Or, quand je vois
des jeunes filles ou jeunes femmes portant tchador, que me vient-il à
l’esprit ? Le monde étroit de
Leur look me fait
penser à celui des premières communiantes, à la différence près qu’on ne voit
celles-ci qu’une fois par an et encore, plutôt dans les provinces. Ou aux
bonnes-sœurs, qu’on ne voit plus guère de nos jours faute de vocations et de
leur moyenne d’âge qui les fait sans doute davantage rester dans leurs
institutions qu’en sortir.
Il a fallu deux
siècles pour que les femmes commencent à échapper au carcan du Code Napoléon.
Il a fallu arriver aux années 70 pour voir les choses réellement changer dans
les mœurs. Je ne vois rien de féministe dans le tchador, contrairement à ce que
soutiennent certaines à la suite de Christine Delphy. Je ne vois qu’un retour
glaçant de 150 ans en arrière. Peut me chaut qu’il puisse s’agir davantage
d’une question identitaire que religieuse. Une identité qui vous ramène près d’un
siècle et demi ou plus en arrière me fait tout simplement horreur. Et plus j’en
vois, plus je ressens un malaise confinant à l’aversion. Parce que le voile, ou
tchador qu’il soit, est le symbole même de la domination patriarcale.
C’est pendant la
première guerre mondiale que les jupes des femmes raccourcissent largement au
dessus des chevilles et pour cause ; les hommes absents, elles entrèrent massivement dans le monde du
travail et firent marcher l’économie à leur place, et on ne peut pas travailler
avec des vêtements qui entravent. Et ce n’est qu’après la seconde que l’usage
du chapeau se perd définitivement. Il a fallu attendre 68 pour porter un
pantalon au quotidien, dans les bureaux, dans les écoles, et des jupes courtes,
au dessus du genou.
Je ne pense pas
que l’Europe court le risque d’être islamisée comme nous le serinent certains
parmi les plus réactionnaires et nationalistes. Ce que je crains par contre,
c’est qu’à vouloir accepter le tchador, pour favoriser l’intégration ou pour
tout ce qu’on voudra, on finisse par limiter les droits de toutes les
femmes ; au nom de l’intégration en somme, nivelons par le bas et
retournons d’un siècle en arrière. Les machos, les misogynes, et les religions
le sont, ne demandent pas mieux. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que la
ministre Boutin, par exemple, ait été une des rares à prendre en considération
la réclamation du droit à le porter dans les écoles, comme Christine Delphy.
Comme quoi pour des raisons opposées les extrêmes se rejoignent.
Si je ne me fais
aucune illusion sur les principes au nom desquels une Christine Boutin et les
femmes comme elle agissent, sachant qu’au bout il y a la suppression de l’avortement
et la limitation de l’accès à la contraception et toute une cohorte de
restrictions en tous genres et à tous les niveaux au sujet de la famille, les
intentions de Christine Delphy et de celles qui ont adopté son point de vue me
sont suspectes.
Je ne crois pas
que ces femmes-là soient réellement intéressées par le sort des femmes en
général. J’ai trop l’impression, en les lisant sur certains blogs et les
commentaires qu’on y trouve qu’il y a quelque part dans ce soutien incongru à
ce qui est tout de même le symbole par excellence de la domination patriarcale
et de son arbitraire, comme un alibi. Un alibi que la soit-disant défense d’une
petite minorité (à vrai dire une minorité qui tend davantage à augmenter qu’à
diminuer), un alibi narcissique pour se considérer supérieures aux autres
femmes ; elles, elles auraient tout compris mieux que les autres, elles
seraient au-dessus de la masse imbécile et raciste.
Parce que pour elles, ne pas avoir envie de croiser des femmes enfoulardées dans l’espace public, c’est nécessairement du racisme. C’est pour moi, de la part de leur défenseures, avoir une volonté de pouvoir certaine sur les autres femmes, qu’elles soient ou non voilées. Il suffit du reste de prêter attention au vocabulaire qu’elles utilisent : un langage machiste. Elles sont « maître » et non « maîtresse » de leur blog ou d’autre chose. Elles ont des « potes » avec qui elles vivraient dans une égalité parfaite, constitués en « réseau », ce qui laisse pour le moins sceptique ; elles seraient bien les seules à avoir atteint cet état merveilleux que toutes les autres féministes luttent encore pour l’obtenir, sachant qu’il reste tant à faire pour atteindre la parité dans tous les domaines. D’autant plus sceptique que les « potes » en question ne sont pas exempts de machisme, peu s’en faut, même si évidemment le leur ne se situe pas au niveau commun et ordinaire qu’on est, hélas, habituées à vivre au quotidien.
Commentaires :
Re:
La seule chose qui est comparable, c'est du point de vue des vetements religieux (et j'ai d'ailleurs fait ce parallèle). Je ne remarque pas particulièrement ce string, du reste je vis près de la mer où voir des gens en maillot de bain plusieurs mois par an est normal. ça ne me semble pas non plus très banalisé à part dans les publicités. Mais à part quelques gamines dans une tranche d'age bien définie, il ne me semble pas que ça pullule, et passé cet age, les femmes n'en portent plus ostensiblement, ce qui n'est pas le cas du tchador qui, lui est porté à tous ages, de la puberté à la mort.
C'est d'ailleurs là un risque:demain on vous dira que les jeunes occidentales sont indécentes et que ça choque les enfoulardées, et dans la foulée les meme moralistes demanderont l''abrogation de certains droits de femmes.
Re:
Vous trouvez, vraiment???
Le sujet de l'emprise patriarcale sur le corps des femmes , illustrée par la pub, la mode, le discours relayé par les médias... La marchandisation des corps, la banalisation de la pornographie etc... Vous considérez cet aspect de la condition féminine comme marginal?
Enfin si j'ai parlé de string , c'est pour utiliser une illustration symbolique de ce que je dénonce ici, encore une fois s'il m'intéressait de mettre ces deux formes opposées, tant dans leur fondement que dans leur formulation, en regard, c'est uniquement dans le but de mettre en exergue le parallèle évident entre deux formes d'asservissement du corps féminin, son instrumentalisation, entre lesquelles s'articule, selon les préceptes du patriarcat, la condition féminine
Re:
Encore une fois, je ne vois aucune symétrie entre deux choses différentes et qui n'ont pas la meme signification.
"La marchandisation des corps, la banalisation de la pornographie etc..", c'est tout aussi condamnable, mais c'est tout à fait autre chose et ça n'a rien à voir.
Le tchador n'est pas affaire de marchandisation.
Mettre un parallèle entre les 2, c'est exactement ce que font les bigots et autres réactionnaires musulmans, mais ce n'est absolument pas comparable, c'est leur faire plaisir que d'accepter leur point de vue et je n'ai (et à mon sens les femmes n'ont) aucune raison de leur donner cette satisfaction, d'autant plus qu'ils se trompent. S'il faut se voiler pour échapper à la marchandisation du corps féminin, la solution est encore pire que le problème.
Re:
S'il faut accepter la marchandisation du corps féminin pour échapper au voile, la solution est encore pire que le problème... Voyez , je peux vous retourner aisément votre réflexion , elle n'en garde pas moins sa pertinence. Encore une fois, je condamne sans la moindre réserve l'une et l'autre, mais je refuse de hiérarchiser ces deux formes d'asservissement du corps féminin. Que le prétexte soit religieux ou "libéral" je m'en moque! Il s'agit dans les deux cas de l'instrumentalisation du corps féminin dans le but de satisfaire aux injonctions de l'hégémonisme mâle.
Re:
Re:
le string aussi, oui! je vois une différence de taille entre le port d'un boxer et d'un string, et entre la fonction symbolique de l'un et de l'autre, mais peu importe... Encore une fois et pour finir, il ne s'agit certainement pas pour moi d'opposer l'un à l'autre. Bref, inutile que je developpe davantage, je crains fort sinon, que mon propos donne encore lieu à des raccourcis aléatoires.
Re:
Re:
Si j'avais voulu faire un article sur la merchandisation du corps féminin, j'aurais fait un autre article et je n'aurais pas parlé du tchador parce que je ne vois pas le rapport.
Vouloir établir une symétrie entre les deux, c'est procéder exactement comme les masculinistes qui prétendent que puisqu'il y a une condition féminine, il y aurait une condition masculine et que les deux seraient à égalité, ce qui est absolument faux à tous points de vue. Vous allez me prétendre le contraire?
Je revendique en outre le droit de faire un article sur le voile musulman si bon me semble, sans devoir faire de parallèle avec la marchandisation du corps féminin pour contenter les musulmans ni leur demander leur avis.
Et je refuse votre équivalence, jugeant l'intégrisme musulman plus menaçant que la merchandisation des corps féminins parce que faisant plus de victimes. Il me parait plus facile d'échapper à la dite merchandisation qu'aux dangers et représailles dont les femmes peuvent faire l'objet pour leur tenue dans le monde musulman. Vous n'etes pas obligée de faire des régimes amaigrissant couteux autant que crétins, de dépenser des fortunes dans des crèmes cancérigènes meme si la pub vous y conditionnent, vous pouvez vous habiller comme bon vous semble meme si la mode déversent des dictats idiots et malcommodes. Vous ne pouvez pas traverser une cité en toute quiétude si vous n'etes pas voilée sans risquer de vous faire violer dans une cage d'escalier. Je ne parlerais pas de la condition féminine des musulmanes aillerus qu'en Europe... il me suffit que ce voile y régresse, or il y progresse.
Hier dans l’émission "C dans l air" , trop agacée par l’orientation du débat pour m’attarder, j’ai quand même assisté à la démonstration évidente de l’évolution de la condition féminine pour ce qui concerne le rapport des femmes à leur sexualité : En guise de déduction imparable, un reportage sur l’enthousiasme nouveau des jeunes femmes pour des clubs d’apprentissage du strip tease... ! et les commentateurs présents sur le plateau de nous dire que grâce aux luttes féministes les femmes avaient un accès nouveau à l’aspect ludique de la sexualité et en cela se plaçaient sur le même terrain que les hommes ( existe t-il ce genre d’apprentissage pour les hommes ?) ... Naturellement pas une féministe sur le plateau , une brève parenthèse avec un commentaire essentiel d’Antoinette Fouque qui dénonçait l’emprise phallique sur les corps etc proposant un parallèle entre libéralisme économique et incitation au libertinage... ! Evidemment, pas un seul des commentateurs(trices) sur le plateau, n’a cru bon de reprendre ou de répondre à cette analyse de fond !
Des poupées qu’on habille ou déshabille, la femme réduite à son corps, objet désiré jamais désirant, corps exhibé ici ou voilé ailleurs... Corps pétri, façonné selon les injonctions du sujet désirant : l’homme ! Ici ou là, tout est efficacement organisé , pour satisfaire ses impérieuses prérogatives.
Je partage absolument votre point de vue même si je regrette que vous ne dénonciez pas la dérive opposée : la bannalisation pour les femmes du port du string entre autres...la marchandisation du corps féminin dans nos sociétés libérales, cette incitation au libertinage...