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Mutilations génitales féminines : un crime contre l’humanité
--> Tolérance zéro

Une pratique qui concernerait environ 130 millions de femmes. J'en avais déjà parlé ici dans ce blogue, comme bien d'autres femmes dans le leur, comme Insoumise, ou Emelire, qui signalait ce lien, et cet autre. Le site Sisyphe documente également le sujet.

Stigmate, empreinte aussi vile et aussi abominable que la marque au fer rouge sur les esclaves d’autrefois, c’est la marque physique la plus archaïque de la domination patriarcale. La plus désastreuse aussi pour les effets qu’elle a sur la santé des femmes.

C’est beaucoup plus qu’une atteinte à l’intégrité physique des personnes, cette abomination est une torture à tout pont de vue, un crime contre l’humanité, et ceux qui la pratiquent, en demandent, réclament, exigent et prêchent cette pratique sont autant de criminels.

Quand on parle des Droits de l’Homme, on a souvent un peu trop tendance à penser au « droit des hommes », oubliant que les femmes font aussi partie de l’humanité (elles sont mêmes majoritaires en dépit des gynécides, et les principales victimes des guerres qu’elles ne combattent pas).

On peut objecter que ce sont aussi des femmes elles-mêmes excisées qui en perpétuent la tradition et la pratique. Mais il est faux de dire que ce sont essentiellement les femmes qui le transmettent, contrairement à la pratique du repassage des seins.

Et si ce sont pour une bonne part des femmes qui la pratiquent dans les campagnes les plus reculées (sans anesthésie, au couteau de cuisine ou à l'éclat de verre), il s'agit de paysannes analphabètes, ce qui n'est pas le cas des médecins-bourreaux qui, eux, ont fréquenté une université.

Ensuite, celles-ci reproduisent ce qu'elles-mêmes ont subi (selon le même processus qui fait que souvent qui a subi une forme de violence la reproduit à son tour s'il ne peut évacuer le choc psychologique par le biais d'une psychothérapie) parce qu'elles sont aliénées, ayant intégré cette forme concrète de la marque physique qu’est cette forme archaïque de la domination patriarcale: il est impossible d'aborder ce sujet en excluant la pensée féministe, sinon il manque une pièce du puzzle pour comprendre le phénomène.

Enfin, la seule réponse face à une telle abomination est : tolérance zéro. On ne peut pas appliquer à cette pratique le principe du relativisme culturel. On ne peut pas transiger, il n’y a rien a négocier, seulement à proscrire ; on ne peut pas accepter l’inacceptable, tolérer l’intolérable sous des prétextes fallacieux.

Parce que cela sera de toutes façons pratiqué clandestinement, objectent certains, il vaut mieux que ce soit fait dans de bonnes conditions sanitaires. Non. Et pourquoi pas non plus remboursé par la Sécu, pendant qu’on y est ? Ce qui doit être pris en charge et remboursé, c’est la reconstruction plastique, pour autant qu’elle soit possible, des dommages causés. Et bien entendu des campagnes de prévention sont nécessaires, et l’exposé des risques sanitaires et des dommages causés aux populations qui la pratiquent doit être fait. La pratique doit en impérativement être interdite par la loi et passible de sanctions pénales lourdes pour les médecins-chirurgiens qui la pratiquent. C’est d’ailleurs, je pense, l’objectif des ONG qui s’en inquiètent et la combattent.

Ecrit par Lory, le Dimanche 12 Août 2007, 13:45 dans la rubrique Femmes & Féminisme.