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Tableau de l'empoi féminin
--> dans mon département en Italie

Voici par mes bons soins une documentation digne du bénévolat sur l’emploi féminin dans mon département. Vous aurez ainsi l’occasion de comparer et de me dire si c’est mieux dans le vôtre.

 

Dans ma région et particulièrement dans mon département, on adore le bénévolat. C’est très à la mode et c’est une tradition qui fait partie de l’héritage catho. C’est très pratique et ça permet aux autorités de dissimuler le chômage grâce à un noble alibi. Ce sont des personnes bien intentionnées, les bénévoles, mais ce sont surtout des personnes désespérément à la recherche d’un emploi. Un emploi qu’ellels espèrent trouver à l’issue d’un stage bénévole, un stage plus long que l’attente de la titularisation à l’Education Nationale (généralement passé la quarantaine, qui dit mieux ?). Ça n’a qu’un seul inconvénient : la plupart du temps, les meilleures intentions du monde ne correspondent pas à la qualification professionnelle réelle nécessaire pour occuper un poste.

 

Sinon vous avez les concours administratifs. C’est très bien les concours administratifs. Ils ont quelque chose de miraculeux. Vous avez un master quelconque ? Vous avez fait un stage ? Vous avez donc un minimum d’expérience ? Soyez sans crainte. Votre concurrent, lui, n’en a aucune, et encore moins un master. Après avoir redoublé trois fois et eu son bac avec le minimum de points en le repassant deux fois de suite, il a fait un cours de formation professionnelle. Un de ces trucs bidons qui ne correspondent pas même à un examen universitaire MAIS, il a les dieux administratifs, communaux, départementaux, régionaux avec lui et il arrive premier juste avant vous. Vous avez un oncle ici ? Une marraine là ? N’ayez crainte, vous aurez un concours sur mesure. Ça vous paraît louche ? Vous subodorez une embrouille ? Vous comptez et recomptez les points octroyés en bonus du barème selon que vous êtes veuve ou orphelin et le compte n’y est pas. Vous déposez donc un recours au tribunal administratif, qui vous donne gain de cause parce qu’il suffit de savoir faire une addition pour voir que les comptes ne tournent pas rond et obtenir, enfin, le poste que vous avez conquis de haute lutte après des mois d’attente. Ne désespérez pas, d’ici trois ans vos collègues finiront bien par cesser de vous snober parce que vous avez réussi un concours qui n’était pas prévu pour vous.

 

Sinon vous pouvez toujours suivre un cours de formation professionnelle. On présume qu’ils débouchent sur un emploi, ces cours. Effectivement, ils devraient servir à ça, mais il se produit une chose étrange : seuls 20% des effectifs (et encore) trouvent un emploi à l’issue de ces cours et c’est à se demander s’il ne servent pas plutôt à faire travailler les enseignants chargés de cours. Entre les cours d’épilation des lézards, de coiffure canine, de volapuk administratif, les séminaires byzantins, les langues étrangères 1er niveau, vous avez l’embarras du choix. « Volapuk premier niveau » par exemple : si vous le faites trois fois de suite, vous arriverez peut-être au premier niveau, considéré le niveau général des participants, ça va lentement, mais c’est tout de même un peu léger pour le secrétariat, alors imaginez le temps qu’il vous faudra pour arriver au cours spécialisé en volapuk commercial. Que ce soit avec le financement « conventionné », « agréé », ou payant, quelques enseignants finiront bien par être chargés de cours, surtout s’ils connaissent bien les organisateurs de cours.

 

Si, à dire la vérité, vous auriez les qualifications requises pour enseigner dans ces cours, mais que vous n’en connaissez pas les organisateurs, si vous avez suivi un cours dans une autre discipline que celle où vous auriez les qualifications pour enseigner, si vous avez les compétences requises pour vous présenter à un concours administratif avec de bonnes probabilités de succès mais que vous n’avez pas les dieux administratifs de votre côté, vous pouvez toujours aller vous inscrire au bureau de chômage. Un cours de formation professionnelle vous sera certainement proposé par des gens qui ont réussi le concours sans même avoir suivi de cours ; effectivement on se rend compte immédiatement que ceux-ci auraient besoin de suivre un cours de formation.

 

Sinon vous pouvez aller travailler gratuitement comme bénévole dans une association, là vous paierez le prix des transports pour aller travailler. Il vous reste la « flexibilité » vous garantissant la . C’est très à la mode, comme être "entrepreneur de soi-même », une belle expression qui a connu son heure de gloire mais qui est tombée quelque peu en désuétude avec la récession. « Traductrice free-lance » par exemple. C’est très intéressant, mais comme travail d’appoint, surtout si vous avez un emploi tranquille comme troisième calligraphe communale où préposée aux jumelages, parce que si vous devez compter exclusivement sur votre « salaire d’appoint », non seulement vous n’arrivez pas à la fin du mois, mais pas davantage au 15. Sinon vous n’avez qu’à vous résigner à être « femme au foyer de force », dernière trouvaille des plus conservateurs comme solution au chômage féminin. Vous avez quand-même le choix entre les ménages et les call-centers.

 

Quoi qu'il en soit vous avez au moins une certitude : vous ferez une dépression et vous finirez sous antidépresseurs ; quand vous serez transformée en légume, vous ne penserez pas d’être devenue une serpillère.


Et en plus vous ferez une bonne action: vous ferez travailler les laboratoires pharmaceutiques.



Ecrit par Lory Calque, le Lundi 18 Décembre 2006, 19:42 dans la rubrique Magazine féminin.