C'était quelques mois seulement avant que je ne sois malade. Il se faisait des antennes de martien avec des sucettes chupas chups. Il lui a fallu plusieurs années après pour qu'à nouveau le sourire sans souci des enfants de son âge illumine son visage; la gaité l'avait comme quitté, comme si ma maladie la lui avait ôtée. Je me suis longtemps fait du souci pour lui à le voir toujours sec comme un coucou. Et puis je me suis rendue compte qu'en fait il n'était jamais malade à part un rhume de temps en temps. Et la vie a suivi son cours.
J’ai du prendre
quelque chose comme une rhinite, les yeux le nez la gorge me piquent, et j’ai
la voix enrouée. Le contraste entre la température extérieure qui avoisinait en
ville les 38 ° ces jours derniers, et l’air climatisé des cars, sans doutes.
J’ai échangé un groupe en espagnol pour la journée contre un autre en anglais
pour une demi-journée. Je suis rentrée chez moi vers trois heures, j’ai mangé
vaguement quelque chose, et puis je me suis enfilée au lit, exténuée.
J’ai mal à la
tête et mal au ventre. Je sombre dans un demi-sommeil, et des images se mettent
à défiler sous mes paupières closes.
Nous remontons un
sentier escarpé vers la route. En contrebas, la mer et les rochers. Et le long
du sentier, de part et d’autre, d’étranges trous béants où descendent parfois
quelques marches taillées dans la pierre. Ce sont des tombes étrusques,
ouvertes et pillées depuis des siècles. C’est une nécropole d’époque
hellénistique, du IVème siècle Av.J.C. que nous traversons, en fait. Ce
promontoire en est truffé, un véritable gruyère, pas même exploré, trente ans
après, aucunes fouilles n’ont été faites, les gens ignorent d’ailleurs où ils
sont, aucune pancarte ne signale quoi que ce soit, mais il y a désormais de
nombreux touristes qui descendent se baigner. A l’époque, il n’y avait pas
grand monde. En descendant, nous sommes entrés dans ces grottes avec la torche
électrique que tu avais emmené pour me faire voir l’intérieur où il n’y a rien
que les parois lisses. Tandis que nous remontons, le soleil descend et sa
lumière rase le maquis d’où viennent des bruits furtifs, parfois près de nous.
Des sangliers sauvages, me dis-tu, que nous ne voyons d’ailleurs pas. Je ne
suis pas très rassurée, mais tu dis qu’ils n’attaquent que s’ils se sentent
attaqués, et que sinon le seul bruit que nous faisons les font fuir.
Effectivement, nous n’en verrons aucuns.
Nous arrivons
finalement dans un champ de hautes herbes jaunes et desséchées que nous
traversons à l’orée des bois, main dans la main. La tienne remonte autour de ma
taille puis m’entoure les épaules, dans une nuit étoilée où l’on distingue la
voie lactée la lune brille haut dans le ciel et projette l’ombre de grands
chênes-verts séculaires, ombre complice de l’astre nocturne dans laquelle
nous nous arrêtons un moment et nous embrassons.
Par un après-midi
solaire où la chaleur est forte, des draps blancs recouvrent un lit dans une
pièce au sol de tomette rouge et aux persiennes closes par lesquelles filtrent
quelques rais de lumière formant des volutes où de minuscules poussières
voltigent. Tu es allongé dans la pénombre, nu. Et la femme aux longs cheveux
noirs qui se glisse auprès de toi et t’enlace, c’est moi. Comme nous étions
jeunes, alors !
Nous marchons à
présent sur la grève en nous tenant par la main, les pieds dans l’eau, en
maillots de bain. Ce doit être en juin. Ou peut-être en septembre ; il n’y
a guère de monde. Ce n’est plus toi mais un autre, mais c’est toujours toi.
Nous voici dans l’eau maintenant, soulevés par les vagues, puis au creux des
dunes, allongés sur des serviettes tandis que des gouttelettes brillent comme
des perles de verre irisées sur nos corps brunis par le soleil de l’été.
Un homme encore
jeune, mince, est assis devant des cartes sur une table. Je ne distingue pas
ses traits mais c’est toi. Encore et toujours toi. Tu fais une réussite à ce
qu’il semble, en tous cas tu es absorbé par ces cartes à jouer qui sont devant
toi et que tu observes. Deux rois dirait-on. Au chiffre noir, de pic et de
trèfle sans doutes.
Je me
recroqueville sur le côté, passe un bras sous l’oreiller et l’autre par-dessus
et bascule dans le néant d’un sommeil de plomb, sans rêves.
Adieu.
J’ai rendez-vous
en fin de matinée avec une de mes amies. Je lui dis toujours qu’elle me fait
penser à
Une bonne
nouvelle tout de même dans ce labyrinthe à l’issue improbable, malgré un
printemps pourri qui ne veut décidément pas laisser le ciel se mettre au beau
fixe (pas encore passé un seul après-midi à la plage, ce qui est tout de même
rare en cette saison), c’est que ma fille que je ne vois pas depuis des mois va
bientôt avoir une dizaine de jours de vacances. Son sourire, c’est un rayon de
soleil dans la grisaille du quotidien.
Si j’étais plus
jeune, je m’embarquerais pour une saison sur un bateau de croisière au service
excursions. C’est tout benef, logée nourrie et pas à s’emmerder à faire la
bouffe, ça me permettrait de mettre suffisamment d’argent de côté pour passer
l’hiver, d’autant que j’en profiterais pour louer l’été.
Mais il y a mon
gamin qui n’est pas encore majeur, encore deux ans à tirer avant qu’il ne passe
son Bac. Mais quand il l’aura, j’aurais décidément passé l’âge de ce genre de
job. Je n’aurais pas de quoi le nourrir cet hiver. Il ira bouffer chez son
père, ou chez sa grand-mère quand il aura vraiment faim. J’aurai tout juste de
quoi survivre. De novembre à Pâques, inutile de penser travailler, c’est la
basse saison. Je vais condamner une pièce pour l’hiver, ça me fera des frais de
chauffage en moins. D’ailleurs, je ne pense pas chauffer beaucoup, juste de
Noël à fin mars. Je vais m’organiser différemment. Une couverture électrique
devrait me suffir le reste du temps. Et une autre pour mon gamin, ça c’est pas
cher.
En principe après
ça devrait aller mieux. Soit j’aurai vendu et racheté autre chose ailleurs plus
petit et demandant moins de frais et moins d’entretien, soit je garderai
celle-ci jusqu’à la majorité de mon fils et je louerai deux chambres l’été. Ou
je m’inscrirai au registre des Beds & breakfast. Mais ça m’emmerde de faire
des breakfasts. Et puis il paraît que c’est la croix et la banière que
d’obtenir cette inscription au Registre. Tout compte fait autant se contenter
de location, ça rapporte moins mais c’est moins astreignant. D’abord l’été je
bosse et j’ai pas le temps de les faire tous les jours. A la saison prochaine
je reprendrai mon boulot à plein rythme, avec les locations l’été, je devrais
pouvoir m’en sortir ainsi jusqu’à l’âge de la retraite. Du moins j’espère.
Après on verra. Tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir, comme dit le
proverbe.
J’immagine le
plaisir de certains et certaines en lisant cet article. Qu’ils viennent donc me
brouter avec leurs pauv zimmigrés. Non j’ai pas de quoi leur faire la charité
et je préfère m’acheter un paquet de clopes plutôt que de leur acheter un paire
de chaussettes ; je suis égoïste. Ou plutôt je n’ai pas une retraite de
luxe de la fonction publique pour 15 ans de service à l’Educ Nat plus les
royalties de lectrice comme l’autre tordue. Quelle pétasse cette bonne femme.
Va bientôt se barrer en Thaïlande. Espèrons qu’elle
attrappe la fièvre aphteuse, ça lui fera des vacances.
C'était à Belleville et dans ce temps-là les immigrés juifs étaient nombreux. D'ailleurs certaines des amies de mon aieule étaient aussi à moitié juives, ou juives mariées à des goys (les gens étaient très mélangés dans ce genre de quartier) et donc ça ne ce voyait pas. Bref quand vinrent les temps sombres de la guerre, ses amies, les enfants de ses amies et sa fille survécurent parce que dans ce temps là on n'allait pas fouiller dans les gènes des gens par test ADN, ça n'existait pas. Meme si etre "à moitié juive" suffisait à vous envoyer en certains lieux dont vous ne reveniez pas. Il suffisait meme qu'on vous trouve une grand-mère, un grand père juif pour vous expédier en ces lieux. Mais mon aieule avait inscrit sa fille à l'état-civil au nom de feu son mari à peine décédé. Et puis son fils mon grand-père avait eu la bonne idée d'envoyer tout le monde à la campagne pour avoir des chances de trouver plus facilement à bouffer qu'à Paris.
Bon bref quand je trouve des crétins altermusulmondialistes qui me font la leçon sur gnagnagna remplace "X" par "juif" blabblabla et qui parlent en l'air sans savoir de quoi ils parlent, j'ai envie de les mordre.
Oh je ne lui en
veux pas et je la comprends. Pourquoi donc aurait-elle dû rester ici où tout est
plus dur pour les femmes à tous points de vue. Les lois leur sont moins
favorables, les femmes trouvent moins facilement de travail, elles sont moins
bien payées…
C’est moi qui
n’aurais jamais dû y venir… Enfin si je n’y étais pas venue, elle ne serait pas
née. Mais j’ai payé trop cher le fait d’avoir eu des enfants, ici, et je ne
m’en console pas, puisque ma vie y fut un naufrage.
Quand certain-es,
sur le web, me reprochent d’être haineuse,
ça me fait ricaner. Je ne l’ai pas été assez, je voudrais en avoir eu plus, de haine, parce que je serais repartie en
France avant qu’il ne soit trop tard.
Je ne me pardonne
pas d’avoir été assez bête, étant jeune, pour avoir cru en l’Europe, pire en
une Europe sociale. L’idée la plus idiote qu’une femme puisse avoir, c’est
d’aimer l’Autre, les autres, au lieu de commencer par s’aimer soi-même et se
faire penser avant « les
autres ».
Que ce soit la
famille, la politique ou la religion, on farcit la tête des femmes et on les
éduque à faire passer les autres
avant elles-mêmes.
Quand j’en vois
se démener pour les sans-papiers, les immigrés, et autres idées
« généreuses », je me dis qu’en épousant la cause du
multiculturalisme, elles creusent leur propre tombe et celle de toutes avec.
Personne, et pas même elles, ne se démène autant contre les violences
conjugales qui font plus de mortes que la chasse, par ailleurs absurde,
ridicule et stupide, des sans-papiers, et que personne n’a bronché pour la mort
d’une jeune femme dans le RER assassinée par un turc quand à la même époque
celle de deux adolescents qui, à Villiers-le-Bel, n’étaient pas vraiment en
règle avec la loi, déchaîna les protestations, les émeutes que l’on sait.
Aucune mort de femme n’a jamais provoqué d’émeutes. Quand la jeune femme mourut
dans le RER, c’est tout juste si on n’a pas pris la défense de l’agresseur
récidiviste, des fois que ça fasse du tort à la cause des immigrés.
J’ai toujours dit
à ma fille de penser d’abord à elle, que si elle n’y pensait pas personne n’y
penserait à sa place et de toutes façons pas mieux qu’elle ne saurait le faire,
qu’aucun homme sur la face de la terre ne méritait qu’on néglige sa propre vie
pour favoriser sa carrière à lui (et qu’elle n’avait qu’à penser à son père qui
ne serait jamais devenu ce qu’il est sans moi qui suis restée pour compte).
Et bien je vois
qu’elle a pris en considération ce que je lui ai toujours dit et que je n’ai
pas prêché dans le désert. J’espère qu’elle n’aura jamais de ces idées idiotes
qui m’ont réduites à la pauvreté, lot commun de beaucoup de femmes : les
80 % des 11 % sous le seuil de la pauvreté, et dont plus de la moitié ne sont pas des femmes immigrées, issues
de la colonisation, post coloniale etc etc... on ne le répétera jamais assez.