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Le nœud gordien
--> il ne se tranche pas, il se dénoue comme un foulard
Je n'ai jamais mis Christine Delphy dans ma liste de liens parce que son discours ne m'a jamais entièrement convaincue. Marie Victoire Louis y a par contre figuré dès le début, c'est même un des tout premiers sites féministes à y avoir figuré avec Sisyphe. Parce que Marie Victoire Louis n'a jamais cautionné le port du voile. Elle tient par ailleurs des discours qui rejoignent ceux de Christine Delphy, mais le fait qu'elle n'ait jamais soutenu nulle part à ma connaissance les porteuses de foulard fait pour moi toute la différence.

Mauvaise Herbe a publié récemment sur son site un texte de Marie Victoire Louis. Un texte très intéressant parce que c'est en quelque sorte un bilan du féminisme, très clair, exhaustif en ce qu'il constitue une fresque précise de la condition féminine. Il explique très bien où nous en sommes et ce qu'il nous manque encore, ce qu'il nous reste à conquérir pour obtenir l'égalité que nous sommes loin, très loin d'avoir.

Il est, pour moi, fondamental de considérer que les Droits de l'Homme sont précisément ceux de l'homme mais pas ceux de la femme en ce que l'Homme se considère l'universel, et conçoit  l'Universalisme au masculin. C'est de là que je pars et tout le reste pour moi "n'est que littérature". Dans cette conception, les femmes sont relatives et subalternes, assujeties au pouvoir masculin et ce par la violence et depuis la nuit des temps. Et c'est bien ce que fait Marie Victoire Louis que je cite:

Cette violence masculine à l’encontre des femmes est universelle. Et si elle existe et de manière si massive au sein de sociétés aussi différentes que les sociétés esclavagistes, féodales, théocratiques, capitalistes, socialistes, c’est qu’il existe bien un système commun à toutes ces structures - que l’on peut nommer patriarcat 22 - et qui les transcendent. Cette universalité s’explique par la nécessité pour toutes les sociétés de rester en mesure de contrôler les différents usages des corps des femmes, dans ses fonctions reproductives et productives. Celles-ci, loin d’être figées, évoluent au gré des intérêts et des cultures des sociétés concernées.

 Elle observe que:

Cette approche, qui rend indispensable l'analyse historique et donc politique du contexte dans lequel ces violences se manifestent, ne saurait cependant être utilisée pour les relativiser au nom de l'histoire, de la culture, de la politique.

Et en conclut que :

La seule différence - et elle est de taille - tient au regard porté sur cette violence.

En effet précise-t-elle dans une note en bas de page:

Les pays occidentaux, les pays riches, les pays qui donnent des leçons de droits de l’homme -tels que définis par eux-mêmes - à travers le monde et qui subordonnent l’octroi de leur “aide” à leur respect ne veulent pas voir à quel point leur soi-disant universalisme est lucidement dénoncé. Que peuvent en effet répondre les Etats Occidentaux aux intégristes de tous poils qui, pour mieux enfermer les femmes vivant sous leur férule ou sous sa menace, renvoient aux Occidentaux la manière dont ils traitent les femmes dans leurs propres pays ? Comment ceux-ci peuvent-ils dénoncer l’enfermement des femmes dans les tchadors quand ils acceptent et légitiment l’enfermement des prostituées ? Comment peuvent-ils s’affirmer comme les défenseurs des droits de ces femmes bâillonnées, lorsque la culture qu’il exporte à travers le monde est celle de la banalisation de la violence et de la pornographie ?

Qui pourrait lui donner tort? Elle a évidemment raison. La différence avec Christine Delphy est qu'elle ne vient pas nous dire, comme Tévanian , qu'il est démocratique d'accepter le foulard pour autant.

Alors où nous situons-nous, politiquement, nous les femmes, en tant que féministes? Telle est la question que je me pose ou plutôt que je me suis posée. Et la réponse que j'y ai apporté procède de ce raisonnement que je me suis fait et que je ne suis pas près de changer.

Qu'attendre de la droite? Rien. Le monde conservateur reprend à son compte les thèses de l'extrème-droite ou pour le moins ne les combat pas, s'en accomode plutôt bien. Et que soutiennent ces thèses quant aux femmes? Pour le moins une politique familiste et nataliste, par le contrôle de leur corps et de leur fécondité, le retour au foyer de gré ou de force par la mise systématique au temps partiel et à la précarité, la dépendance économique et le spectre de la pauvreté, par la remise en cause de l'avortement et même de la contraception dans les milieux les plus traditionalistes et/ou intégristes qui agitent le risque dêtre submergés par l'immigration. Mais, quand on est femme et féministe, on ne souhaite pas faire concurrence aux femmes immigrées en matière de natalité, on souhaite qu'elles aient la possibilité de faire moins d'enfants.

Quand on est femme et féministe, on est donc naturellement portée à espérer davantage de la gauche qui, en général, ne remet pas en question le droit à l'avortement et encore moins à la contraception. Mais à part ça, qu'en attendre? Pas grand chose. En politique comme dans les autres secteurs il y a peu de femmes aux postes de pouvoir réel, pas beaucoup plus à gauche qu'à droite. C'est donc ce qui se passe vers la gauche de la gauche qui m'intéresse le plus, puisque ce que je n'attend rien de la droite et qu'en plus je redoute son action.

Or leurs discours et les situations qu'on y trouve laisse trop sceptique pour qu'on y croit vraiment. Chez eux, l'Universalisme au masculin n'est guère plus remis en cause qu'à droite. Et chez eux comme à droite, ce sont les femmes à  faire les frais du changement espéré, promis et supposé à venir. Mais d'une autre façon, c'est là pour nous et à mon avis le seul changement.

Que devrait-on espérer d'hommes qui emploient les tactiques et les techniques de toujours? Pour lesquels la solidarité masculine joue à plein, qui ont les mêmes réflexes machistes qu'à droite avec pour seule différence qu'ils se traduisent différemment? Que se cache-t-il derrière des discours apparemment modernes et généreux?

Sans doutes les jeunes générations ont elles en partie assimilé les acquis de Mai 68 désormais rentrés dans les mœurs. Sans doutes les jeunes cadres et autres jeunes managers (voir l'enquête) sont-ils moins disposés à sacrifier leur vie de famille pour faire carrière, incertitude du lendemain oblige, ne se considèrent-ils plus des pourvoyeurs comme se considéraient leurs pères, ont-il envie de passer du temps avec leurs enfants (mais comment? en activité "gratifiantes" -jouer avec- le plus souvent, pas pour s'occuper du "lourd", de l'intendance) c'est très certainement une tendance qui se dessine dans notre société post-industrielle, mais cela ne représente pas grand-chose en ce que cela ne concerne qu'une petite partie de la population. Sinon, les précaires, les RMI, les SMIC, les temps-partiels ne seraient pas consitués à 80% par des femmes.

L'écueil sur lequel à mon avis viennent buter les discours de la gauche de la gauche, c'est l'immigration et le multiculturalisme. Discours révélateurs parce qu'ils cachent des opinions et des désirs beaucoup moins honorables que l'antiracisme pourtant mis en avant, que la lutte contre la xénophobie ou l'islamophobie pourtant prise comme prétexte comme drapeau au vent. Et de même qu' à droite on trouve des Palin, des Marine Le Pen ou des Boutins, on trouve dans la gauche de la gauche des passionarias, des madonnes de l'égalitarisme qui n'ont certes pas les mêmes revendications mais dont on peut douter très fortement que le résultat serait bien différent si elles en obtenaient la satisfaction. Sans doutes serait-il à peine moins néfaste.

Quand on lit les blogs de ces hommes de la gauche de la gauche, leurs forums, leurs sites et les commentaires de leurs mouvances, depuis des années que je les lis, et avant wikipédia où c'était exactement la même chose de ce point de vue là, il apparaît très clairement que tous les thèmes liés à l'immigration et au multiculturalisme, au racisme et à la xénophobie se développent dans le cadre de l'Universel au masculin.

Sous prétexte de multiculturalisme, d'antiracisme, de lutte à la xénophobie, ils "s'achètent" des cubaines ou des antillaises, des asiatiques ou des sub-sahariennes, des turques ou des albanaises. "Epousent leur cause" en les épousant, c'est à dire qu'ils échangent la nationalité et le bien-être contre des services. Leur discours est unanime et il n'en ressort qu'une seule chose: comme elles sont douces et dévoués! Comme elles cuisinent bien! Comme elles baisent bien (c'est à dire: comme elles sont disponibles au plumard)!. Ce qui ne signifie pas autre chose que: vous les occidentales vous nous faites chier avec votre féminisme. A nouveau la mise en concurrence des femmes, avec à la rescousse les madonnes et passionarias occidentales compatissantes, d'une part, et d'autre le chœur des voilées, des essentialistes et des femmes indigènes de la république, houries enragées décidées et prêtes à tout pour abattre de l'occidentale et avoir quelques miettes d'un pouvoir illusoire de miroir aux alouettes.

Quand ils auront installé leur nouveau monde égalitaire, pour les femmes se sera exactement comme avant.

Et comme un écho sinistre venant en faire la preuve par 9, la générale en chef des courges wikipédiennes ainsi s'exprime:

En fait, la plupart d'entre elles sont vraiment très belles et infiniment plus féminines que les européennes ou américaines, boudinées dans leur jean. Le Nigéria m'avait d'ailleurs donné la même impression. Nous sommes allés trop loin dans la confusion des deux genres, sous couvert d'égalité.


Autrement dit pour fourguer wikipédia tous azimuts, régressons. Mais au de là du simple aspect mercantile, la bien-pensence du "conservatisme éclairé" à mi-chemin entre les Verts et l'UMP vient nous dire: "quand vous avez fait votre journée à temps partiel, rentrez dans vos cuisines et mettez un ordinateur à côté de votre réchaud; quand vous ne touillerez pas les sauces dans vos casseroles vous écrirez un article sur la passemanterie du hidjab. Mais surtout, restez fâââmes!".


Ecrit par Lory, le Lundi 15 Septembre 2008, 17:30 dans la rubrique Femmes & Féminisme.

Commentaires :

lorycalque
lorycalque
23-09-08 à 11:33

Donc aux dernières élections j'ai voté pour Ségolène Royal, et je suis toujours persuadée que si elle avait été élue elle n'aurait pas eu de mal à faire moins pire que Sarkozy. Ceci dit je ne suis pas non plus une Ségolâtre, j'avais même pensé voter Besancenot au premier tour avant de me décider à "voter utile" dès le début. Ça n'a pas marché, et je me suis donc retrouvée avec les 47% désemparés devant le désastre. Je lis donc ici et là ce qui se dit dans la blogosphère pour me faire une idée, mais entre ceux qui se prennent pour des gurus en prédisant la fin de l'Empire (des gens qui n'ont vraiment pas le sens de l'histoire, un empire ça met un certain temps à s'écrouler, et ensuite il se passe un laps de temps certain avant que quelquechose d'autre ne ressurgisse, sept siècles de barbarie ont suivi la chute de l'empire romain et je veux bien que le monde moderne tourne plus vite mais quand même), et les enragés de la LCR auxquels je pensais récemment demander s'ils pensaient ressortir la guillotine ou s'ils pensaient plutôt utiliser des fusils pour la future épuration, mais j'ai préféré m'abstenir, inutile de se heurter à leurs milices de houries enragées, je pense tout simplement ne pas aller voter du tout en 2012.

Après tout, si guerre civile il doit y avoir, et bien guerre civile il y aura, ça ne sera pas la première fois dans l'histoire.

Et les femmes dans tout ça? Et bien comme avant, non? Ah si, il y aura seulement un peu plus de voiles partout, plus d'heures de piscine pour voilées, plus de menus hallal dans les cantines, plus de mosquées et d'accompagnatrices voilées durant les sorties scolaires, et même des voilées dans les gîtes ruraux, des gîtes ruraux tenus par des voilées pour voilées, un peu comme des couvents, même des acompagnatrices touristiques voilées qui commenteront la façade des cathédrales (si elles ne sont pas rasées) aux orthodoxes et aux protestants.

On appelera ça la liberté.