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La force du nombre
C'est le titre que donne une lectrice féministe à l'un de ses commentaires. Je l'ai repris parce que l'expression me parait juste; les femmes, effectivement, sont un peu plus nombreuses que les hommes en France, 52%, et pour ce que je me souviens avoir lu, c'est à peu près le pourcentage, légèrement supérieur à celui des hommes, des naissances féminines dans le monde occidental, le monde en général, sauf dans les pays ultra-patriarcaux où les naissances sont sélectionnées par écographie et les foetus femelles éliminés, premier des gynécides qui provoque dans ces memes pays un inquiétant déséquilibre dans la population.

Mais ce n'est pas de ce fait, triste s'il en est, dont je veux aujourd'hui parler.

Les femmes en ont parlé et en parlent souvent sur le forum des Chiennes de garde, dans des fils entièrement consacrés à la question, comme précisément la féminisation des noms de métier, ou la grammaire. Le monde masculin a beau jeu de les moquer, de tourner en dérision ce qu'il considère des lubies, encore que, après des années d'existence, l' association des CdG est désormais connue et son forum représente la "voix " francophone par excellence vue la participation active de nombreuses femmes à celui-ci, de sorte que, pour ce que j'ai pu noter cette année sur le web, il devient de plus en plus déplacé d'en mal parler ou du moins de les tourner en ridicule. Ce peut-etre aussi parce qu'étant actives sur la toile, l'association ayant fait école, les femmes qui ont participé ou lu leur forum ont a disposition un argumentaire solide et la parole mordante. On craint sans doute davantage leurs interventions qu'on ne les moque.

Sans doutes parfois exagèrent-elles un peu, tombant dans les travers du dogme et de l'orthodoxie, mais en général leurs discussions reflètent bien leurs préoccupations, et ce n'est pas un hasard si elles sont si pointilleuses, capables meme de couper les cheveux en quatre jusque dans les détails les plus infimes.

Le fait par exemple qu'elles soient capables de débattre durant des pages et des pages pour savoir si l'on doit dire Madame ou Mademoiselle, et d'illustrer quand, comment, et à quel age, peut faire sourire, mais que dirait un homme si on lui demandait à tout bout de champ: "Monsieur ou Mondamoiseau?"

L'Académie française pourra toujours ergoter pendant des lustres sur la grammaire et le vocabulaire, prétendre jusqu'à la momification et l'embaumement qu'il faille dire d'une femme "Madame le juge", il n'en reste pas moins que lorsque les femmes parlent de leur affaires elles disent communément: "mon avocate a sorti le dossier de mon divorce et la juge m'a donné la garde des enfants".

Nombre de professions se sont effectivement féminisées au cours de ses dernières décennies, on parle de plus en plus souvent d'une auteure, d'une chercheuse, d'une policière, etc..., naturellement tant cet état de fait est passé dans les moeurs.

Personellement, je ne respecte plus depuis longtemps la règle selon laquelle en toutes circonstances le masculin l'emporte sur le féminin dans les accords en genre et en nombre. Il me semble plus logique de respecter la loi de la force du nombre. Dans le doute du neutre, un tract, un appel, une information rédigé entièrement au masculin ne me parle pas. Je trouve normal de trouver des formules telles que "tous-tes", "représenté-es". Et dans une assemblée, une réunion où les femmes sont majoritaires de façon manifeste, il me semble juste de faire l'accord au féminin pluriel.


Ecrit par Lory, le Mercredi 11 Avril 2007, 16:04 dans la rubrique Femmes & Féminisme.

Commentaires :

Mauvais Genre
16-04-07 à 17:16

Je te suis

Entièrement d'accord avec cette note! À noter aussi que la question ne se pose pas qu'en français. Par exemple, en anglais aussi, le masculin est sensé l'emporter quand on parle d'une personne abstraite, comme par exemple dans la phrase "Le lecteur de ce livre pensera que...", le genre apparaissant dans les pronoms her/his. Et certaines féministes américaines mettent ces "personnes abstraites" au féminin.

En français, on en est encore loin.. Qui penserai à écrit, dans l'intro de son livre "J'espère que la lectrice prendra plaisir à lire mon ouvrage" ? Qui parle de "législatrice" pour désigner cette entité fictive qui écrit les lois ? etc etc...

Sinon, rien à voir mais j'ai découvert ton blog suite à un commentaire sur le mien, et je t'ai également mise en lien!

À bientôt,
MG