C’est en lisant,
il y a déjà plusieurs mois, cet article sur le blog de VinZ , que j’avais
découvert le site des indigènes de
Je m’étais alors
demandé qui donc nous pouvions bien être , nous autres « français de
souche » dont personne dans nos familles n’avait jamais mis les pieds
« aux colonies », n’était jamais sorti de sa province durant des
générations et des générations, n’avait jamais vu un maghrébin ou un noir avant
qu’il n’en vienne en « métropole ».
Nous dont les
grands-parents ou les arrière-grands-parents avaient eux-mêmes émigré depuis
leur campagne du fin fond de
Cette vision
qu’ils ont des blancs me consterne. Comment puis-je me reconnaître dans les méchants colons ? Que pouvaient
avoir de commun mes ancêtres avec les riches armateurs de Nantes ou de
Bordeaux ? Rien. Absolument rien sinon la couleur de la peau. Quand les aïeux
des indigènes étaient esclaves, les
miens n’étaient pas grand-chose d’autre que des serfs. Quand leur ancêtres
étaient aux prises avec les colons, les miens étaient ouvriers dans les usines
et les fonderies de l’est parisien où ils faisaient 10 heures par jours 15
jours de jour et 15 jours de nuit dès l’âge de treize ans avec le dimanche
pour seul jour de congé, sans jamais de vacances.
En parcourant le
site des indigènes par la suite, j’ai
été assez étonnée par la vision qu’ils ont de l’histoire de France, qu’ils
revendiquent comme leur pays. Je ne nie d’ailleurs pas qu’il soit aussi le
leur, et ce n’est pas la manière dont ils considèrent la colonisation ni la
perception qu’ils ont d’eux-mêmes à l’intérieur du pays qui m’a surprise, mais
tout autre chose.
A les lire, on a
l’impression que pour eux, l’histoire de France commence avec
J’ai, soudain,
pris conscience que pour eux, la splendeur des cathédrales qui caractérise le
paysage comme les plus humbles clochers qui parsèment les campagnes de France,
qui nous sont si familiers, ce paysage que j’aime tant, et que je n’ai jamais
oublié, leur est parfaitement étranger et ne signifie rien pour eux.
Non que ces
monuments me soient chers parce qu’il sont l’expression du catholicisme ;
je ne suis pas croyante. Mais les monuments représentent pour moi le travail et
la sueur d’un peuple, et l’expression de
son sens artistique, de son génie. Pour cette raison je considère qu’ils
appartiennent aux peuples qui les ont construit, qu’ils sont leur patrimoine .
Je ne parviens
décidément pas à m’imaginer mon pays parsemé de minarets, et encore moins
l’idée d’entendre le muezzin 5 fois par jours. (Pour avoir voyagé dans des pays
musulmans je sais de quoi je parle, c’est pénible, je ne pourrais jamais m’y
faire, et du point de vue du dérangement, les cloches, ça l’est moins et le son
étant plus cristallin est moins désagréable, d’autant qu’elles ne sonnent pas
la nuit.) Je m’excuse de cette digression auprès de mes lecteurs tant autochtones qu’indigènes, mais enfin j’éprouvais le besoin de le dire.
En lisant leur
manifeste féministe, j’en ai conçu, comment dire ? De la déception. Si,
parce qu’elles sont indigènes, elles
refusent que je parle aussi pour elles, alors moi, je refuse qu’elles parlent
aussi pour nous autochtones . Parce
que non, je ne me sens pas indigène.
Je ne me sentirai jamais comme elles, c’est tout à fait impossible, je n’ai pas
le même passé, pas la même histoire. L’histoire de mon pays a beaucoup plus de
deux siècles; si les indigènes se considèrent françaises, elles ont le devoir
de la connaître toute entière. Je ne considère en revanche pas devoir assimiler
celle de leurs pays de provenance. Elle ne me concerne pas, je n’ai pas le
devoir de m’y intéresser si je n’en ai pas le goût, comme j’ai par exemple
celui des civilisations anciennes. Cela ne fait partie ni de ma fibre ni de ma
culture et je ne suis pas dans l’obligation de m’y intéresser. Je suis tenue de
connaître le phénomène de la colonisation parce qu’il fait partie de l’histoire
de mon pays même si mes ancêtres n’y prirent aucune part, pas d’intégrer une
religion qui ne m’intéresse pas telle que l’islam qui ne signifie rien pour
moi.
Et ceci est une
autre chose qui, après avoir parcouru le site des indigènes, me laisse immensément perplexe et que je ne sais par quel
bout prendre, que ce sentiment de l’omniprésence de l’islam comme élément
prépondérant autant que déterminant qui s’en dégage. Dans la perspective de
l’histoire j’entends, évidemment, non pas dans une perspective religieuse dont
je n’ai que faire.
Pour moi, l’islam
est, comme les autres religions, une création culturelle d’ordre spirituel, en
l’occurrence pour ce qui la concerne, vieille de treize siècles. Ce n’est pas
peu, mais enfin elle est apparue comme les autres largement après la fin du
néolithique. Ça me paraît incroyable de pouvoir penser qu’à part ça il n’y avait rien.
Mais le maghreb, comme d’autres parties du monde méditerranéen, avait toute une
histoire auparavant ! Les civilisations de la méditerranée sont sans
doutes les plus anciennes du monde. Les régions dont les familles de ces indigènes sont originaires n’ont pas
connu que l’islam ! Non seulement elles ont fait partie de l’empire romain
pendant au moins plus de la moitié du temps où elles ont été et sont encore musulmanes, quand
elles n’étaient pas de culture grecque auparavant comme Alexandrie d’Egypte, mais
en plus elles avaient déjà toute une histoire avant, et même une civilisation,
parce qu’enfin les carthaginois et avant eux les phéniciens n’étaient pas
précisément ni des barbares ni des sauvages. Ce sont mêmes ces derniers qui ont
inventé et diffusé le prototype de l’alphabet dans tout le monde méditerranéen.
Ça me paraît tout simplement impensable que les indigènes ne déterminent leur identité qu’en fonction de cette
religion qu’est l’islam, au jour d’aujourd’hui dans le monde contemporain, et
qui plus est en France, pays latin, dont ils se reconnaissent et considèrent comme
faisant partie intégrante, et voudraient être considérés par les autochtones.
Le site des indigènes me donne par trop le sentiment que nous devrions les accepter sans qu’ils nous acceptent, en vertu d’une soi-disant dette coloniale que je ne me sens pas d’avoir à payer sinon dans les livres d’histoire, qu’en quelque sorte ils se considèrent comme français à notre place, un peu d’ailleurs comme les palestiniens voudraient être juifs à la place des juifs. Non. L’islam ne peut pas être tout à la place du reste, ce n’est pas possible.
Enfin, et en
dernier lieu, paradoxe absurde autant qu’illogique, les indigènes, qui semblent connaître et ne revendiquer que les deux
derniers siècles de l’histoire de notre pays, revendiquent
Autant dire qu’au
bout du compte les indigènes et ceux
qui les soutiennent, féministes ou altermondialistes que ce soient, militent
pour une république islamique, new wave, new-look tant qu’on voudra, mais
islamique.
Pour moi, ce sera la République tout court. La religion, quelle qu'elle soit, m'est un supplément inacceptable.
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