Je n’en vois plus
la fin. J’ai l’impression que la terre se dérobe sous mes pas, de marcher sur
un séisme permanent, un tremblement de terre perpétuel. Pourtant, les choses
sont calmes en apparence ; un calme plat. Mais le co-propriétaire à décidé
de me pourrir la vie jusqu’au bout apparemment, et je finis par désespérer de
réussir à m’en débarrasser un jour une bonne fois pour toutes. Je ne suis pas
au bout de mes peines. Je me demande chaque jour ce qu’il va bien inventer pour
m’empoisonner la vie. Ce qui est sûr, c’est qu’il se barre début septembre dès
que l’appartement qu’il veut prendre aura vu partir les derniers touristes en
location. Mais ce qui m’inquiète moi, c’est que si la maison n’est pas encore
vendue entre temps, je risque de l’avoir sur le dos tout l’hiver pour un oui
pour un non à tout bout de champ. Il va falloir que j’aille voir mon avocate
pour lui demander quelques éclaircissements sur divers détails.
J’ai rendez-vous
en fin de matinée avec une de mes amies. Je lui dis toujours qu’elle me fait
penser à la Fata Turchina, la fée
Turquoise du conte de Pinocchio. Elle est blonde comme sont blondes les femmes
d’ici, un blond foncé qui rappelle les femmes des tableaux de Boticcelli. On va
faire notre facturation ensemble. On n’est déjà pas cher payées et seulement 60
jours après, en plus, et nous on trouve qu’on vaut plus que ce qu’on gagne,
donc, il ne s’agit pas de se tromper au rabais. En s’y mettant à deux, on est
plus sûres de ne pas se tromper.
Une bonne
nouvelle tout de même dans ce labyrinthe à l’issue improbable, malgré un
printemps pourri qui ne veut décidément pas laisser le ciel se mettre au beau
fixe (pas encore passé un seul après-midi à la plage, ce qui est tout de même
rare en cette saison), c’est que ma fille que je ne vois pas depuis des mois va
bientôt avoir une dizaine de jours de vacances. Son sourire, c’est un rayon de
soleil dans la grisaille du quotidien.