Voici donc la dernière trouvaille des intégristes. Il y a vraiment quelque chose
d'hallucinant dans un tel acharnement. Il paraitrait qu'avec les progrès de la
science, dans quelques rares cas mais avec des risques très importants de malformations
et handicaps graves et irréversibles, le foetus puisse être viable en dehors du
ventre maternel à partir de la 23ème semaine de gestation.
Un groupe de pédiatres, à partir de cette éventualité, avaient proposé à
l'attention du comité national de bioéthique italien voici quelques temps, un
document, intitulé "Charte de Florence", où ces médecins faisaient
remarquer dans son préambule au sujet des grands prématurés " la nécessité
de garantir à la mère et au nouveau-né une assistance adéquate dans le but
exclusif de leur éviter des soins inutiles, douloureux et inefficaces relevant
de l'acharnement thérapeutique". Les soins nécessaires prévoient le
positionnement d'un tube dans la trachée et le massage cardiaque, ce qui peut
provoquer des souffrances certaines sur un sujet si minuscule, telles que la
lacération de la trachée ou un pneumothorax.
Vouloir charcuter à ce point un pauvre petit tas de chair pour le faire vivre
de force, même mutilé et handicapé à vie me parait relever du sadisme et de la
cruauté à l'état pur, et cela n'aura jamais rien de comparable à la suppression
d'un un embryon qu'est l'avortement. Il y a dans cet acharnement quelque chose
de bien plus révoltant que l'avortement, de réellement monstrueux. Il
s'apparente d'ailleurs à l'acharnement en fin de vie et participe du même
esprit.
Car ce n'est pas tant l'abrogation de l'avortement que visent les intégristes
mais sa limitation la plus extrême à la 22ème semaine. Or nombre de
pathologies ne peuvent être décelées qu'après celle-ci, ce qui revient à
interdire l'avortement thérapeutique, soit celui effectué passé le délai
actuellement autorisé par la loi 194 (à peu près la même normative que la loi
française), dans le cas de malformations et maladies graves et incurables décelées.
Mais ce qui ressort clairement de telles éventuelles pratiques, c'est que le
corps des femmes est ouvertement considéré comme un container. La femme n'est
plus une personne humaine et citoyenne mais un ventre, dont la
principale caractéristique est la reproduction. Elle n'est plus une femme, une
personne humaine avec son psychisme et sa personnalité, mais un environnement
physiologique nécessaire au développement de l'embryon. Réifiée.
On perçoit bien là l'antique jalousie et l'envie des hommes dont parle Françoise
Héritier devant ce privilège inouï de pouvoir à la fois reproduire la même et
le différent qui est à la racine du patriarcat et de sa domination:
contrôler ce qui leur échappe, la reproduction.
Commentaires :
Re:
Re:
Oui, ils sont bien fous à lier!
L'acharnement thérapeutique sévit en France aussi, une connaissance infirmière chef en bloc a décidé de quitter son poste en maternité, c'était devenu psychologiquement insoutenable!
Merci pour cet article
Re:
Le déni patriarcal envers l'autonomie des femmes signe ici son abject diktat!