La fée Turquoise,
que je suis allée trouver ce matin sur le coup de onze heures, m’avait mis de
côté un article paru dans la presse locale, qui parlait précisément de notre
job.
Le grand tour des précaires : elles
accompagnent les touristes, mais sans contrat.
Tel était le
titre de l’article.
Un métier intéressant et bien payé pour beaucoup,
mais sans aucune garantie
Malaise et aucune tutelle
Pouvait-on lire
encore en sous-titres.
Il est vrai que,
comme le relatait d’ailleurs l’article, il n’existe aucun contrat. Les agences
vous connaissent, généralement parce que vous avez envoyé un CV en vous
recommandant d’Une Telle que vous connaissez et qui vous a dit à qui vous
adresser, vous appellent, vous payent, point. S’il vous arrive quelque chose, vous
ne travaillez pas et vous ne gagnez rien. Si quelque chose va de travers durant
une excursion, la crainte est de ne pas être rappelée la fois d’après. Ce qui
fait que la précarité qui vous ronge, elle est notre lot commun, d’autant que
d’octobre à mai, la plupart ne font rien où des petits boulots par ci par là,
certaines font des remplacements dans l’enseignement, donnent des cours du soir
en formation professionnelle, etc…
Un métier ici
quasi exclusivement féminin, et c’est sans doutes une des raisons pour lesquelles
il est si précaire : le travail féminin étant souvent considéré
« salaire d’appoint ».
Je gagne
davantage en 10 jours que le co-propriétaire en un mois. Mais je n’ai pas droit
au chômage, et ma retraite sera moins de la moitié de la sienne, ce qu’il ne
prend évidemment pas en considération. Après m’avoir reproché durant des
années de gagner peu ou rien, le voilà qui me regarde de travers parce que je
gagne plus que lui en travaillant deux fois moins. J’ai laissé ma voiture à ma
fille, ne pensant pas en avoir besoin, je suis donc bien obligée de prendre la
sienne puisque les horaires des trains ne correspondent pas avec les miens,
et je ne travaille pas toujours les mêmes jours que la Fée Turquoise, ce qui nous
permet de n’utiliser qu’une seule voiture ces jours là. Et bien il me fait du
chantage au risque de me faire perdre mon boulot déjà précaire en soi pour la
moindre péccadille alors qu’il sait très bien que je ne pourrais pas m’en
acheter une autre avant la fin de la saison : « c’est pas ma voiture »...
Vivement
septembre… je me demande si je vais tenir jusque là.
Yio
J'ai le même genre de problème de totale précarité et la même échéance. Tenir jusqu'à septembre... Quand je me prends des refus d'aide de toutes les institutions parce que je ne rentre dans aucune de leurs cases trop étroites, quand on me fait perdre des demi-journées entières en constitution de dossiers et rendez-vous inutiles pour finalement m'envoyer balader avec un sourire navré, je me dis que le système pousse franchement au crime.
Au moins, à force de devoir se battre sans arrêt depuis des millénaires, les femmes ont acquis des qualités désormais génétiques, elles sont totalement increvables et d'une résistance extra-terrestre, sans quoi le genre féminin aurait disparu. Je suis sûre que tu ne te laisseras pas abattre et que tu trouveras les ressources dont tu as besoin.
Je ne sais pas quels sont tes liens avec le "colocataire" qui te prête sa voiture, te fait chanter et se sent le droit d'être vexé que tu gagnes plus que lui (ai-je l'air pessimiste, si je dis que je crois reconnaître un comportement de mari ?) mais il mériterait que tu trouves de quoi le faire chanter lui aussi.
Bon courage.
Et sache que je passe te voir tous les jours, même si je ne suis pas très bavarde :-)