A propos de
l’article publié par Mauvaise herbe repris de libertaire fr qui est une
interview de Françoise Héritier par Le point, j’ai laissé un bref commentaire
pour exprimer deux objections dont voici la première :
1) Par rapport à
l'orientation dans l'espace selon laquelle les femmes s'orienteraient d’après des
repères sensitifs et les hommes d’après des repères géométriques:
- La seule
référence apportée me parait un peu peu.
- ça ne me parait
pas cadrer avec par exemple avec ce que dit Rozoy sur le peuplement (de
http://www.membres.lycos.fr/rozoyprehistoire/frameset.html
Je reviens ici de
façon plus détaillée sur ce que j’ai dit à ce propos.
Tout d’abord, il
me semble que le résultat d’une expérience faite avec des rats ne puisse pas
signifier grand-chose et encore moins être généralisé à l’ensemble des espèces
chez les mammifères. Sans doutes ne s'agit-il ici que d’une interview, et donc
d’une rapide synthèse de sa pensée que donne Françoise Héritier, mais il ne me
semble pas inopportun de faire remarquer que, pour que ce genre d’expérience
soit significative, il faudrait avoir procédé au même type d’expérience avec
plusieurs espèces pour voir si la différence entre le comportement du mâle et
de la femelle est vérifiable en se retrouvant avec une certaine fréquence, et
quand bien même se serait le cas, il me semblerait difficile d’affirmer qu’il
en est de même chez les humains, ceux-ci étant certes des mammifères mais pas
des quadrupèdes, mais des primates évolués. Faite avec des primates, sans doutes
pourrait-ce être plus significatif, mais on n’en sait rien, du moins pas que je
sache.
On sait par
contre, parce que cela a été observé assez récemment, que chez les chimpanzés,
société patriarcale, plusieurs femelles savent s’unir pour éloigner un mâle
importun agressif envers elles et leurs petits, ce qui aurait plutôt tendance à
prouver que les femelles ne seraient pas dominées dès le départ.
Par ailleurs, du
point de vue de la biologie, on sait que XX est plus ancienne que XY, les
mitochondries nous permettant de remonter à une date bien antérieure pour ce
qui concerne la descendance féminine que les marqueurs génétiques masculins ne le permettent pour les hommes. En
somme contrairement à ce que nous raconte
Mais, pour en
revenir au sens de l’orientation dans l’espace, il ne me semble pas que l’on puisse
dire que les hommes s’orienteraient selon des repères géométriques de façon
innée. C’est du moins le sentiment que j’ai eu après avoir lu les travaux de
Rozoy qui est un des spécialistes les plus connus de la préhistoire et du
mésolithique en particulier, et qui aborde indirectement ce sujet.
Comment en effet
pouvaient s’orienter les mésolithiques dans des forêts vierges dont les arbres
mourraient de vieillesse et sur lesquelles les hommes n’avaient qu’un incidence
tout à fait négligeable ? Je suppose qu’ils savaient par expérience sur
leur terrain qu’à une journée de marche vers le levant à partir d’un campement
ils allaient trouver telle grotte, tel rocher de telle forme près duquel
naissait telle source, où il pourraient établir leur campement provisoire pour
la chasse. Ou qu’à trois jours de marche vers le couchant, ils auraient trouvé
telle anse de tel fleuve. Et ainsi de suite. De même, la navigation ne devait
guère permettre que le cabotage en pirogue, ou telle plage vers le nord, tel
récifs vers le sud servait de point de repère. Des repères de nature sensible
et non géométrique par rapport au soleil et à la saison, donc. Sans doutes peignaient-ils
à l’ocre l’emblème totémique de leur tribu ou de leur clan sur tel rocher
(comme le faisaient me semble-t-il les aborigènes d’Australie), et ainsi de
suite, pour marquer leur territoire.
La notion de
géométrie dans l’espace ne doit apparaître, à mon avis, que beaucoup plus tard,
à partir du moment où, le cheval domestiqué, l’homme parcours l’immensité des
steppes et se repère au étoiles, comme les marins. Et pour ce qui concerne la
domestication du cheval, il ne m’apparaît pas certain et encore moins prouvé
que ce soit un fait exclusivement masculin, pas davantage que l’observation
astronomique.
Nous savons que
les phéniciens furent les premiers navigateurs capables d’affronter la haute
mer : sans sextan ni boussole, ils étaient capables de s’aventurer en
Atlantique, connaissaient la route de l’étain qui les conduisait jusqu’aux îles
britanniques. Mais cela nous ramène aux temps historiques, à l'antiquité archaique, où les société les plus avancées de l'époque sont toutes de type patriarcal.
Voilà pourquoi je
ne pense pas que le sens de l’orientation dans l’espace au moyen de repères géométriques
soit une caractéristique innée du cerveau masculin. Je pense plutôt que le fait
que les femmes semblent en manquer soit le résultat d’un non-apprentissage et
de non-transmission d’un savoir, par exclusion, d’ordre culturel et non pas d'une
donnée naturelle.
Dans un prochain
article, je développerai la seconde objection à laquelle je faisais allusion.