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--> Excision

Ce que j'écris ici n'est paru dans aucun journal; aucune radio n'en parlera jamais, ce n'est qu'un fait divers parmi tant d'autres.

Un médecin africain racheta la maisonette d'une petite vieille dans le quartier où pratiquement je suis née, où j'ai passé ma jeunesse avant de le quitter définitivement il y a trente ans.

Ce ne fut pas pour lui un problème que de s'y installer; c'est un quartier où les gens sont d'origines diverses, mais ils ont tous une vertu: ils parlent tous français. J'entends un français normal et ordinaire que tout le monde comprend (sinon je n'aurais pas compris et je ne raconterais pas l'histoire qu'on m'a contée). Ils vivent chichement mais décemment, et à part les petits vieux qui ont travaillé plus souvent 48 heures par semaines avant de n'en travailler que 40 sans parler de 35, tout le monde travaille, ce sont des travailleurs (des travailleurs précaires, je précise pour les lecteurs pour lesquels cette réalité n'est pas familière) . De sorte que les gens ne s'occuppent pas tellement de ce qui se passe chez le voisin, ils se connaissent de vue sans plus et rentrent chez eux le soir pour surtout s'occupper de ce qui se passe chez eux. Du reste, durant les évènements qui eurent lieu dans les banlieues récemment comme chacun sait, ce fut le calme plat dans le quartier; il ne se passa rien.

Le médecin africain (je ne sais pas de quel pays d'afrique noire) fut bien accepté dans le quartier; les gens étaient meme comme honorés d'y avoir un médecin domicilié. Un jour, il doit bien y avoir environ deux années de cela, en fin d'après midi, des hurlements déchirants se firent entendre, provenant de la maison du médecin, et les voisins, inquiets, pensèrent que des voyous comme il y en a malheureusement dépouillaient le médecin. Ils appelèrent donc les flics qui arrivèrent dare-dare.

Le médecin n'était pas là. Les flics trouvèrent deux gamines d'environ douze à treize ans hurlant d'épouvante au milieu d'un peu plus d'une demi-douzaine d'adultes. L'une d'elle était ensangantée et fut transportée en ambulance à l'hopital en urgence. L'autre était terrorisée en état de choc et fut soustraite à cette charmante petite troupe célébrant une "cérémonie traditionnelle", qui fut embarquée.

C'est ça, l'excision.

Ecrit par Lory Calque, le Mardi 7 Février 2006, 22:53 dans la rubrique Au jour le jour.