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Madame du Deffand
--> Biographie

Marie de Vichy-Chamrond, marquise du Deffand, née en 1696, au château de Chamrond, en Bourgogne, est élevée dans un couvent bénédictin à Paris. Elle épouse en 1718 le marquis du Deffand pour lequel elle ne nourrit guère une grande estime. Elle a dès lors de nombreuses liaisons et mène une vie assez dissolue dans les salons de la Régence. Elle est introduite par son amant Charles Hénault, président de la 1° chambre des enquêtes du Parlement de Paris, et ami de la reine, chez la duchesse du Maine qui régente alors les plaisirs à la cour de Sceaux. C’est dans ce monde libertin qu’elle fait la connaissance de Voltaire qui restera son ami toute sa vie. Mais elle y rencontre également des personnalités du monde des arts et des lettres, et à partir de 1742, commence sa correspondance prolixe avec les célébrités de son temps : Voltaire, Horace Walpole, d’Alembert, Julie de Lespinasse, la Duchesse de Luynes et tant d’autres.


Papotages, potins de la cour, portraits de personnages célèbres nourrissent sa correspondance dans un style alerte et vif, mais aussi mordant et piquant, brillant comme le sont les conversations de salons de son époque, qui entre toutes, fut celle de la conversation érigée en art ; parfois féroce car ses propos incisifs ne sont que trop lucides.


A la mort de son mari, elle s’installe dans les appartements jadis occupés par madame de Montespan, rue Saint-Dominique à Paris, dans l'ancien Couvent des Filles de Saint-Joseph où à partir de 1749 elle ouvre son célèbre salon "tapissé de moire bouton d'or" où elle donne des soupers tous les jours, mais ceux du lundi attiraient toute l'élite intellectuelle. Son intelligence et ses dons de conversation paraissent avoir exercé une véritable fascination même lorsqu'elle fut atteinte de cécité à 56 ans. C’est alors qu’elle prend sa nièce Julie de Lespinasse comme lectrice pour suppléer à ses déficiences, avant de s’en séparer de manière fracassante.


«Mme du Deffand est avec Voltaire, dans la prose, le classique le plus pur de cette époque, sans même en excepter aucun des grands écrivains», écrivit Sainte-Beuve, un des derniers amis qu’elle fréquenta avant sa mort. Ce que redoute cette femme plus que tout, c’est l’ennui, et la solitude ce qu’elle supporte le plus mal; ses excès mondains ne lui servent qu’à l’éloigner d’elle dans un tourbillon de frivolité.


Amie de Voltaire, intime de d’Alembert, de Fontenelle, Marivaux, Sedaine, Helvétius, de l’architecte Soufflot, du sculpteur Falconet, des peintres Van Loo et Vernet qui fréquentent son salon, tout un monde que nous définirions snob aujourd’hui défile aussi et se presse chez elle : abbés, courtisans, dames de la cour gloussantes autant que médisantes. Voltaire, auquel ne manquait pas une plume acérée pour pourfendre ses ennemis, lui présenta un jour son amie et protectrice Emilie du Châtelet, la femme qu’il aima le plus, espérant qu’elles deviendraient amies. La marquise sans doutes n’admettait pas que ses amis les plus intimes lui préfèrent une autre dame (bien qu'elle-meme fut en compagnie de son amant Hénault), elle fit, par la suite, d'Émilie un portrait cruel et d’une véritable méchanceté (qui fut ultérieurement publié par Grimm en 1777 dans un recueil de lettres), s’en gaussant avec madame de Stael qui avait été du dîner. Emilie du Châtelet, mathématicienne et physicienne, était trop différente sans doutes de ces dames aux conversations brillantes mais souvent oiseuses. Si Emilie mourut bien avant elle, pleurée par voltaire, la marquise eut la chance de survivre à tous deux mais la malchance de tomber amoureuse, à près de soixante-dix ans, de l’écrivain anglais Horace Walpole qui avait vingt ans de moins qu’elle, n'en ayant que cinquante-six.


Quand, enfin, à l’agonie, elle entend son secrétaire étouffer ses pleurs, elle lui adresse ces derniers mots : « Vous m’aimez donc ? » On peut penser qu’il avait quelque amitié pour cette vieille femme qui avait été un des meilleurs écrivains de son temps, à la fois intelligente, pénétrante et sceptique. Elle meurt le 23 septembre 1780 à Paris, nous laissant une correspondance fascinante contenant tout l'esprit du XVIII° siècle français.

A.P. in arte Floreal scrisse, 20 Février 2005

Ecrit par Lory, le Jeudi 1 Mars 2007, 15:33 dans la rubrique Feminarte.