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“Voir Naples et mourir”…
--> Sous des tonnes de détritus.

Ensevelie sous des tonnes d’ordures, cette belle ville (parce que Naples est une belle ville), de 4 millions d’habitants, comme toute la Campanie transformée en gigantesque dépotoir, vit en état d’urgence depuis… quatorze ans. "L’état d’urgence" a en effet été décrété en 1994 à cause du problème des déchets. "L’urgence", en Italie, n’a pas la même durée qu’ailleurs.

 

En dépit d’un financement de 2 milliards d’euros sur ces quatorze années, dont 250 millions de l’Union Européenne, aucun incinérateur n’a été construit. Cet article rend fidèlement compte de la situation.

 

Les déchets en tout genre venus du nord industriel qui s’est largement enrichi au dépends du sud du pays pendant 50 ans et qui submergent aujourd’hui la Campanie sont révélateurs de la situation à laquelle est arrivée l’Italie. Un phénomène de cette nature apparaît certainement incompréhensible pour beaucoup, mais la présence de la Camorra, mafia locale, l’explique très bien. Pour elle, c’est un business immensément lucratif. Mais ceci n’est que la pointe de l’iceberg. C’est aussi la main mise sur les ressources hydriques, et tant d'autres choses. Dans ce sud ou rien ne fonctionne, ni les trains, ni les bus, ni les hopitaux, en l’absence de développement économique, la mafia y a pensé, et s’en nourrit, souvent seul employeur, avec l'état parfois, comme des sociétés mixtes, de régions entières.

 

Dans le domaine des déchets comme pour le reste, le politicien fait travailler le mafieux qui lui-même tient le politicien, payé par cet autre mafieux qui fait de la politique... fait observer l’article. Effectivement, dans les régions du sud, les choses fonctionnent ainsi. Vieux problème, dira-t-on, ancestral, diront d’autres. Comme si les gens du sud avaient la mafia dans les gènes ou dans les chromosomes, par essence, par nature. Ils ont plutôt et malheureusement des taux de dioxines très élevés dans les veines, ce qui n’a rien de naturel.

 

La mafia n’existe que parce qu’elle peut proliférer, et elle peut proliférer, comme les ordures, parce que l’état est absent des territoires du sud, où il n’a jamais gouverné, il n’est là que pour la façade, et assurer « le maintien de l’ordre », ce qui, dans un tel contexte, prête franchement à sourire. D’un sourire cynique, évidemment. Les régions du sud sont en quelque sorte les « colonies » de l’intérieur. Il faut être soit ignare, soit ingénu, soit hypocrite pour penser que le seul état de l’Eglise soit le Vatican. En réalité, les régions du sud sont les états de l’Eglise, qui y a toujours gouverné bien davantage que le gouvernement de la république, et qui a toujours béni les gouvernements pour peu qu’ils lui prêtent allégeance, ce qu’ils ont pratiquement toujours fait, comme elle bénit les enfants des mafieux sur les fonds baptismaux. Bien sûr, il y a bien un curé qui se fait liquider de temps en temps parce qu’il la ramène un peu trop et que les mafieux ont beau aller à la messe, ce ne sont pas pour autant des enfants de chœur. Mais, comme disait avec justesse Cavanna il y a déjà bien longtemps, l’Eglise à toujours tout et le contraire de tout adapté à toutes les situations. Caméléontesque, elle vous sort aussi bien don Helder Camara que Thérèse de Calcutta selon les besoins de la cause et du moment. Selon les circonstances, elle vous sert de la gauche ce qu’elle retire de la droite puisqu’elle a toujours le nécessaire sous la main.

 

Et que fait donc l’Eglise face à "l’état d’urgence" ? Mais rien; l’Eglise a tout son temps puisqu’elle part du principe qu’elle a l’éternité. Quelques curés de villages ont bien protesté ça et là avec leur ouailles puisque les ordures n’épargnent pas les bas côtés des églises, mais aucun dignitaire n’a prononcé de ces homélies dont les journalistes ne manquent pas de vous gratifier à la télévision.

 

Et qu’est-ce qui peut bien occuper l’Eglise qui n’a bien évidemment pas les mêmes « urgences » que le commun des mortels mais qui en a bien quand même, actuellement ?

 

Limiter, restreindre la loi sur l’avortement à défaut de pouvoir l’éliminer, ainsi que le droit des femmes à disposer de leur corps. Cette même loi qui a éliminé les avortements clandestins, qui a permis de faire baisser les avortements de 45% en développant parallèlement la contraception.

 

Et quand on sait que le taux de malformation des fœtus est de 80% supérieur à la moyenne nationale en Campanie, on comprend "l’ urgence" vaticane de contraindre les femmes à la grossesse forcée ; c’est pour que leurs enfants respirent du bon air.

 

 
Ecrit par Lory, le Mercredi 9 Janvier 2008, 11:07 dans la rubrique De l'Italie.

Commentaires :

alithia
alithia
10-01-08 à 15:48

très bon article

Salut Lory

Je voulais te féliciter pour cet article excellent qui explique tout bien comme il faut : l'Italie du sud prise entre la mafia et le Vatican . Car si nous attendons que la presse nous fasse de bonnes analyses comme ça, hélas, je crains que la presse , les media, soient en voie de peoplelisation avancée, notre cher Sarko prenant modèle sur Berlusconi, et la dépolitisation objectif visé est bien avancée . Son slogan "en finir avec mai 68", la révolution et tout ça...

je lis tes articles sur l'Italie, très intéressants

à plus

Alithia la bête noire des wikipediens fanatiques

 
lorycalque
lorycalque
10-01-08 à 17:30

Bonjour Alithia!

Merci; un compliment de ta part m'honore beaucoup, et me dédommage des insultes et dénigrements d'un tas de crétins wikipédiens et non.

J'ai oublié de t'envoyer mes voeux dans le branle-bas de mon retour en période de fètes de fin d'année, mais bonne année!