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Banlieue-Banlieue

Durant la grève des transports qui crucifie les parisiens et qui me contraint à rester en banlieue, je vais à la bibliothèque municipale qui présente l’avantage d’un accès gratuit aux ordinateurs à ses inscrits, avec la carte de ma mère. Il doit bien y en avoir une trentaine, pris d’assaut à la sortie des écoles. Je prends donc la précaution de m’y rendre avant, mais le mercredi il n’y a pas d’heure qui tienne. Ce mercredi là j’en trouve quand même un où me caser le temps de relever mon courrier.

 

Tandis que je galère avec le clavier azerty auquel je ne suis pas habituée (et il faut que j’apprenne rapide à me dépatouiller avec), des adolescents sont affairés sur leur machine. Ce sont pour la plupart des petits maghrebins ; assis à deux devant un ordi, ils s’entraident pour le faire marcher et se donnent des conseils pour trouver ce qu’ils cherchent. Ils sont gentils et correctement habillés, comme tous les adolescents ils sont un peu empruntés et pas très sûrs d’eux, ils regardent parfois furtivement autour d’eux comme s’ils craignaient d’être réprimandés pour une raison quelconque alors qu’il n’y en a aucune puisqu’ils ne font rien de mal, sinon un peu de bruit, comme tous les gamins de leur âge. Entre eux, ils parlent arabe. Un arabe truffé de mots français, essentiellement des expressions techniques ou appartenant au vocabulaire de l’informatique. C’est assez comique parce que je ne comprends évidemment pas un mot de ce qu’ils se disent, mais de temps à autre j’entends « souris » blablabla « clique là »…blablabla « téléphone » et ainsi de suite. Ils parlent aussi français, évidemment, mais d’une façon assez incorrecte grammaticalement et avec un accent qui me rappelle celui des pieds-noirs d’autrefois, et qui me surprenait quand j’étais gamine.

 

Là, effectivement, l’école a raté quelque chose. Elle n’a pas réussi à leur enseigner le français correctement. Cela me surprend d’autant plus que les quelques petites maghrebines de ma classe, il y a 40 ans, le parlaient, elles, sans accent ou plutôt avec le même que nous. Mais elles étaient alors très minoritaires et s’assimilaient d’autant plus rapidement à la masse. Aujourd’hui, les choses sont différentes, les cités étant restées quasi exclusivement peuplées d’immigrés et de leurs descendants, ils parlent la langue de leur cité, qui n’est jamais le français, en famille comme au dehors, excepté à l’école, le seul endroit où ils doivent parler cette langue française qu’ils maîtrisent mal, et encore, pas durant les récréations à ce qu’il paraît.

 

Pourtant, nous ne sommes pas ici en zone 4 de la carte orange. Paris n’est pas très loin et le métro ou le RER ne sont qu’à quelques arrêts de bus ; on peut même facilement y aller à pied par les raccourcis. Et il n’y a pas, dans cette commune qui a été communiste durant des décennies, de grandes cités ni des forêts de tours. Elles sont relativement petites et noyées dans l’étendue des pavillons devenus coquets et même assez cossus avec le temps. Les bicoques d’autrefois sont devenues depuis longtemps des abris de jardin et de grandes maisons en style « Île-de-France », comme je les appelle, aux tuiles brunes, ont été construites sur les terrains. Mais, en passant un jour devant mon ancienne école primaire à l’heure de la sortie, je constate que les blancs ne représentent guère plus de 10 %. Où vont donc les 90 autres % essentiellement résidents dans les zones pavillonnaires où dans ces petites résidences récemment construites et qui ne font pas plus de quatre étages? Dans les écoles privées, même si elles sont loin de leur domicile. C’est là que vont aussi les enfants des italiens arrivés avec leurs parents quand j’étais enfant.

 
Ecrit par Lory, le Mercredi 5 Décembre 2007, 17:56 dans la rubrique Paris-Banlieue.