La nouvelle de la création d’un
wikiscanner (voir ici ou là ) à été diffusée dans la presse et les médias dans différents
articles, création d’un étudiant en informatique californien qui lui a permis de constater que la
wikipédia anglophone avait été vandalisée à qui mieux-mieux par des groupes de
toutes sortes, allant des scientologues à des grandes firmes, du Vatican au
Parti Républicain. Et de découvrir par le biais de cet instrument qu’il en est
de même sur la wikipédia francophone. Mais comment s’en étonner ?
C’était plus que prévisible. Sur
un media se prétendant une encyclopédie composée à plus de 80% de notices people,
on imagine bien que chaque lobby, groupe d’influence, secte, etc... tente
d’apparaître sous le jour le plus flatteur et qui lui convient le mieux. Il s’ensuit
un chorus de voix pour crier hosannah, enfin les vilains sont démasqués, les
vandales débusqués, on va pouvoir nettoyer et ainsi wikipédia y gagnera en
fiabilité, ce qui fera taire les mauvaises langues qui osent soulever des
critiques, notamment au sujet de sa fiabilité.
Sans doutes, tout un fatras
d’abus en tout genre pourra être éliminé, et le nettoyage rendu possible pour
ce qui concerne les vandalismes venus de l’extérieur, mais qu’en sera-t-il de
ceux qui proviennent de l’intérieur ? A cet égard, le logiciel mis au
point par ce brillant étudiant n’y pourra mai.
Parce que le logiciel ne pourra
rien contre le vandalisme de contributeurs (et parfois d’administrateurs) qui
sont autant de pions avancés par des groupes religieux ou politiques ou leur sympathisants.
A l’évidence, il y a sur wikipédia des gens qui sont là à demeure et qui sont
autant de surveillants des intérêts de ces groupes qu’ils représentent où dont
ils sont les sympathisants.
Comment en effet ne pas constater
que wikipédia privilégie le people, le porno, l'irrationnel, abrite des sectes
de tous poils qui infiltrent les articles, pose les pseudo-sciences au même
niveau que les sciences, bref, qu’il s’agit d’un media populiste et démagogique
plus qu’une encyclopédie, ou plus exactement que wikipédia est à l'encyclopédie
ce que TF1 est à la télé, ou ce que le fast-food et MacDo sont à la gastronomie.
Et ceci est la conséquence
logique des choix qui ont été faits en amont, il y a plusieurs années, choix qui ont été la quantité au détriment de
la qualité, la pipolisation au détriment de l'esprit scientifique et
encyclopédique, et ce avec la bénédiction de leur présidente, qui est à
wikipédia ce que Marie-Chantal est aux bonnes-oeuvres, une sorte dame de
charité contemporaine assez mal inspirée, adepte d'un guru libertarien.
Lorsque je suis arrivée sur fr
wiki, il y avait environ 25 000 articles, ce qui me semblait déjà énorme,
aucune encyclopédie classique respectable et digne de ce nom n’en possède
autant, et l’objectif était d’atteindre les 50 000. Soit me disais-je, sur
internet, c’est différent, il y a un volume d’informations incalculable. Mais
500 000 ? Plusieurs millions dans toutes les langues (même si bien
évidemment beaucoup sont les mêmes, traduits, ou traitent du même sujet) ?
Cela me paraît plus monstrueux que prodigieux, et de toute façon incontrôlable,
même à grand renfort de wikiscanner.
Quant au fondateur, je savais
qu’il était un ex-courtier en bourse et propriétaire d’une société de
publications érotiques. Cela m’avait fait tiquer un brin, mais enfin l’érotisme
n’est pas la pornographie, même si la limite est parfois assez floue. Ce que
j’ignorais, c’est qu’il existait sur wikipédia des articles consacrés à la
pornographie. Non pas sur le sujet en lui-même, du point de vue économique,
légal, ou des droits de l’Homme, ce qui aurait été normal, mais carrément sur
les pratiques sexuelles, d’une vulgarité crasse, et sexiste, sous couvert de
présentation hypocrite et prétendument encyclopédique. Jusqu’à la création d’un
portail porno (j’avais d’ailleurs voté contre et l’avais proposé à la
suppression, qui a bien évidemment été refusée), actuellement le plus consulté,
ce qui m’apparaît navrant. Portail pourvu des notices d’ "actrices"
listées, tenez-vous bien par « nationalité » (que cela fasse partie
de leur « spécialisation » ?), « listées », oui, comme des quadrupèdes au portail zoologie.
Alors peut-on vraiment parler
d’encyclopédie à propos de wikipédia ? Non, et cela m’apparaît de moins en
moins possible. Un phénomène de communication de masses, une base de données
gigantesque qui a son intérêt, mais une encyclopédie, décidément pas. Et en se
prétendant telle, wikipédia m’apparaît d’autant moins crédible et d’autant plus
suspecte, avec ses velléité hégémoniques de se vouloir l’encyclopédie par
excellence, la seule, l’unique, le savoir vrai et seul reconnu. De ce point de
vue, ce n’est plus suspecte qu’elle m’apparaît, mais nuisible.