Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'Attorney du top-ten

On dit que d'aucuns, à leur plus grande stupéfaction, on entendu dire par des lascars de banlieue, mi-analphabètes et jargonnant en broken-french, lors de chauds moments, des choses du genre: "j'dirai qu'dalle tant que mon attorney s'ra pas là", ce qui prouve indubitablement que les-dits lascars ont le cerveau rongé entre autre par les télés qui leur débitent, entre autre également, un tas d'américaneries et de conneries françaises itou.

Figurez-vous donc si ces lascars, leurs familles et leurs voisins, de nationalité française cependant comme vous et moi ou l' "attorney", savent seulement ce qu'est un "avoué", et s'ils sont disposés (en admettant qu'ils le sachent, mais ils n'en ont assurément pas la moindre idée), qu'on s'adresse à un avoué en l'appelant "Maître"; c'est déjà beaucoup s'ils ont la simple politesse, citoyenne (mais il est légitime de penser qu'ils n'ont pas la moindre idée de ce que signifie être un citoyen) de l'appeler "Monsieur"!

Il faut être avoué radical-chic inscrit au top-ten des blogs francophones pour avoir la suffisance et la prétention se faire encore appeler "Maître" quand on est avoué, dans la plus pure tradition désuète et obsélète BBR autant que BCBG chère aux jeunes filles de bonne familles référencées et pédalant en bicyclette bleue.

Mais laissons cela. Dans ces histoires de
référencement, on a déjà vu qu'il en est comme des statistiques: on obtient des résultats variables selon la méthode employée. Ce qui est en revanche intéressant est le florilège de vocabulaire sexiste et de savantes tournures discriminantes qu'on peut relever autant chez l'avoué radical-chic que chez ses intervenants.


Sa stagiaire est « l’esclave » (c’est lui qui le dit) et, fort heureusement, il se trouve aussi, mais rarement, quelque visiteur non dépourvu d’humour ni trop impressionné par la fonction d’homme de loi, pour demander fort à propos : « vous vous habillez chez Prada ? ».


Les gens de robe, on le sait, font toujours leur effet sur le public, et les effets de manches viennent ponctuer les effets oratoires.


On apprend ainsi que les avocates sont des « confrères avocats », mais qu'il vaut tout de même mieux éviter des locutions telles que "un confrère féminin", une avocate étant maître et non maîtresse.


Dans le même style, une femme médecin ne pourra en aucun cas être la médecin vu que le féminin de médecin est médecine, et peut importe si l’homme-médecine (« medecine-man ») est, en anthropologie, le guérisseur en médecine traditionnelle.


Mais il y aura tout de même un finaud plus « misogyne à l’ancienne » encore pour faire remarquer que décidément non, le féminin de médecin est infirmière (sic, et là on se demande bien de quoi infirmier soit le masculin), un autre pour demander, goguenard, quel est le féminin de sage-femme, une qualité qui ne concerne que ces dames, comme s'il n'y avait pas d'obstétricien, un autre encore plus fin pour demander s’il faut dire ingénieure ou ingénieuse, docteure ou doctoresse, sénateure ou sénatrice et pourquoi pas sénateuse, mais de vous faire remarquer que tout de même pour arriver à de si hautes fonctions quand on est femme, "il faut des couilles", comme quoi même les plus hautes charges de l’Etat si elles sont occupées par des femmes deviennent comme par enchantement moins dignes de respect, et c’est si vrai qu’il s’en trouve un pour demander si le féminin de « chef des armées » est chefesse. Et notre avoué qui pour rien au monde ne dirait la médecin, ni même la doctoresse, de dire « madame le président du tribunal ». On ne parlera bien entendu que de greffiers, quand on sait très bien que ces fonctionnaires, subalternes, sont majoritairement des femmes et donc des greffières.


Sachez tout de même qu’un mètre étalon n’a pas de règles, ce qui donne droit au couplet masculiniste selon lequel l’égalité des sexes serait miraculeusement réalisée, et parfaitement symétrique, au point qu’il faille dire le partie et le victime s’il s’agit d’un homme. D’ailleurs ne sommes-nous pas dans un pays où l’on peut devenir avocat sans être nécessairement issu de la bourgeoisie si l’on s’en donne la peine ? Oui certainement, mais enfin statistiquement il doit y avoir beaucoup plus de gens de robe issus de la bourgeoisie que des classes populaires, et parmi ces dernières, on se demande combien de femmes y parviennent...


On ne doute pas, après avoir lu l’attorney du top-ten, que, si l’on est une femme, on ouvrira d’autant plus rapidement un cabinet rentable si l’on est stagiaire chez le « Maître de ces lieux-là », qu’on revendique mordicus être avocat et docteur plutôt qu’avocate et docteresse et, surtout, si l’on s’habille en Prada. La bicyclette bleue est un plus, et le caviar ne doit pas etre loin.

 

C'est avec beaucoup d'émotion qu'on se souviendra avec quelle républicaine fraternité notre héros des blogs et du barreau défendit la cause de Bereno, mais en l'occurrence sur la toile francophone, la voix d'un inspecteur du travail manque bien davantage que celles de légions d'avocats jointes au choeurs de leurs stagiaires.

Ecrit par Lory Calque, le Mercredi 18 Octobre 2006, 00:33 dans la rubrique Scories.

Commentaires :

Gaadjou
Gaadjou
21-05-07 à 19:24

Attention!

Cet article est limite raciste (alors que j'ai la quasi certitude que l'auteure n'en a pas la volonté). En se focalisant sur les quartiers populaires et sur l'influence des productions américaines dont les habitant-e-s seraient victimes. Comme si seuls les habitant-e-s des quartiers populaires étaient plus perméables à la bétise audiovisuelle. La "tradition" du jeté de bouquet dans les mariages en France dans toutes les campagnes "blanches" montre que la bétise est bien à l'image de la République française : universelle ; en effet, ce geste n'a rien de traditionnel (inconnu il y a encore 25 ans en France), il est une imitation de scènes de mariage vues dans les films et séries américaines. Et que dire d'Haloween ! Il faut prendre soin d'étendre sa réflexion si l'on ne veut pas tomber dans l'amalgame facile...
La conception de la justice, comme celle des traditions est souvent bien loin de la réalité, et ce par l'influence des productions audio-visuelles états-uniènnes. Cette déformation (malheureuse) n'est pas l'apanage des populations étrangères ou issues de l'imigration, mais touche toutes les couches sociales en France...

 
lorycalque
lorycalque
21-05-07 à 20:11

Re: Attention!

Cet article a pour principal sujet le vocabulaire et la mentalité sexiste de l'"attorney"; le reste est relatif au sujet traité dans le billet du dit attorney, que je relate pour situer le contexte.

Les lascars de nationalité française peuvent etre tout ce qu'il y a de plus "BBR", "bien blancs  et bien de chez nous", cela n'a absolument aucune importance parce qu'ils parlent exactement de la meme manière que les autres et avec le meme vocabulaire dans ce type de situation (et je sais de quoi je parle parce que j'ai longtemps vécu dans le 9-3). Je ne parlais donc pas particulièrement des populations issues de l'immigration, pas plus que le billet de l'attorney, d'ailleurs.

Les productions du type sont vous parlez sont surtout destinées aux populations des milieux populaires, il est donc bien compréhensible qu'ils en répètent les stéréotypes.