Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d'Aulnoy, nait à Barneville dans l'Eure vers 1650. Mariée comme on était mariés à l'époque, par arrangement entre familles, à seize ans, à François de
La baronne aura dès lors de ces vies mouvementées, voire romanesques, préfigurant déjà celle d'une Manon Lescaut, personnage principal du roman homonyme de l'Abbé Prévost. Contrainte à s'exiler, et ainsi à voyager à travers l'Europe, pour échapper au sort qui aurait pu lui être réservé, car, décidée à se débarrasser d'un mari qu'elle déteste, ce n'est pas une criminelle mais elle n'a guère de scrupules pour arriver à ses fins et profite donc des soupçons de malversations qui accablent son mari, valet de pied du duc de Vendôme, pour l'accuser ouvertement d'un crime à l'époque passible de la peine de mort: celui de lèse-majesté. Pour ce faire, elle se sert de deux gentilshommes, dont l'un est son amant après avoir probablement été celui de sa mère. Son mari, arrêté, est relaxé, mais les «amis» de sa femme sont condamnés à la décapitation pour calomnie. La baronne ne doit son salut qu'à la fuite, dans des circontances rocambolesques, fuyant par un escalier dérobé et se réfugiant sous le catafalque d'une église.
Passée en Angleterre puis gagnant l'Espagne, ses services à la Cour de France lui valent sa rentrée en grâce. Elle s'installe alors à Paris où elle se trouve à nouveau compromise dans un scandale pour son amitié envers une femme, par la suite décapitée pour le meurtre de son mari. Si de semblables anecdotes ne font guère honneur à la baronne, elles en disent toutefois long sur la condition féminine sous l'Ancien Régime et peuvent en partie expliquer pourquoi des dames dites « de qualité » pouvaient en être réduites à de telles extrémités: point de divorce alors.
Liée d'amitié avec Saint-Evremond, et avec plusieurs conteuses du siècle telles Madame de Murat et Mademoiselle Lhéritier, elle commence alors à publier, chose rare pour une femme. L'îe de la félicité est le premier conte de fées à être publié en France. Les Contes de fées, puis les Contes nouveaux ou les Fées à la mode, respectivement parus en 1697 et 1698 lui valent la célébrité.
Elle mourra paisiblement chez elle, en 1705 à Paris. Un de ses éditeurs et biographe, Monsieur de Lescure, dira des deux portraits qui subsistent de cette conteuse que ceux-ci laissent «l'image d'une sémillante et plantureuse beauté».
• Œuvres de Madame d'Aulnoy:
• Relation d'un voyage en Espagne, puis Mémoires sur la cour d'Espagne dont Sainte-Beuve notera l'intérêt. 1690, 1691
• Mémoires sur la cour de France, 1692, puis sur la cour d'Angleterre, 1695
• Mémoires screts de plusieurs grands princes de la cour, 1696
• L'Histoire d'Hyppolite, comte de Douglas, roman.
A.P. in arte Floreal scrisse, 15 Novembre 2004