On sait qu’en
moyenne, parmi les immigrants qui tentent la traversée sur des embarcations de
fortune, il en meurt un sur trois. La plupart sont des hommes, 90% environ et
le reste des femmes, parfois avec des enfants. On sait aussi qu’en moyenne, le
passage coûte 2500 € par personne.
Sans doutes y
a-t-il tous ceux qui fuient des pays en guerre et des situations trop
dangereuses pour rester là où ils sont. Mais je ne pense pas que ce soit le cas
de la majorité d’entre eux. La plupart viennent à la recherche de travail. Comment
font-il donc pour réunir une somme aussi considérable ?
Avec la somme
qu’ils investissent dans leur voyage, ils pourraient sans doutes créer sur place
quelques petites entreprises leur permettant de faire vivre leur famille aussi
bien qu’ici, où il vivront de longues années dans des conditions précaires et
difficiles, parce qu’une telle somme correspond à moins que ce que représente
souvent un micro-crédit.
S’il y a tous
ceux qui fuient des contrées dévastées privées de sécurité, il y a aussi tout
ceux, probablement les plus nombreux, qui quittent des pays pauvres mais où la
paix règne et où il y aurait sans doute beaucoup à faire. Dans ces pays là,
l’émigration est un business, une habitude depuis des décennies, que rien ne
justifie vraiment.
Quand il y a 30
personnes (minimum) embarquées sur un fragile esquif, cela signifie que 2500 €
multiplié par 30 et qui font 75 000 sont bien passés quelque part puisque les
arrivants, s’ils arrivent, sont sans papiers mais également sans un sous. Si
l’on tient compte du fait qu’à la belle saison, durant 7 mois de l’année, il y
a en moyenne un arrivage par jour ne serait-ce qu’à Lampedusa, cela fait 2 250
000 € par mois et quinze millions sept cent cinquante mille en 7mois. Si l’on
pense à tous les autres points de passage pour franchir la seule Méditerranée,
on se rend compte que des sommes colossales sont en jeux.
Comment ces
personnes se procurent-elles ces 2 500 € ? On s’imagine bien que les à
peine 10% de femmes qui fuient des situations où elles sont mère célibataires par
exemple, se les procurent en travaillant le long du parcours ou en rendant des services
y compris sexuels. Mais pour les hommes il en va tout autrement. Disons qu’au
départ c’est la collectivité, le clan qui se cotise pour avancer la somme au
candidat à l’émigration, qui devra la rembourser une fois arrivé par son
travail. Et les structures socio-culturelles sont telles que c’est la plupart
du temps un personnage, appelons-le « vieux marabout », un usurier, qui
avance la somme, de même que c’est lui qui va désigner les candidats parmi les
aspirants. Ainsi se met vraisemblablement en place la filière jusqu’aux côtes
sud de la méditerranée ou un réseau procure les barques. Au départ, les
« vieux marabouts » savent pertinemment qu’un sur trois parmi les
partants mourra, mais cela ne les dérange pas outre mesure. Pousser la jeunesse
vers l’exil au lieu d’investir dans son propre pays me paraît témoigner d’une mentalité où il
apparaît bien que l’émigration des populations est une industrie. Et derrière
cette mentalité je vois personnellement la volonté délibérée non seulement de
s’enrichir sur la peau de la jeunesse, mais également celle de plomber
l’Europe, qui ne sera pas une vache à lait ad vitam aeternam vue la récession
économique. Quand elle sera plombée, ce sera comme dans le tiers-monde sans
avoir amélioré quoi que ce soit dans les pays de partance qui continueront à avoir des carences de tous ordres.
Les « vieux marabouts » avancent-ils les sommes nécessaires sur leur cassette personnelle ? Sans doutes. Mais considéré le fait que les départs sont toujours plus nombreux, ils font certes fructifier le trafic, mais il ne faut pas oublier qu’un tiers des partants se perd en mer et ne rembourse jamais sa dette. On peut donc sans trop se tromper supposer que les « vieux marabouts » sont bien pourvus en pétro-dollars gracieusement avancés et venus d'ailleurs, parce que n’est-ce pas, avec les émigrants ils exportent l’islam; l’Afrique sub-saharienne étant quasi entièrement musulmane.