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Les femmes et les salons littéraires
--> Notes de l'auteur

Les textes présentés ici dans leur version originale ont été écrits pour "fr "


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La version originale présentée dans cette rubrique de ce blog intitulée Feminarte reste propriété de l'auteure et comme tout le contenu de ce site, sous copyright.


Cette suite de biographies a été écrite à l'origine pour une rubrique crée par l'auteur esur Wikipédia et intitulée:


Les femmes et les salons littéraires


Les premiers salons littéraires, tenus par des s, apparaissent au XVIIe siècle, et s'épanouiront au siècle suivant. Les femmes qui les ont tenus ont souvent énormément contribué à la création de l'Encyclopédie au XVIIIe siècle; sans ces salons, restés célèbres dans l'histoire, la littérature et l'histoire littéraire, celle-ci n'aurait pas vu le jour.


Qui étaient-elles véritablement ? Leurs figures s’estompent derrière les manuels d’histoire et leur légende, cédant la place aux philosophes, aux célébrités de leur temps retenues par l’histoire. Peut-être conviendrait-il ici de citer un passage du discours de Marguerite Yourcenar lors de sa réception à l’Académie française : «Je suis tentée de m’effacer pour laisser passer leur ombre» dira-t-elle, parlant de ces «femmes de l’Ancien Régime, reines des salons et, plus tôt, des ruelles» qui «inspiraient les écrivains, les régentaient parfois».


La plupart du temps mariées jeunes selon les convenances de l’époque à un mari plus âgé, appartenant comme elles à l’aristocratie, et dont elles n’ont cure, une fois les bienséances du mariage consommées, elles s’en affranchissent en vivant à leur guise, s’octroyant toute la liberté qu’elles jugent nécessaire. On a souvent retenu d’elles leurs vies mouvementées, leurs amours tumultueuses, qui parfois ne les différencient guère des courtisanes ; du reste, jusqu’à la Révolution, quasiment toutes les favorites de la cour appartiennent à l’aristocratie. Mais derrière cette apparence, qui sont ces Marie-Julie-Catherine-Adélaïde De…qui ouvrent leurs salons aux plus grands esprits de leur temps, où se mêlent, aristocrates ou non, hommes politiques, lettrés et scientifiques ?


On a souvent parlé de cette époque comme de celle de l’art de la conversation, qualifiée de brillante, intellectuelle ou légère, reflet de la sociabilité d’une époque révolue. C’est sans doute oublier qu’elles étaient, avant tout, elles-mêmes ce que nous appellerions aujourd’hui des intellectuelles, des femmes instruites, et la plupart du temps des femmes de lettres, de véritables écrivaines, ce dont elles ne se souciaient pas d’être mais qu’elles étaient à tous les effets, laissant des correspondances constituées de milliers de lettres le plus souvent adressées à ce que l’Europe d’alors pouvait compter d’esprits ouverts. La seule correspondance de Madame du Deffand en compte 1400, c’est dire si la rédaction d’une correspondance aussi volumineuse ne pouvait que leur prendre plusieurs heures par jour. Si les portraits que dessinent ces brillantes épistolières de leurs contemporains nous sont moins connus que ceux que nous dépeignent les «caractères» de La Bruyère, est-ce parce qu’elles avaient moins de talent ? Ou bien plutôt parce qu’il ne seyait pas alors qu’une femme puisse faire une carrière autre que celle de courtisane, fut-elle hôtesse d’un salon littéraire ? Il semble bien.


La seule correspondance restée célèbre, et qu’on trouve dans nos manuels scolaires, est celle de Madame de Sévigné. On a parlé de son style exemplaire, symbole et quintessence de la pureté de la langue classique. Mais, bien que la Marquise ne manque pas d’esprit, ne l’a-t-on pas davantage publiée parce qu’au fond, cette femme qui, l’âge venant, fait penser à une douairière tenant de la béguine n’écrit potins et frivolités de la cour qu’à sa fille ? C’est, sans doutes, moins problématique que les états d’âme d’une Julie de Lespinasse, moins inquiétant ou pour le moins plus tranquillisant qu’une Madame du Deffand qui correspond avec tous les philosophes d’Europe et, s’adressant à Voltaire qu’elle connaît depuis le temps de sa jeunesse, son ami de toujours, écrit si peu de temps avant la mort de celui qui se dit depuis des années agonisant, sur le ton de la plus franche camaraderie: «Monsieur, je ne crois pas en vos apoplexies».


Il se trouve aujourd’hui toujours plus de travaux, souvent dus à des femmes, universitaires, pour publier leurs correspondances et nous dire qu’elles furent, aussi, les premières à ouvrir la voie au romantisme par le biais de la «littérature amoureuse» que constituent leurs lettres.

 

 A.P. in arte Floreal scrisse, 6 Mars 2005

Ecrit par Lory, le Mardi 27 Février 2007, 23:10 dans la rubrique Feminarte.