Cet article est la traduction de celui du blog d'une italienne que je lis régulièrement et qui figure dans ma liste de liens. A l'heure où le Vatican part en croisade contre l'avortement, mais surtout contre les femmes en général, je préfère laisser la parole aux italiennes, qui connaissent les rouages de leur pays mieux que moi. Un pays qui "cherche à imposer aux femmes la maternité infligée, un pays destiné à mourir de vieillerie réactionnaire, qui voudrait contraindre les femmes à accoucher d'enfants meme malades, malformés ou handicapés pour remplir ses berceaux vides.", comme elle dit elle-meme dans un autre de ses articles, plutot que de réaliser les crèches et les écoles maternelles manquantes afin de rompre le cercle vicieux qui maintient les femmes hors du monde du travail et les condamne au foyer. Parce que les femmes ne peuvent pas élever leurs enfants dans des conditions satisfaisantes leur garantissant des revenus décents et l'indépendance, elles préfèrent ne pas en avoir.
A un moment où on parle en France de "laicité positive" et qu'une odeur de Concordat est dans l'air, il ne m'a pas semblé inutile de commencer par l'aspect fiscal de la chose et disant ce que cela coute aux contribuables.
L’Eglise n’en a
jamais assez. Après le repas, cette dévoreuse a plus faim qu’avant.
Le repas, c’est l’obole, l’entretien du clergé, depuis 1984, (renouvellement du Concordat) que l’Etat a déchargé sur les épaules des citoyens par le biais du 8
pour 1000 du montant total des impôts. Comme prévu par les malins qui ont
reconduit le Concordat (article 37), seul un tiers des contribuables choisit à
qui donner l’obole, et le Vatican parvient donc à en encaisser 85% du montant
total. Les chiffres officiels de
Mais ce n’est pas assez. A ce chiffre énorme déboursé chaque année par
les contribuables, il faut ajouter une somme du même ordre déboursé directement
par l’Etat, c’est-à-dire avec notre
argent : en 2004, 258 millions d’euros ont été versés aux écoles
catholiques, 44 millions aux cinq grandes universités catholiques, 20 millions
à la seule Université de l’Opus Dei, 478 millions pour les salaires des 15 000 enseignants de religion passés
titulaires dans tous les établissements scolaires.
Mais ce n’est pas assez. En ajoutant le financement des établissements
sanitaires gérés par l’institution catholique, on peut calculer un autre milliard
d’euros dépensés par l’Etat, toujours
avec notre argent.
L’Eglise gère,
effectivement, outre à 6 000 centres médicaux, subdivisés en 1853 hôpitaux et
autres instituts conventionnés, 729 orphelinats, 534 dispensaires, 136 cabinets
médicaux, 10 grands hôpitaux (dont l’Agostino Gemelli, l’hôpital de l’Etat du
Vatican) et 111 hôpitaux de moindre dimension.
Dans le domaine
de l’instruction catholique, l’Eglise italienne dispose de 504 séminaires, 6228
écoles maternelles et crèches, 1280 écoles primaires, 1136 collèges et lycées,
et outre aux cinq grandes universités, dont la seule fréquentation des cours
assure une place dès la sortie après diplôme, 130 universités moyennes
financées par l’Etat qui payent les droits d’inscription des inscrits.
Une telle structure
est sous-tendue par un appareil de gestion aussi colossal, constitué par 118
sièges épiscopaux, 12 314 paroisses et presqu’autant d’oratoires, 360 maisons
mères d’ordres religieux, un millier de couvents et monastères (dont la moitié, faute de vocations, finissent par
devenir des hôtels 4 étoiles).
Mais ce n’est pas assez Sur le seul territoire métropolitain de la ville de Rome, le Saint Siège et
l’épiscopat romain possède un immense patrimoine immobilier, dans et hors les
murs auréliens, équivalent à un cinquième de la surface urbaine à l’intérieur
des anciennes fortifications de la ville. Le seul Etat du Vatican possède des
propriétés immobilières mentionnées seulement en partie par le Pacte du Latran
de 1929 : par exemple le Palais de
Mais ce n’est pas assez. Sur tout ce patrimoine immense, ni le Vatican ni
Mais ce n’est pas assez. Le manque à gagner de tels dégrèvements fiscaux
s’élève à environ 9 milliards et demi, ce qui signifie que sans ces privilèges
fiscaux accordés à l’Eglise, l’Etat pourrait réduire de moitié le poids fiscal
direct et indirect qui pèse sur les citoyens-contribuables.
Mais ce n’est pas assez Aux
exonérations fiscales accordées par l’Etat, il faut ajouter les exonérations communales,
puisque selon une loi récente les institutions ecclésiastiques « non exclusivement
commerciales » sont exonérées d’impôts locaux. Et comme pour obtenir la
dite exonération il suffit que ces institutions (hôtels, restaurants, maisons
de cure ou de repos, etc), auto-certifient qu’elles sont « aussi »
des lieux de culte (il suffit d’une chapelle annexe), aucune commune de la
péninsule ne perçoit un seul euro de ces activités lucratives. Cela constitue
un manque à gagner de 2 milliards et demi par an pour les communes italiennes,
qui ajoutés au manque à gagner des exonérations fiscales accordées par l’Etat,
fait monter l’évasion fiscale totale de la Sainte Eglise Romaine à environ 12
milliards d’euros.
Mots-clés: catholicisme Italie laicité