Je pense que
j’aurais réagi différemment selon les circonstances. Selon qu’il aurait s’agit
d’une gamine de 12 ans dans un CES ou d’une pré-adulte de lycée. Sans doute
l’aurais-je toléré pour une gamine de 12 ans, parce qu’il m’apparaît évident
qu’à cet âge il soit imposé par la famille et en aucun cas un libre choix,
plutôt que de lui faire perdre l’école. Encore eut-il fallu qu’il ne s’agisse
que d’un cas isolé dans ma classe et que ma décision n’encourage pas cinq autres
à le porter aussi. Si j’en avais eu le moindre soupçon, j’aurais préféré en
sacrifier une plutôt que cinq. J’aurais été beaucoup moins encline à l’accepter
dans le second cycle.
Par contre,
j’aurais accepté le bandana, et c’est même ce que j’aurais conseillé et proposé
en substitution. Je considère par ailleurs que de ne pas avoir accepter le
bandana est une erreur. Si, à mon sens, on ne peut pas parler de discrimination
pour l’interdiction du foulard parce qu’il s’agit clairement d’un signe
manifeste et ostensible propre à une religion, il n’en va pas de même pour le
bandana.
De même, le port
de toute croix, ange, madonne, étoile de David, tables de la loi, main de
fatma, coran, en miniature en or ou argent au bout de sa chaînette, relevant du
privé, même s’il est visible, ne peut être confondu avec le port d’un gros
crucifix, comparable aux chapelets et rosaires et clairement ostentatoire.
Condamner le port
du bandana me paraît par contre une discrimination évidente et une interprétation
rigide de la laïcité. L’accepter était l’occasion de dédramatiser un peu les
choses, faire preuve de diplomatie et de tolérance. C’était aussi la
possibilité d’encourager les familles à moins de rigidité et plus de modernité,
tout en permettant aux filles une tenue « allégée » en étant moins
engoncées dans un carcan. Celui-ci n’est pas, contrairement au tchador,
systématiquement lisible, dans le cadre des signes de la mode et de l’histoire
du costume dans la société occidentale, comme nécessairement musulman. Il ne
l’est que dans la sphère intime et le sens que lui donne celle qui le porte.
Seule les musulmanes portent le tchador, mais n’importe qui peut porter le
bandana, fille comme garçon ; il est du point de vue du genre non
discriminatoire, ce qui est un grand avantage. Fanchon, bandeau, serre-tête
sont davantage genrés mais font partie des accessoires de coiffure, je ne vois
pas que l’école doive se mêler de mode vestimentaire; ce n’est pas son rôle.
Je vais donner un
exemple un peu ridicule mais significatif. Les médias, même en France, firent
tout un battage voici quelques saisons quand Berlusconi arbora un bandana durant
les vacances. Ce fut considéré « relax, décomplexé ». Or Berlusconi
n’est pas musulman comme chacun sait. L’admirer chez Berlusconi et le refuser à
l’école me paraît incohérent. Refuser un accessoire vestimentaire porté partout
et par tout le monde selon l’envie du jour et le refuser dans les
établissements scolaires me paraît absurde.
Commentaires :
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Actuellement, il s'agit d'une loi de la république, laique, et qui n'a absolument rien à voir avec la noblesse.
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Sous l'Ancien régime existaient des écoles payantes tenues par des congrégations religieuses comme les jésuites ou les salésiens. Sans doutes les élèves portaient-ils un uniforme de type monacal, je ne me suis jamais intéressée à cela. Les nobles avaient des précepteurs à domicile.
Des coiffes
L'interdiction du voile n'a donc rien de si extraordianire et s'inscrit dans la tradition républicaine.
castor