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Deux dindons et des pintades
--> dans la basse-cour de la Bovésie

Deux dindons et des pintades faisaient de la philosophie dans la basse-cour de la Bovésie. Il y avait là Mécémémé, Célestine Castafiore, quelques vieux coqs déplumés qui n’avaient pas grand-chose à dire à part tenter de placer un cocorico de temps à autre histoire de faire acte de présence en parlant pour ne rien dire entre les points de suspension. Kotkotkodaak ne passait pas souvent, c’est vrai qu’elle n’avait pas grand-chose à dire à part qu’elle était tout à fait disposée à se mettre un tchador pour visiter ce beau pays qu’est l’Iran. Germaine passait rarement également, tenant salon dans une cabane à lapins où elle recevait nombre de « potes » tout à fait à gauche, de ceux qui avaient nettement plus de mal à condamner le sexisme que le racisme au nom du relativisme culturel chez la volaille.

 

Cette basse-cour était remplie jusqu’à raz-bord de bons sentiments fraternels (j’ai bien dit fraternel, pour la moitié féminine de l’humanité, il y en avait nettement moins), c’en était dégoulinant de bonté ; il n’y avait qu’à lire Célestine Castafiore pour s’en convaincre, et on avait immédiatement envie de tourner les talons pour ne pas se retrouver gratifié de tant de bonté qui vous arrivait comme du beurre de yack un peu rance (le beurre de yack étant par nature un peu rance) dans la figure.

 

On y avait une compassion sans limites pour la volaille persane, c’en était émouvant. Pour d’autres, de méchants petits blancs qui n’avaient pourtant pas tous voté pour Sarko, peu s’en faut, sinon on se demande bien comment Ségolène aurait fait 47%, ne rêvaient pas tous de chasses aux volailles immigrés ni de tests ADN pour toutes les volailles d’importation (d’ailleurs sait-on jamais, la manie d’aller farfouiller dans les chromosomes des gens aurait pu s’étendre à tout le monde, et là les surprises n’auraient pas manqué même dans la basse-cour de la Bovésie puisqu’à ce qu’il paraît deux marmots sur dix n’ont pas le père qu’ils croient), ce n'était que mépris tant on y était persuadé qu’un immigré c’était nécessairement meilleur qu’un petit blanc, en vertu d’on ne sait pas très bien quoi, un immigré n’étant pas par nature moins sexiste que le premier visage pâle venu, ni meilleur à tout point de vue.

 

Bref, c’était une basse cour où l’on était pacifiste en espérant tout de même bien qu’un certain pays finisse rayé de la carte, solution finale à tous les problèmes mais, comme on n’a pas beaucoup de suite dans les idées chez la volaille et qu’on est encore moins doué pour la philosophie que pour l’histoire, ce qui n’est pas peu dire, on ne concevait pas qu’à vrai dire, si un tout petit pays venait à être rayé de la carte par une bombe atomique, il y aurait nécessairement des retombées pour tout le monde, les vents ne s’arrêtant pas aux frontières, y compris pour cette volaille imbécile se croyant du haut de son perchoir bloguesque supérieure au commun des mortels.

Ecrit par Lory, le Dimanche 30 Septembre 2007, 11:50 dans la rubrique Scories.