Il fait vraiment
très chaud depuis une quinzaine de jours, maintenant. L’été, long à venir cette
année, s’est installé. Encore un mois, au moins, à vivre avec des températures
rarement inférieures à 30 degrés, souvent plus. En ville, la chaleur est étouffante ;
ici, en bord de mer, c’est tout juste supportable grâce à une brise
relativement constante, sauf les jours de sirocco qui amènent une détestable
moiteur. Le vent du grand beau temps est ici le maestrale, vent du nord-nord-ouest qui amène un peu de fraîcheur et
un ciel limpide, une mer assez calme.
Seul point noir,
le moustique-tigré. Une calamité. Il est arrivé, voici bien quatre ans
maintenant, par bateau à Gênes depuis le sud-est asiatique, avec une cargaison
de pneus paraît-il, dans lesquels stagnait de l’eau. Comme autrefois la peste à
Venise, il s’est installé, et il n’y a plus eu moyen de s’en débarrasser. Cette
région autrefois marécageuse qu’est la Maremme
avait réussi à quasiment éliminer son moustique local, véritable fléau durant
des siècles, les hirondelles se chargeant du surplus, et le voici supplanté par
ce nouveau venu qui s’est parfaitement acclimaté. Nous voilà contraints à vivre
avec des spirales de fumigation dès le matin, et surtout en fin de soirée sur
les balcons et terrasses, à l’entrée des portes-fenêtres, à nous vaporiser
plusieurs fois par jours avec des produits qui, à la longue, bien que parfumés
à la citronnelle, ne doivent pas être tellement meilleurs que ces damnés
moustiques-tigrés qui vous assaillent sans pitié. Avec la lotion à l’ammoniaque
toujours à portée de main, qui sert aussi en cas de contact avec les méduses,
toujours plus nombreuses elles aussi avec les années.
Mon bras me fait
mal. Celui où l’on m’a ôté les lymphoïdes (je crois que c’est le nom de ces
glandes, mes connaissances médicales ne sont pas très étendues). Piqûres
d’insectes ou égratignure et l’œdème menace, favorisé par la chaleur, lancinant
et douloureux. Le meilleur remède préventif, l’été (l’hiver, le problème se
pose moins), ce sont les bains de mer. Nager est un massage naturel ; et
je ne m’en prive pas. L’eau est mon élément. Je n’aime pas lézarder des heures
au soleil, à peine sèche, je ne tiens plus en place et vais marcher sur la
grève, les pieds dans l’eau ; faire des kilomètres à pied ne me dérange
pas, et ramasser des coquillages, quelques jolis cailloux, ou de ces branches
dénudées et blanchies au soleil qui peuvent toujours avoir une utilité dans une
composition florale ou la décoration, constater le nombre de méduses échouées
sur le sable pour évaluer leur présence plus où moins certaine, faire un détour
par les dunes, cueillir des lys maritimes ou des chardons, du genièvre aussi,
selon la saison.
J’ai toujours
porté des maillots de bains deux-pièces. Avec les années, j’ai fini par n’en plus
racheter. Au fur et à mesure qu’une des deux pièces est usée, je rachète
l’élément manquant dans les bacs en vrac sur les marchés, pour trois fois rien,
dans une tonalité avoisinante, de sorte que toutes sont assorties et portables
en alternance, constituant l’équivalent de trois maillots de bains.
Je hais les
maillots de bains une pièce, ces vêtements détestables tenant du carcan,
malcommodes, qui gênent les mouvements et vous collent au ventre. S’ils sont à
grosses fleurs, on peut avoir la quasi certitude que celles qui les portent ne
savent pas nager. D’ailleurs en général, celles-ci ne décarrent pas de dessous
leur parasol ; ce que ça doit être mourant de rester des heures comme ça
par cette chaleur en faisant trempette cinq minutes pour ne pas se déshydrater.
A leur place, je préférerai rester chez moi plutôt que de venir suer ainsi sur
la plage. D’ailleurs, c’est ce que je fais quand ils y sont tous agglutinés le
dimanche ; je préfère rester dans mon jardin, ces jours là. Mais je
connais des endroits où, mêmes en plein mois d’août, il n’y a pas foule. Et
cette manie qu’ils ont d’aller se faire rôtir entre trois et cinq. Il faut
vraiment être fada, comme disent les marseillais. A ces heures là, je me
claquemure derrière les persiennes. On ne me ferait pas aller à la plage pour
un empire, alors qu’on y est si bien de six à huit ! L’été, je ne dîne
jamais avant neuf heures ; avant il fait trop chaud pour préparer à manger.
Ça me fait de la
peine pour les enfants, parfois couverts d’éritème.