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Les femmes et le pouvoir
--> "Essentialisme" à toutes les sauces et autres balivernes
Le pouvoir patriarcal est masculin par définition; on pourrait meme dire par "essence", donc essentialiste et celles qui veulent le partager tel quel sont véritablement essentialistes.

Il est vrai, et pour cause, puisqu'il est conçu par et pour les hommes, que les femmes n'ont jamais partagé ce pouvoir qu'ils détiennent avec lequel ils ont asservi cette autre moitié de l'humanité que sont les femmes, et que ceux-ci se sont bien gardés de partager ce qui est leur monopole; ils ont meme systématiquement refuser d'abdiquer leurs prérogatives et, quand ils en ont cédé quelques parcelles, sous la pression des revendications féministes car tout fut conquis et jamais volontairement concédé, l'histoire a démontré qu'ils ont toujours repris ce qu'ils avaient concédé. Les femmes, qui ont toujours eu une part active dans les grands changements parce qu'elles n'avaient rien à perdre et quelque chose à y gagner, se sont vues, une fois quelques améliotations obtenues, reconduites au foyer par la Loi du Père. Ce fut le cas avec le Christianisme dès le Moyen-Age, ce le fut à nouveau après la Révolution.

Qu'en est-il deux siècles après ? Le combat des pionnières du XIXème siècle débouche sur les années '70 au XXème, l'époque de la Reconquète: une nette amélioration avec le droit à la contraception et à l'avortement plus quelques bricoles sur la parité et autres miettes dérisoires, amélioration déjà battue en brèche depuis vingt ans parce que les femmes se sont démobilisées, comme rendues amorphes, tétanisées et fascinées par le miroir aux alouettes que leur tendait un libéralisme masculiniste leur renvoyant une image d'elles-memes faussement libérée selon les standards proposés aux temps de la gauche caviar.

Que trouve-t-on aujourd'hui? Tandis que les acquis des femmes sont périodiquement remis en question, qu'elles ont toujours plus de mal a obtenir gain de cause en justice quand elles ont pour elles le droit et la raison, qu'elles sont toujours plus victimes d'un travail à temps partiel qui leur ote plus qu'il ne leur donne, qu'elles subissent toujours plus de violences et voient de plus en plus souvent leurs enfants confiés sans sourciller à leurs bourreaux, et que la pornographie triomphante, quintessence du libéralisme, draine une prostitution croissante et induit à penser la population féminine dès l'adolescence que si elles ne sont pas "putes" elles ne sont pas des femmes libres, seule une petite fraction de cette meme population féminine, instruite, réussit à s'en sortir et à passer à travers les mailles d'un filet qui se resserre toujours davantage. Cette petite minorité (comme l'a fait remarquer l'étude de M.Maruani dont j'ai déjà parlé dans l'article Fausses routes ) se sépare toujours plus de la majorité des femmes.

Elles ont certes obtenu une position relativement privilégiée dans la société grace aux idées féministes qu'elles ont cherché à appliquer pour elles-memes, et par là meme les hommes ont quelque peu changé et accepté de partager certaines taches, mais dans l'ensemble elles aussi se retrouvent à devoir supporter davantage le poids de ces memes tache que leurs hommes, en général les hommes les plus disposés à faire leurs les thèses féministes, et ce parce qu'ils y trouvent un avantage. Ceux-ci, en se rangeant derrières les idées féministes, font figure de libéraux tout en continuant à bénéficier les avantages de la société encore largement sexiste qui est la notre; ce qui apparait clairement dans les statistiques des différences salariales et du nombres d'heures dédiées aux taches domestiques.

En somme, cette petite minorité de femmes, plus qu'elle n'a réussi à obtenir une véritable parité (ne parlons meme pas d'égalité), a surtout réussi à adopter les standards d'un pouvoir masculin dont elles ne récoltent que des postes subalternes au détriment de la majorité des femmes. Parce qu'elles ne contestent pas, ou peu et mollement ce pouvoir masculin lié au libéralisme, qu'elles se perdent dans les méandres abscons des 'genders studies' dont on nous farcit la tete pour savoir si oui ou non les gays (plus que les lesbiennes d'ailleurs) vont pouvoir ou non se marier dans un pays où 50% des naissances ont lieu hors mariage (de sorte que c'est aujourd'hui davantage la notion de couple, qu'il soit homosexuel ou pas, à poser problème), si un homme peut mieux qu'une femme se charger d'un nourrisson (quand une chose reste certaine: ce sont les femmes qui sont enceintes et qui accouchent ), au lieu de s'occuper des conditions réelles dans lesquelles vivent la majorité des femmes, conditions qui se dégradent d'année en année, à tous points de vue, professionnels, sanitaires et familiaux.

A quoi bon s'acharner à vouloir partager un pouvoir qui est par nature contraire aux intérets vitaux des femmes? En le faisant, elles nous entrainent à nous comporter comme des machines reproductives programmées selon l'économie de marché, à mettre entre parenthèse comme un fardeau insupportable unematernité rationalisée réduite à un désert émotionnel et affectif, abondonnant ce terrain humain par excellence qu'est le domaine lié à la reproduction, à la maternité, à l'enfance, aux intégrismes religieux de tous poils qui viennent insidieusement combler le vide, de sorte que le pouvoir masculin représenté par la Loi du Père qu'elles croient chasser par une porte rentre par l'autre, quand il ne rentre pas de force par les deux.

Ecrit par Lory Calque, le Dimanche 24 Septembre 2006, 18:37 dans la rubrique Femmes & Féminisme.