensemble des points communs qui les rapprochent. Malade, elle le recueille chez elle et le soigne. Ils ne se quitteront plus. Julie s’éprend cependant profondément du marquis de Mora, fils de l’ambassadeur d’Espagne en 1766, tout aussi épris d’elle. Ils envisagent le mariage, mais la famille de Mora fera l’impossible pour le contrecarrer et y réussira.


Rentré en Espagne, il tombe malade et y reste pour y etre soigné. Leur correspondance reflète déjà de ces amours passionnés qui fleuriront dans la littérature romantique. Pour oublier les angoisses que lui cause l’éloignement de son amant, elle fréquente pour se changer les idées les maisons de campagne de ses nombreux amis et rencontre, au Moulin-Joli, le colonel de Guibert en 1772. Elle se prend d’une irrésistible passion pour ce dernier, qu’elle éprouvera jusqu’à sa mort, malgré l’apparente indifférence que celui-ci lui témoigne.


Durant de longs mois, elle nourrit des sentiments de culpabilité, partagée entre ses deux amants, ne pouvant oublier l’un mais désirant l’autre. Mora, malade, revenu en France pour la rejoindre, meurt à Bordeaux en 1774. C’est à ce moment que Julie et Guibert deviennent amants. Quand Julie vient à apprendre cette coïncidence, le désespoir s’empare d’elle, le chagrin et les remors ébranlent sa santé. Elle songe au suicide : «J’ai souffert, j’ai haï la vie, j’ai invoqué la mort» écrira-t-elle «et je fais serment de ne pas lui donner le dégoût et de la recevoir au contraire comme une libératrice».
«Il n’y a qu’une chose qui résiste, c’est la passion, et c’est celle de l’amour, car toutes les autres resteraient sans répliques». «Il n’y a que l’amour-passion et la bienfaisance qui me paraissent valoir la peine de vivre.» Dans ces quelques lignes pourrait se résumer la personnalité de Julie.
Elle ne survivra pas au mariage de Guibert; désespérée par l’échec de ses deux liaisons, elle meurt à quarante-quatre ans. Sa correspondance avec ce dernier sera publiée en 1809 par sa veuve. Comme celle de sa tante du Deffand, sa correspondance constitue un document psychologique et historique de référence.

A.P. in arte Floreal scrisse, 9 Février 2005

Ecrit par Lory, à 17:06 dans la rubrique Feminarte.
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Madame Necker
--> Biographie

Née Suzanne Curchod, elle est fille d'un pasteur et reçoit une éducation protestante solide et complète. Restée pauvre, elle épouse en 1765 le financier Jacques Necker, qui a déjà fait fortune, et qui deviendra ministre des finances de Louis XVI. Ce sont des protestants convaincus, mais s'ils sont calvinistes fervents, ils ne sont ni puritains, ni dogmatiques. De leur union naquit une fille, Germaine, qui deviendra Madame de Staël.

L’ambition de M. Necker dépasse le monde de la finance. C’est le pouvoir qu’il veut et qu’il atteindra, en 1776. Malgré la double difficulté de n’être ni français ni catholique, il accède à la direction des Finances de la France, devant beaucoup à sa femme qui a soutenu sa carrière avec une grande habileté, y déployant beaucoup d’énergie et une grande activité, elle a su en effet créer et régner sur un salon rapidement devenu l’un des plus célèbres de Paris, un salon "littéraire" parce qu’elle a compris et mesuré l’influence des écrivains de son temps sur l’opinion.

Son salon fut en fait le dernier grand salon de l’Ancien Régime, où l’on discute littérature, mais aussi politique, et accueille de nombreux artistes et écrivains : Marmontel, La Harpe, Buffon, Grimm, Mably, Raynal, Bernardin de Saint-Pierre et les plus grands collaborateurs de l' Encyclopédie, Diderot, d'Alembert, mais aussi Mme Geoffrin, Mme Du Deffand, et des amis de Suisse, car les Necker ont l'amitié solide.


Elle ne put cependant jamais se livrer à son goût pour l’écriture, cela ne plaisant pas à son mari. Elle n'a donc laissé que peu d'écrits, parmi lesquels un «Mémoire sur l'Etablissement des hospices» en 1786 et des «Réflexions sur le divorce» en 1794. Elle prit cependant soin de donner à sa fille, la future madame de Staël, la meilleure éducation qui soit, bien supérieure à celle dont pouvaient bénéficier les jeunes filles de son milieu à la même époque, et celle-ci saura exploiter son goût pour la littérature et son talent d’écrivain.


Elle est également célèbre pour avoir fondé à Paris, en 1778, un hôpital qui porte aujourd'hui son nom. Après la chute du ministère de son mari, elle se retira en Suisse dans son château de Coppet.

A.P. in arte Floreal scrisse, 5 Mars 2005

Ecrit par Lory, à 17:07 dans la rubrique Feminarte.
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Madame de Stael
--> Biographie

Le protestantisme qui lui a été enseigné est une forme spontanément rousseauiste pourrait-on dire, tant il reflète la mentalité du temps, conçu avec naturel comme religion du cœur alliée à la vertu, relation de l’homme à Dieu autant qu’institution sociale où les Lumières et la religion ne sont pas contradictoires. De ce point de vue, celle qui est encore mademoiselle Necker appartient vraiment à la Suisse Romande. Le goût de la vie sociale telle qu’elle est vécue à Paris et l’intérêt de sa famille pour la politique la lie par contre davantage à la France. Très jeune, à quatorze ans à peine, elle tient son cercle et sait converser avec les hôtes du salon de sa mère. Elle a appris l’anglais et le latin, l’art de la danse et la musique, la récitation et la diction étant souvent allée au théâtre. Tout fait d’elle une jeune fille différente par son érudition et sa culture des jeunes filles de son milieu élevées de façon plus traditionnelle, qui étonne ses contemporains par la vivacité de son intelligence.

Le prestige de son père lui ouvre les portes de ce que l’Europe compte à la fois d’aristocrate et d’éclairé. Ses parents ne veulent pas d’un gendre catholique, mais il n’y a que peu de protestants dans la noblesse française. Et les amis suisses qu’ils fréquentent sont retenus trop provinciaux. Des prétendants aux noms prestigieux sont avancés: Axel Fersen, ambassadeur de Suède, Monsieur de Mecklembourg, Louis de Narbonne, qui deviendra un de ses amants par la suite, et même William Pitt, mais elle n’en veut pas, sont parmi les plus connus. C’est finalement le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède et de dix-sept ans son aîné qui l’emporte. S’étant porté candidat alors qu’elle n’avait que treize ans, il avait su attendre, et leur mariage est célébré dans la chapelle luthérienne de l'ambassade de Suède. Elle en aura quatre enfants : Gustavine (1787 - 1789), Auguste (1790 - 1827), Albert (1792 - 1813) et Albertine, futur duchesse de Broglie (1797 - 1838).

Jeune femme

Ce mariage arrangé n’est pas un mariage d’amour, pas même un mariage heureux, et la jeune femme cherche ailleurs un bonheur qu’elle n’a pas. Sa vie sera d’ailleurs une quête perpétuelle d’un bonheur qu’elle ne trouvera guère.

A la suite de sa mère, elle ouvre un salon où elle reçoit les représentants d’une nouvelle génération aux idées neuves et généreuses qui sont aussi les siennes, celle qui est contemporaine et a parfois participé à la guerre d’Indépendance en Amérique. La Fayette, Noailles, Clermont-Tonnerre, Condorcet, et les trois hommes qu’elle aima le plus à cette époque : Louis de Narbonne, sa première grande passion, Mathieu de Montmorency, l’ami de toute sa vie, Talleyrand, le traître à l’amitié.

La Révolution

Voyant
dans l’Angleterre la meilleure expression de la démocratie, lectrice passionnée de Rousseau, marquée par les idées des Lumières, elle accueille favorablement la Révolution et le 5 mai 1789 elle assiste à l’ouverture des Etats Généraux. Mais, à partir de 1792, sa situation devient difficile. Soutenant l’idée de la monarchie constitutionnelle, elle se coupe tant des républicains que des aristocrates et doit bientôt s’exiler en Angleterre en 1793, où elle séjourne quelques mois avec les amis qui fréquentaient son salon. Sa vie sera par la suite souvent marquée par l’exil. Revenue en France après Thermidor, elle publie en septembre Réflexions sur le procès de la Reine, prenant la défense d’une femme humiliée et accusée de toutes les fautes y compris de celles qu’elle n’avait pas commises, reflet de ses idées sur les misères d’une condition féminine qui se font jour en la circonstance et dont elle ne se départira plus, et c’est davantage un plaidoyer pour les femmes, auxquelles elle s’adresse, qu’elle rédige. Elle fait publier désormais elle-même ses œuvres littéraires, rejetant d’une part le merveilleux et l’allégorique des conteuses d’antan ainsi que le roman historique et le décor antique, mettant en scène d’une manière résolument moderne pour l’époque caractères et conditions sociales de son temps.

Napoléon

Elle rencontre le 3 janvier 1798 celui qui n’est encore que le général Bonaparte, voyant en lui un libéral qui fera triompher le véritable idéal de la Révolution, dans une entrevue que lui a ménagée Talleyrand, qui lui doit en partie sa récente nomination de ministre. Elle le rencontrera plusieurs fois par la suite. Elle en est impressionnée et l’assaille de questions : « Général, qu'elle est pour vous la première des femmes ? » - « Celle qui fait le plus d'enfants, Madame » lui répond-il, décontenancé par cette femme aux idées diamétralement opposées aux siennes et dont il se méfie de la hardiesse.
Mme de Staël doit revenir de ses illusions sans encore se rendre compte de l’étendue du pouvoir qu’il aura par la suite, et qu’il a déjà, après le coup d’état du 18 Brumaire et la promulgation de l’an VII. Le dictateur commence à poindre et les voix se taisent. C’est dans une semi clandestinité que beaucoup vont devoir commencer à vivre, et c’est dans l’interdit qu’elle continuera son œuvre de philosophie politique. Plutôt que se réfugier dans le silence, elle publie les romans qui vont lui valoir une grande célébrité, mais pour elle commence un exil qui ne fera que s’accentuer.

L’exil

Eloignée de Paris dont elle ne doit pas s’approcher à plus de «quarante lieues», en 1803, son exemple est très représentatif du combat inégal et perdu d’avance que peuvent se livrer le pouvoir absolu d’un tyran et un artiste ou un écrivain de tous temps. Avec la publication de Delphine, roman où se mêlent les questions politiques et sociales de son temps, l’anglomanie de son époque, la supériorité du protestantisme sur le catholicisme, le divorce, et qui professe ouvertement que la Révolution a fait régresser la condition féminine à tous points de vue, dénonçant les malheurs des femmes auxquels leur position au sein de la famille patriarcale les condamne. Cela n’est bien évidemment pour plaire à un pouvoir tel que celui de l’usurpateur de la Révolution plus que du trône royal que fut Napoléon devenu Empereur, auquel on dut un Code Civil délibérément répressif à l’égard des femmes qui y sont mises en tutelle, y perdant les droits et les acquis de la Révolution qu’elles mettront plus d’un siècle à recouvrer. Cela lui vaut en revanche un immense succès dans toute l’Europe, mais aussi des critiques virulentes jusqu’à la grossièreté, attisées par l’hostilité de l’Empereur à son encontre.


Restée veuve en 1802, elle entretient dès lors une longue relation avec Benjamin Constant qu’elle a rencontré en 1794 et qui la rejoint dans son exil. Vaudois comme elle, l’homme de sa vie fut en définitive issu de la même région et protestant comme elle, mais n’aima vivre qu’à Paris également. Il ne parviendra à se fixer ni auprès d’elle ni ailleurs. Cette liaison, longue et orageuse, est l’une des plus surprenantes que nous ait laissé l’histoire du monde littéraire, perdurant sans que chacun puisse vivre avec ou sans l’autre, liaison qui leur fut sans doutes d’un grand enrichissement intellectuel mutuel. "Je n’avais rien vu de pareil au monde» écrira-t-il, «J’en devins passionnément amoureux». Mais l’emprise tyrannique qu’elle aura sur lui ne tardera pas à lui peser par sa volonté de tout régenter et quand, libéré d’elle lorsqu’elle se fut remariée avec Albert de Rocca, jeune officier suisse, en 1811, Constant s’éprendra d’une passion malheureuse pour Mme Récamier, son ancienne amante écrira de lui : «Un homme qui n’aime que l’impossible».

De fin 1803 au printemps 1804, elle fait un voyage de plusieurs mois en Allemagne avec Benjamin Constant où elle est reçue dans les cours princières telle un chef d’état. Elle y apprend l’allemand et rencontre Schiller, Goethe, et tout ce que l’Allenagne compte alors d’artistes. Elle y découvre une littérature inconnue en France et qu’elle fera connaître aux français par la suite avec son ouvrage De l’Allemagne et, si les français n’eurent pas d’autre idée que la sienne de ce pays jusqu’en 1914, c’est qu’ils n’en eurent guère connaissance qu’à travers ce qu’elle en dit, lançant la légende d’une Allemagne sentimentale et candide, laissant cependant place aux influences italiennes. Elle entreprend d’ailleurs un voyage en Italie à la fin de la même année. Il faut, dit cette cosmopolite, avoir «l’esprit européen».

De retour à sa base qu’est devenue pour elle par la force des choses son château de Coppet dan l’europe Napoléonienne, elle y commence Corinne ou l’Italie, un roman où l’héroïne, à la recherche de son indépendance, comme son auteure, meurt de cette quête en des temps qui pour les femmes ne s’y prêtent guère, tandis qu’elle-même n’en meurt pas bien au contraire.

C’est après la parution de De l’Allemagne, imprimé en 1810 mais fait saisir par Napoléon et qui ne paraîtra en France qu’en 1814 que commencent véritablement pour elle les Dix années d’exil qui deviendront à leur tour une œuvre par la suite, mais qui furent d’abord un violent pamphlet contre l’Empereur qui la pourchasse et la fait espionner sans trêve, interdite de publication. C’est alors qu’elle s’enfuie avec ses deux enfants encore en vie et M. de Rocca, qui est deux fois plus jeune qu’elle. Mais fuir l’Europe napoléonienne n’est pas chose facile. Espérant rallier l’Angleterre, elle est contrainte de passer par la Russie et séjourne à Saint-Pétersbourg où elle est accueillie par Pouchkine. Là, elle prend des notes pour un futur De la Russie et des royaumes du Nord qui ne paraîtra qu’après sa mort. Enfin elle parvient à se réfugier à Stockholm auprès de Bernadotte, son ami de toujours devenu prince héritier du trône de Suède, où elle devient l’inspiratrice d’une alliance anti-napoléonienne, acquérant une véritable stature politique. Elle rejoint enfin l’Angleterre en 1813. Elle rencontre à Londres le futur Louis XVIII en qui elle aimerait voir le souverain capable de réaliser la monarchie constitutionnelle qu’elle a toujours souhaitée, mais elle est trop intelligente pour ne pas percevoir l’influence néfaste des émigrés sur lui. Elle rentre en France au printemps 1814 après avoir publié outre-Manche Sapho où le thème de la femme géniale et incomprise finissant par mourir de douleur et d’amour reparaît, et ses Réflexions sur le suicide.


Le retour


De nouveau à Paris, elle reçoit rois, ministres et généraux. Ne vouloir voir en Madame de Staël que l’écrivain qu’elle fut serait méconnaître un autre aspect négligé de sa personnalité. On a souvent à l’instar de Napoléon voulu y voir une intrigante rompue à la vie de salon, mais ce fut aussi un personnage d’une réelle envergure politique. L’Europe n’avait alors connu que quelques souveraines et beaucoup de courtisanes ayant eu parfois plus de pouvoir que le roi telle la Pompadour. Madame de Staël a eu une réelle ambition politique, espérant jouer le rôle de conseillère de Napoléon. Combative et passée à l’opposition, c’est une activiste et une propagandiste redoutable et l’Empereur ne s’y méprend pas. Ralliée avec circonspection aux Bourbons, durant le premier exil de l’Empereur, elle le fera prévenir d’une tentative d’assassinat et ce dernier, pour la rallier à sa cause, lui promet le remboursement d’une somme jadis prêtée par son père au trésor. Sans doute cherche-t-elle à se ménager une issue pour elle et ses enfants dans les deux camps, mais, vis-à-vis d’un homme l’ayant persécutée plus d’une décennie, c’était montrer plus de magnanimité et finalement plus d’humanité qu’il n’en avait jamais eu pour elle. Elle en eut moins avec Joséphine pourtant très malade, qu’elle alla voir à Malmaison pour lui demander sans ménagements ce qu’avait été sa vie avec l’Empereur. Sans doute voulait-elle mieux comprendre son ennemi. Mais sans doute avait-t-elle aussi des qualités que ses contemporains qui dévoraient ses livres auraient été bien en peine de définir : celles d’une journaliste, dirait-on aujourd’hui.

L’histoire littéraire compassée que nous connaissons tous nous a laissé d’elle l’idée d’une femme mijaurée excessivement sentimentale ou tyrannique en amitié et en amour. Sans doute était-elle exaspérante par ses travers, mais ce fut avant tout une pionnière dans tous les domaines ; en littérature où elle lance le "romantisme", mot qui est d’elle. Elle est féministe, mot qui n’existe pas encore, ses romans présentent la femme victime de contraintes sociales l’empêchant d’affirmer sa personnalité et d’avoir droit à un bonheur qu’elle revendique pour toutes en le revendiquant pour elle-même. Un droit au bonheur qui se confond avec le droit d’aimer, une idée qui sera reprise par George Sand. Une femme étrangement moderne dans une Europe qu’elle parcourt en tous sens et qu’elle brasse dans ses livres mieux que Napoléon avec ses armées.

A.P. in arte Floreal scrisse, 11 janvier 2006


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Madame d'Aulnoy, une conteuse du XVIIème siècle
--> Biographie

Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d'Aulnoy, nait à Barneville dans l'Eure vers 1650. Mariée comme on était mariés à l'époque, par arrangement entre familles, à seize ans, à François de La Motte, de quarante-six ans son aîné, comme il était fréquent alors, elle en aura cinq enfants.


La baronne aura dès lors de ces vies mouvementées, voire romanesques, préfigurant déjà celle d'une Manon Lescaut, personnage principal du roman homonyme de l'Abbé Prévost. Contrainte à s'exiler, et ainsi à voyager à travers l'Europe, pour échapper au sort qui aurait pu lui être réservé, car, décidée à se débarrasser d'un mari qu'elle déteste, ce n'est pas une criminelle mais elle n'a guère de scrupules pour arriver à ses fins et profite donc des soupçons de malversations qui accablent son mari, valet de pied du duc de Vendôme, pour l'accuser ouvertement d'un crime à l'époque passible de la peine de mort: celui de lèse-majesté. Pour ce faire, elle se sert de deux gentilshommes, dont l'un est son amant après avoir probablement été celui de sa mère. Son mari, arrêté, est relaxé, mais les «amis» de sa femme sont condamnés à la décapitation pour calomnie. La baronne ne doit son salut qu'à la fuite, dans des circontances rocambolesques, fuyant par un escalier dérobé et se réfugiant sous le catafalque d'une église.


Passée en Angleterre puis gagnant l'Espagne, ses services à la Cour de France lui valent sa rentrée en grâce. Elle s'installe alors à Paris où elle se trouve à nouveau compromise dans un scandale pour son amitié envers une femme, par la suite décapitée pour le meurtre de son mari. Si de semblables anecdotes ne font guère honneur à la baronne, elles en disent toutefois long sur la sous l'Ancien Régime et peuvent en partie expliquer pourquoi des dames dites « de qualité » pouvaient en être réduites à de telles extrémités: point de divorce alors.


Liée d'amitié avec Saint-Evremond, et avec plusieurs conteuses du siècle telles Madame de Murat et Mademoiselle Lhéritier, elle commence alors à publier, chose rare pour une femme. L'îe de la félicité est le premier conte de fées à être publié en France. Les Contes de fées, puis les Contes nouveaux ou les Fées à la mode, respectivement parus en 1697 et 1698 lui valent la célébrité.


Elle mourra paisiblement chez elle, en 1705 à Paris. Un de ses éditeurs et biographe, Monsieur de Lescure, dira des deux portraits qui subsistent de cette conteuse que ceux-ci laissent «l'image d'une sémillante et plantureuse beauté».

• Œuvres de Madame d'Aulnoy:
• Relation d'un voyage en Espagne, puis Mémoires sur la cour d'Espagne dont Sainte-Beuve notera l'intérêt. 1690, 1691
• Mémoires sur la cour de France, 1692, puis sur la cour d'Angleterre, 1695
• Mémoires screts de plusieurs grands princes de la cour, 1696
• L'Histoire d'Hyppolite, comte de Douglas, roman.

A.P. in arte Floreal scrisse, 15 Novembre 2004

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Vendredi (02/03/07)
Louise Michel, le combat d'une militante au XIXème siècle
--> Biographie

Louise Michel est née le 29 mai 1830 en Haute-Marne au château de Vroncourt, fille d'un châtelain (plus vraisemblablement de son fils) et de sa servante, Marianne Michel. Elle grandit dans la famille de ceux qu’elle appelle ses grands-parents, où elle semble avoir été heureuse, se montrant, très jeune, altruiste par nature avec son entourage, et où elle reçoit une bonne instruction et une éducation libérale. Elle poursuit ensuite des études à Chaumont où elle obtient le brevet de capacité permettant d'exercer la profession d'institutrice. Mais elle refuse de prêter serment à l'empire, et crée une école libre où elle enseigne durant trois années selon des principes républicains qui lui valent quelques réprimandes de la part des autorités.


Elle vient ensuite s'installer à Paris où elle enseigne dans une institution près du Château-d’Eau, dirigée par une certaine madame Voillier avec laquelle elle entretient des rapports quasi filiaux. Commence alors pour elle une période d’activité intense. C’est à ce moment qu’elle rencontre Jules Vallès, Eugène Varlin, Rigault, Eudes, et surtout Théophile Ferré, qu’elle aima passionnément. Elle collabore à des journaux d’opposition, poursuit une activité littéraire. Elle adressera quelques poèmes à Victor Hugo, un des personnages les plus célèbres et les plus respectés de cette époque, qu’elle rencontre à peine arrivée à Paris, vierge sage, jeune institutrice de province, et dont on prétend qu’elle aurait eu une enfant, Victorine, placée en nourrice à sa naissance.


Elle aura dès lors une activité politique qu’elle mènera jusqu’à sa mort. Dès 1869, elle est secrétaire de la «Société démocratique de moralisation», ayant pour but d’aider les ouvrières. Elle a alors près de quarante ans. Un rapport de police affirme, en1878, qu’elle adhère à l’Internationale.


En 1870 à la veille de la Commune, elle est élue présidente du comité de vigilance des citoyennes du XVIIIème arrondissement de Paris. Elle enseigne dans un externat fondé par elle en 1865; dans Paris affamé elle crée une cantine pour ses élèves. On assiste alors à d’étonnantes manifestations : femmes, enfants, gardes fédérés entourent les soldats qui fraternisent avec cette foule joyeuse et pacifique. Louise Michel fait alors partie de l’aile révolutionnaire la plus radicale et pense qu’il faut poursuivre l’offensive sur Versailles pour arrêter le gouvernement de Thiers qui n’a alors que peu de troupes, cela ne durera pas et l’occasion est manquée. C’est alors que le destin de Louise Michel bascule et précipite, elle est même volontaire pour se rendre seule à Versailles et tuer Thiers.


Partie prenante de la Commune de Paris, intervient l’épisode maintes fois mentionné, où, en habit de garde nationale, elle fait le coup de feu place de l’Hôtel-de-Ville. Propagandiste, garde au 61° bataillon, ambulancière, elle anime aussi le « Club de la Révolution » et est toujours intéressée aux problèmes de l’éducation; il est intéressant de remarquer qu’elle est très en avance sur son temps, préconisant des choses qui aujourd’hui nous paraissent acquises et normales, mais qui à l’époque sont des nouveautés, comme des écoles professionnelles et des orphelinats laïques, se prononçant en faveur d’un enseignement "vivant".


Sur la barricade de Clignancourt, en janvier 1871, elle participe au combat de rue dans lequel elle tirera au fusil pour la première fois de sa vie. Elle se rend pour faire libérer sa mère, arrêtée à sa place. Elle assiste alors aux exécutions et voit mourir tous ses amis, surtout son ami Ferré, auquel elle fait parvenir un poème d’adieu émouvant, l’œillet rouge. Elle réclame pour elle la mort au tribunal, et c’est sans doute en l’apprenant que Victor Hugo lui dédie son poème, Viro Major. Elle passe alors vingt mois en détention et se voit condamnée à la déportation. C’est le temps où la presse Versaillaise la nomme la "Louve rouge", la "Bonne Louise".


Embarquée sur la "Virginie", elle est déportée en Nouvelle-Calédonie où elle arrive après quatre mois detraversée et où elle restera dix années, refusant de bénéficier d’un autre régime que celui des hommes. Elle cherche à instruire les autochtones Canaques et, contrairement à certains communards qui s’associent à leur répression, elle prend leur défense lors de leur révolte, en 1878. Elle obtient l’année suivante de s’installer à Nouméa et de reprendre son métier d’enseignante, d’abord auprès des enfants de déportés, puis dans les écoles de filles.


De retour en France en novembre 1880, elle est chaleureusement accueillie à Paris. Elle y reprendra son activité d'infatigable militante, donnant de nombreuses conférences, intervenants dans les meetings, se prononcera contre la peine de mort, prendra part à l’agitation de l’affaire Dreyfus en 1898, et se réclamera jusqu’à sa mort du mouvement anarchiste. « Je suis devenue anarchiste quand nous avons été envoyés en Nouvelle-Calédonie », dira-t-elle.


De 1890 à 1895, elle vit à Londres où elle gère une école libertaire. De retour en France, elle alterne ses tournées de conférences avec des séjours à Londres avec des amis. Elle est plusieurs fois arrêtée lors de manifestations, de nouveau incarcérée pour six ans et libérée au bout de trois sur intervention de Clémanceau, pour revoir sa mère sur le point de mourir. Encore quelques incarcérations, moins longues; elle est pourrait-on dire, suivie heure par heure par les services de police.


Elle meurt à Marseille d'une pneumonie lors d’une tournée de conférences; ses funérailles draineront à Paris une foule immense qui ne manqua pas d’impressionner les contemporains. De nombreux orateurs prirent la parole et, parmi eux, le Vénérable de la Loge de la Fraternité Universelle. Insignes et emblèmes maçonniques fleurirent sur sa tombe, de sorte que ses proches firent observer qu’elle n’avait jamais appartenu à aucune association, pas même anarchiste, puisque ce mouvement n’était pas encore structuré en fédération. Y eût-elle adhéré s’il l’avait été ? On peut se demander si cette nature indépendante aurait accepté. Un témoin oculaire, Lorulot, affirme cependant qu’elle avait donné son adhésion à la loge Le Droit Humain. Quoi qu’il en soit, si elle appartint à l’une d’elle, ce dû être à celle-là, parce que la grande majorité des obédiences, sexistes et conservatrices, aujourd’hui encore n’acceptent pas les femmes, ce qui n’aurait certainement pas été de son goût, ensuite parce que la loge mixte fondée par une femme, Marie Deraimes, était la seule qui pouvait éventuellement lui convenir. Sur la proposition de Madeleine Lepelletier, elle y fut invitée, un an avant sa mort, y prononça un discours de réception, n'y fut pas «initiée» mais en quelque sorte cooptée, les membres de ladite loge s'estimant honorés par son acquiescement à leur requête et retenant que son action la dispensait du rite d'initiation. Quand on lui demanda pourquoi elle ne s'y était jamais présentée, elle répondit qu'elle croyait « qu'on n'y acceptait pas les femmes ».


Jusqu’en 1916, une manifestation eut lieu chaque année sur sa tombe, fleurie jusqu’à nos jours à chaque anniversaire de sa mort.

Héritage social de Louise Michel

Figure légendaire du mouvement ouvrier, porte-enseigne de l’anarchisme, dont elle brandira d’ailleurs le drapeau noir dans un cortège, elle fait incontestablement déplacer les foules. C’est souvent un vocabulaire relevant de celui réservé aux saintes et aux hérétiques qui lui est appliqué : quand elle n’est pas la «Bonne Louise», elle est la «Vierge rouge». Dans le bien comme dans le mal, pour le meilleur et pour le pire, elle semble avoir exercé une réelle fascination sur ses contemporains. Il est curieux de remarquer que cette femme, instruite et cultivée, intelligente mais qui n’avait cependant rien ni de la fadeur ni de l’onction, ni la beauté de certaines des demi-mondaines et autres cocottes qui pullulent à la veille de la Belle-Epoque, est entourée de nombreuses figures masculines connues, voire célèbres, dont elle a l’indéfectible amitié, jusqu’à la fin de sa vie, ou plus souvent de la leur. Normal, dira-t-on, à une époque où les femmes n’ont encore aucun droit, et où, à bien des égards, elle fait figure d’exception.


Si les photos qu’on a d’elle nous montre une femme au visage viril et sans apprêts, comme taillé à coups de serpe avec l’âge, c’est sans doutes en regardant la Liberté guidant le peuple, tableau célèbre d’Eugène Delacroix, qu’on se représente le mieux cette spartiate au corps athlétique. Et, quand elle montait à la tribune, c’est sans doutes à la "passionaria" qu’elle devait ressembler. C’est, avec George Sand, une des très rares femmes du XIX° siècle à avoir adopté le costume masculin à un moment de sa vie, fait révélateur d’une revendication implicite.


Généreuse, dévouée à la cause des plus démunis, avec la générosité c’est sans nul doute son courage qui caractérise le mieux sa personnalité. Quand elle se retrouve au tribunal su le banc des accusés, elle s’en sert comme d’une tribune politique et en impose même à ses juges, qui en plusieurs occasions commuent sa peine en atténuant ses condamnations.


Si son œuvre littéraire laisse peu d’écrits théoriques, mais en revanche de nombreux poèmes, légendes et contes, y compris pour les enfants auxquels elle ne cessa jamais de s’intéresser, et si elle est davantage passée à la postérité pour son activisme d’inlassable militante de la « révolution Sociale », comme elle-même le disait, son nom est, paradoxalement, un des plus utilisés aux frontispices des écoles maternelles et primaires, des lycées et collèges des communes de France. Preuve s’il en fut qu’elle représente bien, dans le souvenir et l’inconscient populaire, l’image de l’institutrice de la République, de la missionnaire laïque qu’en vérité elle fut.

Ce serait, sans doutes, rendre justice à cette femme qu’Hugo, qui la connaissait peut-être mieux que personne, nous a dépeint telle «Judith la sombre juive» et «Aria la romaine», femme au destin certes exceptionnel, mais terrible, cruel et tragique, que de lui rendre toute la place, trop souvent occultée au bénéfice de la militante pour des raisons dont on se doute, qui est la sienne dans la littérature française. C’est, probablement, ce qu’elle aurait désiré en venant à Paris que de vivre de sa plume, si les temps en lesquels elle vivait l’avait plus facilement permis à une femme, si la Commune, résultante de la politique lamentable du second empire de celui que le même Hugo appelait «Napoléon le petit», n’avait fait précipiter les évènements de manière irréversible.

Oeuvres:


- À travers la vie, poésies, Paris, (1894
- Le Bâtard impérial, par L. Michel et J. Winter, Paris, 1883
- Le claque-dents, Paris
- La Commune, Paris, 1898
- Contes et légendes, Paris, 1884
- Les Crimes de l'époque, nouvelles inédites, Paris (1888)
- Défense de Louise Michel, Bordeaux (1883)
- L'Ère nouvelle, pensée dernière, souvenirs de Calédonie ("Chant des captifs"), Paris, 1887
- La Fille du peuple, par L. Michel et A. Grippa, Paris (1883) Fleurs et ronces, poésies, Paris,
- Le Gars Yvon, légende bretonne, Paris, 1882
- Lectures encyclopédiques par cycles attractifs, Paris (1888)
- Ligue internationale des femmes révolutionnaires, Appel à une réunion. Signé : Louise Michel, Paris (1882)
- Le livre du jour de l'an : historiettes, contes et légendes pour les enfants, Paris, 1872
- Lueurs dans l'ombre. Plus d'idiots, plus de fous. L'âme intelligente. L'idée libre. L'esprit lucide de la terre à Dieu... Paris, 1861
- Manifeste et proclamation de Louise Michel aux citoyennes de Paris, Signé Louise Maboul Paris (1883)
- Mémoires, Paris, 1886, t. I
- Les Méprises, grand roman de moeurs parisiennes, par Louise Michel et Jean Guêtré, Paris (1882) - Les Microbes humains, Paris, 1886
- La Misère par Louise Michel, 2e partie, et Jean Guêtré 1re partie, Paris (1882)
- Le Monde nouveau, Paris, 1888


Oeuvres posthumes :


- Vol. I. Avant la Commune. Préface de Laurent Tailhade, Alfortville (1905)
- Les Paysans, par Louise Michel et Émile Gautier, Paris, Incomplet.
- Prise de possession, Saint-Denis, 1890

- Le Rêve (dans un ouvrage de Constant Martin), Paris, (1898)


Le problème s'est posé, à la suite d'une affirmation d'Ernest Girault dans La Bonne Louise paru en 1906, de savoir si L. Michel était en tout ou en partie l'auteur du roman de Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers. Après étude attentive du cas par Hem Day (Cahiers Pensée et Action, n° 9, janvier-mars 1959) et Lorulot (L'Idée Libre, avril 1959), il semble qu'il faille conclure par la négative.

A.P. in arte Floreal scrisse, 18 novembre 2004

Ecrit par Lory, à 16:02 dans la rubrique Feminarte.
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Samedi (03/03/07)
Les sorcières de Triora
--> Un procès de l'Inquisition au XVIème siècle

Moins connue que l'affaire des "sorcières de Salem", sans doutes parce que ne devant aucune célébrité au cinéma, mais tout aussi bien documentée du point de vue historique, celle de Triora est le type même d'un procès de l'Inquisition.

Ecrit par Lory, à 16:04 dans la rubrique Feminarte.
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