La chaleur qui
s’est abattue en quelques jours me rend atone. Je n’ai envie de rien sinon qu’il
soit six heures du soir pour aller à la plage me rafraîchir. Avant c’est
intenable. L’eau, qui était encore frisquette il y a seulement quelques jours,
est aussi chaude qu’au mois d’août. Jamais vu un début d’été aussi atypique.
L’évaporation est si intense qu’une brume inaccoutumée dilue le paysage maritime
qui se noie sans horizon. La mer qui semblait un lac depuis déjà quelques jours
est à l’étale, sans une onde, comme une nappe d’huile. L’eau est claire et
translucide et les sillons du sable se voient nettement même avec plusieurs
mètres de fond ; les poissons, les petites palourdes oblongues posées sur
le fond, blanches et mauves, aussi. Il faut faire plus de cent mètres vers le
large pour que l’eau fraîchisse. Les îles ne se voient pas, leurs contours ne
se dessinent même plus, ce qui donne au paysage, pour qui comme moi le connait
bien, quelque chose d’inusuel, presqu’irréel. Le temps semble alors s’être
arrêté et, si le soleil ne descendait sur l’horizon qu’il finit par marquer, il
me semble que je finirais par me dissoudre et me diluer dans le paysage pour ne plus exister. Ce qui, ce soir, n'aurait pas été pour me déplaire.
alberto
Tu ne m'aimes pas mais rien n'empêche d'envoyer un encouragement à un être qui ne voudrait plus être, si fugitive soit cette impression !