Deux dindons et
des pintades faisaient de la philosophie dans la basse-cour de
Cette basse-cour
était remplie jusqu’à raz-bord de bons sentiments fraternels (j’ai bien dit
fraternel, pour la moitié féminine de l’humanité, il y en avait nettement
moins), c’en était dégoulinant de bonté ; il n’y avait qu’à lire Célestine
Castafiore pour s’en convaincre, et on avait immédiatement envie de tourner les
talons pour ne pas se retrouver gratifié de tant de bonté qui vous arrivait
comme du beurre de yack un peu rance (le beurre de yack étant par nature un peu
rance) dans la figure.
On y avait une
compassion sans limites pour la volaille persane, c’en était émouvant. Pour d’autres,
de méchants petits blancs qui n’avaient pourtant pas tous voté pour Sarko, peu
s’en faut, sinon on se demande bien comment Ségolène aurait fait 47%, ne
rêvaient pas tous de chasses aux volailles immigrés ni de tests ADN pour toutes
les volailles d’importation (d’ailleurs sait-on jamais, la manie d’aller
farfouiller dans les chromosomes des gens aurait pu s’étendre à tout le monde,
et là les surprises n’auraient pas manqué même dans la basse-cour de la Bovésie puisqu’à ce
qu’il paraît deux marmots sur dix n’ont pas le père qu’ils croient), ce n'était que mépris tant on y
était persuadé qu’un immigré c’était nécessairement meilleur qu’un petit blanc,
en vertu d’on ne sait pas très bien quoi, un immigré n’étant pas par nature
moins sexiste que le premier visage pâle venu, ni meilleur à tout point de vue.
Bref, c’était une
basse cour où l’on était pacifiste en espérant tout de même bien qu’un certain
pays finisse rayé de la carte, solution finale à tous les problèmes mais, comme
on n’a pas beaucoup de suite dans les idées chez la volaille et qu’on est
encore moins doué pour la philosophie que pour l’histoire, ce qui n’est pas peu
dire, on ne concevait pas qu’à vrai dire, si un tout petit pays venait à être
rayé de la carte par une bombe atomique, il y aurait nécessairement des
retombées pour tout le monde, les vents ne s’arrêtant pas aux frontières, y
compris pour cette volaille imbécile se croyant du haut de son perchoir bloguesque
supérieure au commun des mortels.