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Parfois, les vieux sont graves.
Entre un vieux pignouf sexiste comme Gédéon, ingé en retraite qui, avant d'être en retraite ne devait pas seulement être ingénieur mais play-boy sur le retour, et promenait ses blondes secrétaires en Bugatti (Gédéon adorait les Bugatti -d'occasion, parce qu'enfin une Bugatti neuve, même pour un salaire d'ingénieur, ça fait cher-) plus souvent que sa femme, et Mamy Nova, vieille taupe onctueuse capable de distiller un fiel d'une âcreté qui rend sa garniture de Chantilly plutôt rance, on se dit que parfois les vieux sont graves.

L'artério-sclérose galopante rend leurs discours, apparemment lucides, étranges, si l'on y prête quelqu'attention, et si l'on y prend garde
on se rend compte qu'ils déstabilisent les situations. Comme ils ont eu une certaine éducation et de l'instruction, on est tenté de faire grand cas de leur expérience, et de se laisser fourvoyer par leurs discours qui peuvent à priori sembler sages. Mais on s'aperçoit bien vite que que l'ascendant qu'ils exercent ainsi sur des plus jeunes sert avant tout leur besoin de domination, et que pour y parvenir ils se font aisément manipulateurs.

Mon père n'était certes pas ingénieur. Et ma mère, certainement plus intelligente que la vieille taupe dont je parle, n'avait pas de ces revenus qui vous installent dans cette bourgeoisie sociale-démocrate feutrée et sûre de son bon droit.

Si mes rapports n'ont pas toujours été des meilleurs avec mes parents, à tout prendre je les préfère à deux vieux jetons comme Mamy Nova et Gédéon.

 
Ecrit par Lory, le Lundi 20 Octobre 2008, 02:05 dans la rubrique Scories.