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Julie de Lespinasse
--> Biographie

Née en 1732 à Lyon, Julie de Lespinasse est la fille illégitime du comte Gaspard de Vichy, frère de la marquise du Deffand, et de la comtesse d’Albon. Son père épousa par la suite sa sœur naturelle. Julie fut donc élevée par sa mère, restant avec elle jusqu’à la mort de cette dernière encore jeune, qui la confie de nouveau à son père, de sorte qu’elle se retrouve gouvernante des enfants de sa sœur naturelle et belle-mère, enfants qui sont également ses demi-frères et sœurs.


Sa tante naturelle, madame du Deffand, sentant sa vue décliner, la prend alors comme lectrice dans le salon qu’elle tient à Paris et qui est déjà connu, en 1754, donnant ainsi à sa nièce l’opportunité de sortir d’une situation familiale sans doute assez déplaisante. Dès 1747, ayant noué une amitié avec d’Alembert, son salon est fréquenté par des écrivains et philosophes tels que Fontenelle, Montesquieu, Marmontel et Marivaux. C’est dans ce monde qu’elle introduit sa nièce. Julie, sans être vraiment belle, est intelligente, et surtout très habile à diriger la conversation. Sa vivacité d’esprit et sa finesse ne tardent pas à séduire les hôtes de sa tante, et les conversations commencées dans le salon de celle-ci se terminent dans la chambre de Julie. Madame du Deffand l’ayant appris se jugea trahie et en conçut une grande jalousie qui ne la quittera plus même après la mort, prématurée, de Julie, qu’elle finit par renvoyer en 1763.


Mademoiselle de Lespinasse ouvrit alors en 1764 son propre salon rue de Bellechasse, où elle reçoit également Condillac, Condorcet et Turgot outre à ceux qu’elle recevait déjà auparavant chez sa tante. On a pu dire de son salon qu’il fut le «laboratoire de l’Encyclopédie», dont elle fut l’égérie. Nombreux furent ceux qui subirent le charme de cette jeune femme au caractère ardent et passionné, mais c’est avec d’Alembert qu’elle se lia d’une profonde amitié qui semble n’avoir été que platonique. Enfant illégitime comme lui, ils ont ensemble des points communs qui les rapprochent. Malade, elle le recueille chez elle et le soigne. Ils ne se quitteront plus. Julie s’éprend cependant profondément du marquis de Mora, fils de l’ambassadeur d’Espagne en 1766, tout aussi épris d’elle. Ils envisagent le mariage, mais la famille de Mora fera l’impossible pour le contrecarrer et y réussira.


Rentré en Espagne, il tombe malade et y reste pour y etre soigné. Leur correspondance reflète déjà de ces amours passionnés qui fleuriront dans la littérature romantique. Pour oublier les angoisses que lui cause l’éloignement de son amant, elle fréquente pour se changer les idées les maisons de campagne de ses nombreux amis et rencontre, au Moulin-Joli, le colonel de Guibert en 1772. Elle se prend d’une irrésistible passion pour ce dernier, qu’elle éprouvera jusqu’à sa mort, malgré l’apparente indifférence que celui-ci lui témoigne.


Durant de longs mois, elle nourrit des sentiments de culpabilité, partagée entre ses deux amants, ne pouvant oublier l’un mais désirant l’autre. Mora, malade, revenu en France pour la rejoindre, meurt à Bordeaux en 1774. C’est à ce moment que Julie et Guibert deviennent amants. Quand Julie vient à apprendre cette coïncidence, le désespoir s’empare d’elle, le chagrin et les remors ébranlent sa santé. Elle songe au suicide : «J’ai souffert, j’ai haï la vie, j’ai invoqué la mort» écrira-t-elle «et je fais serment de ne pas lui donner le dégoût et de la recevoir au contraire comme une libératrice».
«Il n’y a qu’une chose qui résiste, c’est la passion, et c’est celle de l’amour, car toutes les autres resteraient sans répliques». «Il n’y a que l’amour-passion et la bienfaisance qui me paraissent valoir la peine de vivre.» Dans ces quelques lignes pourrait se résumer la personnalité de Julie.
Elle ne survivra pas au mariage de Guibert; désespérée par l’échec de ses deux liaisons, elle meurt à quarante-quatre ans. Sa correspondance avec ce dernier sera publiée en 1809 par sa veuve. Comme celle de sa tante du Deffand, sa correspondance constitue un document psychologique et historique de référence.

A.P. in arte Floreal scrisse, 9 Février 2005

Ecrit par Lory, le Jeudi 1 Mars 2007, 17:06 dans la rubrique Feminarte.