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D’un côté, je
suis contente, et curieuse de voir ce qui va se passer par la suite. Et
d’autre, je m’angoisse un max parce que je ne vois pour l’heure aucune issue.
Sans ressources,
ou si peu, je ne me vois pas particulièrement bien barrée ; ça pourrait
seulement être pire. Le co-propriétaire, une vieille habitude. Une certaine
affection due à la camaraderie, quand même. Un appui, un point de repère, une
sorte de sécurité dans le déséquilibre chronique. Une habitude rassurante, mais
inutile.
Une bouée de
sauvetage alors que j’ai pied et que je sais nager. Une bouée à plat, dégonflée
et pleine de rustines qui ne pourrait qu’éclater en tentant de la regonfler,
avec laquelle on aurait de fortes chances de se noyer ensemble, tandis que nous
avons plus de possibilités de s’en sortir en nageant chacun pour soi de son
côté. Et, pour ma part, le sentiment que de toutes façons il ne reste plus
beaucoup à nager ; il aurait mieux valu se larguer avant si seulement
quelqu’occasion propice et favorable s’était présentée, mais il n’y en eut pas.
Et si l’on ne se saisit pas de celle-ci qui n’est pas bonne bien qu’on ait la
certitude qu’elle est la meilleure puisqu’elle est la seule et qu’il n’y en
aura plus d’autre, nous finirons comme
nous sommes, pour le pire et non pour le meilleur.
Bref, rien de bien
réjouissant en perspective. Et mille pensées affolantes m’assaillent. Que
deviendrais-je ? On a beau ne pas être excessivement égoïste, on se pose
tout de même légitimement la question de savoir ce qu’il en sera de soi. Lui, il
est d’ici, il a un taf mal payé mais un taf et droit aux allocations chômage le
cas échéant. Moi, je n’ai droit à rien.
Mais l’idée qui
me tenaille le plus est celle de la solitude. Je suis pourtant quelqu’un qui
sait y faire face et la meubler, comme je l’ai fait tant d’années durant, ou du
moins qui a pu se donner l’illusion de le pouvoir pour tromper le temps.
Cependant, l’idée de ne plus jamais connaître la chaleur humaine d’une étreinte
jusqu’à l’heure de la mort, qui, elle, glaciale, m’emportera un jour dans la sienne, me fait
frissonner par avance. Je ne suis pas certaine d’avoir le stoïcisme nécessaire
pour affronter une telle situation ; j’ai peur de sombrer dans la
dépression.
Commentaires :
Bien sûr je me doute que tu l'as lue mais je me permets tout de même de te mettre ce lien sur un article sur S. de Beauvoir , il rappelle quelques points de sa réflexion qui sont toujours intéressants .
http://www.telerama.fr/livre/24162-simone_de_beauvoir_une_parole_toujours_vive.php