C'était
aujourd'hui (ou plutôt ça aurait du être), mon premier jour de stage pour le
repérage des itinéraires touristiques, qui sont rigoureusement chronométrés.
Je suis donc partie avec une bonne marge d'avance pour arriver à l'heure, vues
les conditions atmosphériques. Pâques est de bonne heure cette année et coïncide
avec l'équinoxe de printemps. L'époque des grandes marées, et même si en
méditerranée elles n'ont qu'une faible amplitude, c'est le changement de saison
et les tempêtes sont fréquentes. Et les tempêtes en méditerranées sont
mauvaises, violentes, et d'une violence inattendue. Les vagues faisaient des
creux de bien trois à quatre mètres à vue d'oeil dans les criques; mer agitée
force 5-6, à l'aise.
Sur la nationale à quatre voies, les rafales de vent déportaient la voiture sur
les viaducs, une diesel pourtant stable. Quand je l'ai quittée pour longer la
corniche qui mène au port, bien que roulant à 50, des paquets d'embruns
s'abattaient sur le pare-brise, et l'eau savonneuse que j'éjectais avait du mal
à faire disparaître le salmâtre qui l'opacisait momentanément, même si le ciel
était assez dégagé et la visibilité bonne.
Arrivée à destination, le vent était si fort qu'il était pénible d'avancer,
courbé, face à lui. Les cars étaient alignés sur le quai, mais le bateau
absent. Ça ne m'a pas étonnée. De ces bateaux de croisières à plusieurs étages,
véritables villes flottantes transportant plusieurs milliers de passagers. Ces
navires mastodontes ont beau être des titans maritimes, quand la mer est
vraiment démontée, et aujourd'hui elle l'était (et le sera pour les prochains
jours) ils n'arrivent au port qu'avec de longues heures de retard.
Du port à Florence, il y a une heure et demi de route. L'excursion comprenait
Florence et Pise dans la journée. Florence a donc été annulée. Je me disais qu'il
n'y aurait probablement pas grand monde et que les désistements n'auraient pas
manqué, les passagers ayant déjà le mal de mer étant généralement peu désireux de monter dans un
autocar...
A treize heures, le bateau n'était toujours pas en vue, aurait encore à manoeuvrer dans la tempête pour entrer dans le port,
puis amarrer. Les touristes n'auraient pas débarqué avant trois heures de
l'après-midi au moins; Pise a donc été annulée également, et nous sommes reparties chez nous.
Je dis repartiEs, parce que les guides sont un personnel quasi exclusivement
féminin, à tous les niveaux. Des accompagnatrices aux cadres: cheffes d'équipe,
organisatrices, comptables. Sauf au de-là du "plafond de verre" où
siègent les patrons d'agences et de compagnies qui ne s'occupent de rien. On
pourrait presque parler de lobby féminin, surtout dans ma région. Il n'y a de
masculin que les conducteurs de cars, qui n'ont ni rapports avec les touristes
ni décisions à prendre; le seul maître à bord en somme, c'est nous, les femmes,
guides-accompagnatrices. C'est une des raisons pour lesquelles j'aime ce
genre de métier.
Commentaires :
lorycalque
Titre?
A cause du titre peut-etre? J'avais pensé à "Monstres marins" également. Parce que c'est ce à quoi me font penser ces paquebots de nouvelle génération. ça fait peut-etre hollywoodien, ou ça rapelle quelque jeu de role? Pas la moindre idée.
En tous cas, si j'avais de quoi me payer des vacances, ce n'est certainement pas ce type de croisière que je m'offrirais. Je ne voudrais jamais me retrouver sur une ville flottante aussi peuplée que mon pathelin. Je préférerais me louer un voilier avec des amis pour croiser d'ile en ile en mer Egée, par exemple.