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L’offensive du harem

Tout de même sidérée par l’offensive du harem et de ses souteneurs (on se souviendra que la manif des voilées drapées dans le drapeau tricolore était tout de même largement encadrée par des hommes), comme ce bon Pescade, le pescadou méridional du web.

 

Ou plutôt ça me sidère sans tellement m’étonner, puisque la Célestissime se targue d’avoir rencontré Fatema Mernissi, la seule référence féministe qu’elle ait jamais mentionné, ce qui est tout de même significatif autant que symptomatique. Il se peut bien que Mona Chollet en ait parlé sur Périphéries, ça n'en fait pas pour autant une référence exceptionnelle.

 

Donc, selon leur mouvance, nous autres occidentales serions dans l’ensemble moins émancipées que les voilées dont nous aurions tout à apprendre en nous taisant avec déférence. Déjà, l’idée de devoir me mettre à l’école de maîtresses à penser sans moufter me hérisse. En plus, dès que j’ai lu quelques lignes de leurs beaux discours, ça me fait franchement sourire. Si les choses étaient comme le prétend ce bon Pescade, Simone de Beauvoir aurait été maghrébine et musulmane. Passons. Passons ausi sur le fait qu'il nous fasse part des considérations de Laurent Lévy sur la mini-jupe:
j'aime assez le parallèle qu'avait fait à l'époque Laurent Lévy : et la mini-jupe alors ? N'est-ce pas l'uniforme par excellence des prostituées ? Doit-on pour autant considérer toutes les femmes qui se baladent en mini-jupe comme des symboles et des ostentations de la soumission la plus dégradante au désir du mâle ?
quand la majorité des femmes se balladent plutot en pantalons, surtout l'hiver.

 

Le coup de la dictature de la taille 38, désolée, mais ça me fait franchement hausser les épaules. Je ne nie pas que le culte de la minceur existe en occident, mais on est moins obligée de le suivre que de se voiler dans les pays musulmans. La taille 38 obnubile sans doute davantage les mannequins et autres personnels féminins gravitant dans le monde de la mode ou du showbiz que les femmes ordinaires. Chacune tient sans doutes à sa ligne, et l’obésité est certes de plus en plus un problème dans les pays occidentaux et particulièrement aux USA, mais enfin ils n’en détiennent pas le monopole, à ce qu’il paraît 50% des femmes de New-Delhi sont abondamment en surpoids ; il est connu qu’en orient l’embonpoint est synonyme de richesse. Et que je sache et pour les mêmes raisons, la coutume d’engraisser les femmes en leur faisant ingurgiter des produits laitiers existait dans tout le maghreb encore au début du siècle dernier et reste en usage dans certains endroits de l’Afrique subsaharienne ; je me souviens avoir lu assez récemment un article à ce sujet sur les femmes de Cotonou.

 

Aux USA, où tout est normé, il est possible qu’il faille aller dans des magasins bien précis selon les tailles que l’on veut trouver. Mais ce n’est pas le cas en Europe, pas plus en France qu’en Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Hollande. Sans doutes trouver un 50 chez Pimkie ou ce genre de magasin pour jeunettes relève-t-il de l’impossible, mais n’importe où ailleurs on trouve les équivalents des standards XS, S, M, L, XL, XXL, soit 38, 40, 42, 44, 46, 48 (tailles françaises), plus où moins.

 

Je ne me souviens pas avoir jamais eu l’obsession de la taille 38, ni de désir de maigreur anorexique, d’ailleurs je suis plutôt gourmet et je ne me suis jamais privée ni n’ai jamais fait de régimes absurdes, mais je n’ai jamais eu non plus celui d’avoir des flancs d’hyppopotamme ni des mamelles de vache laitière ; j’aime bien voir mes pieds quand je marche. Et la plupart des femmes que j’ai pu connaître et fréquenter, ma foi, elles pensaient comme moi. La mode et ses diktats, ça va cinq minutes, ce qui nous dérange, c’est plutôt les photos publicitaires qui utilisent notre image pour tout et n’importe quoi, des yaourts ou des bagnoles, des ordinateurs ou des poêles à frire.

 

Il y a, c’est vrai, des femmes exagérément obnubilées par la mode et les produits de beauté, perchées sur des talons aiguilles sur lesquels on ne peut pas marcher, je les ai toujours trouvées idiotes et personnellement, j’ai toujours détesté les talons trop hauts ; si j’ai la plupart du temps porté les cheveux plutôt longs, c’est parce que je déteste aller chez le coiffeur, j’ai absolument horreur de leur conversation stupide et des magazines « féminins » qu’on trouve dans leurs salons, et puis ça coûte cher pour pas grand-chose. S’il y a par contre des femmes obsédées par l’épilation, voire intégrale, ce sont bien les femmes du maghreb, mais Fatema Mernissi n’en parle pas ; elle a tout de même des silences assez criants.

 

Sans doutes fait-elle des remarques pertinentes, où qui pourraient être intéressantes parce que présentées par un regard non occidental, mais au milieu du fatras de sornettes et des poncifs provinciaux qu’elle débite, ça ne présente pas un grand intérêt. En outre, son histoire de Shéhérazade, c'est-à-dire une femme obligée de recourir à toute son intelligence pour ne pas se faire décapiter, comme le nec plus ultra de la liberté et de l’intellectualité féminine, ça me fait doucement sourire, je ne peux pas m’en empêcher. Je ne doute pas que certaines femmes des harems aient été de véritables conseillères de certains sultans ni qu’elles aient joué un réel rôle politique, mais en occident nous n’avons rien à en apprendre ; une Maintenon, une Pompadour, gouvernèrent plus que le roi. Quelle sultane eut jamais autant de pouvoir qu’Elisabeth Ière ou Catherine de Russie ? Seule la mythique Kahena fut une véritable reine, et un chef de guerre… en luttant contre les conquérants arabes et musulmans. Et selon le chroniqueur et historien Ibn Khaldoun, elle était juive ou chrétienne (chrétienne, je ne pense pas. Les chrétiennes des premiers siècles comptent beaucoup de martyres mais aucune femme d’action, la Kahena tient davantage d’une Judith).

 

Les harems. Inventés par les pharaons, ateliers royaux de filature. Usage oriental reprit par les grecs avec leur gynécée. Elle appelle ça « famille » que cet endroit de ségrégation des femmes ? Madame Mernissi est de mauvaise foi. « En Islam, la femme est considérée comme l’égale de l’homme » ose-t-elle dire. On se demande vraiment dans quel islam fantasmé elle voit ça. Pour connaître plutôt relativement bien, du moins pour une occidentale,  le Maroc et l’Egypte, je n’ai franchement pas vérifié cet état de chose. Les européens, selon elle, ne veulent voir que les femmes soumises et maltraitées des dictatures extrémistes. Non pas, mais force est de constater qu’il n’y a guère de régimes relativement démocratiques dans les pays musulmans. Et ces femmes qui ont des places importantes dont elle parle, où sont elles, qui sont-elles ? Elle reproche aux occidentaux de n’en pas parler, mais n’en nomme aucune. Certes, les européens ne parlant guère arabe ne regardent pas Al Jazeera, mais ici on parle de tout, et s’il y avait pléthore de musulmanes députées, ministres ou chef d’entreprise, ça se saurait.

 

 
Ecrit par Lory, le Jeudi 10 Janvier 2008, 23:37 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

MissTrixie
11-01-08 à 15:09

Chère Lory,


C'est sans animosité aucune que je vous adresse ce message, en espérant que vous le recevrez dans les mêmes conditions.

Je vous trouve sévère, voire pire, avec Fatema Mernissi. Je n'ai pas votre avis. Je crois qu'on se méprend beaucoup à son sujet, dans un sens comme dans l'autre, et qu'on lui fait dire ce qu'elle ne dit pas. (Si bien que ce message s'adresse à vous autant qu'à ceux que vous désignez comme les souteneurs du harem.)

En ce qui me concerne, « le Harem et l'Occident » m'a démontré l'absurdité de toute concurrence au sujet de l'émancipation, concurrence que vos propos cautionnent.

Ce n'est pas parce que les personnes dont vous parlez reprennent mal à propos les considérations de F. Mernissi que son livre est d'aussi mauvaise foi qu'eux.

L'essai de F. Mernisssi ne prétend pas nous en apprendre au sujet de l'émancipation féminine. Pas de vérité révélée libératrice, ni d'un côté, ni de l'autre. Certes nous n'avons pas tout à apprendre des femmes musulmanes portant le voile, mais nous n'avons pas non plus tout à leur apprendre.

L'oppression revêt différentes formes, propres à chaque culture, si bien qu'on ne peut pas déclarer l'une plus ou moins favorable à la libérté des femmes. D'autant plus que l'oppression est incommensurable.

Des femmes dont elle parle, F. Mernissi m'a fait découvrir autre chose que le harem et le voile, quand un certain féminisme (celui des mêmes magazines, par exemple, qui sont en plein dans le « harem de la taille 38 » - c'est bizarre, à croire que la concurrence sur l'émancipation est une manie d'opprimés) ne les représente que de cette manière. Vous conviendrez avec moi que les silences criants ne sont pas exclusivement l'apanage de Fatema Mernissi. Je ne sais qui, d'entre cette sociologue et les tenants de ce féminisme ( même notre omniprésidément en fait partie, ça en dit beaucoup sur le bien-fondé de ce féminisme dont je ne me réclame pas), vit dans le pays le plus émancipé, mais je vois qui, sur ce point, est le plus honnête.

Et Fatema Mernissi a cela de libérateur, pour tous, qu'elle présente une autre manière de considérer l'émancipation, et les relations entre Orient et Occident. La libération, quelle qu'elle soit, ça commence dans la tête, quand on dépasse et dépasse et dépasse les bons vieux schémas et clichés. (Autre manière de dire que ce n'est jamais acquis une fois pour toutes. )


Que le harem représente la famille au yeux de F. Mernissi, quoi de plus étonnant étant donné qu'elle y a grandit entourée de sa mère et de sa grand-mère, qui lui racontait les histoires dont elle se souvient toujours ?


« S’il y a par contre des femmes obsédées par l’épilation, voire intégrale, ce sont bien les femmes du maghreb »

=>Je n'en suis pas sûre. Depuis qu'une amie m'a dit que son ex belle-mère marocaine ne s'épilait pas parce que précisément c'était « harem », je me pose des questions. L'épilation dans les pays muslmans est un sujet qui mériterait fort d'être étudié. Et entre nous, j'espère que vous-même vous ne reproduisez pas l'image de la femme imberbe, sinon, ça la fout sacrément mal.


En ce qui concerne l'argumentation des uns et des autres, je suis surprise de voir qu'elle se focalise sur les attributs vestimentaires des interessées (l'émancipation : signifiée ou niée par le port de minijupe/voile), alors que l'oprression que je ressens, c'est bien plus de choses que ça et elle peut aller bien au-delà de ça. L'espace, par exemple : la rue n'est à nous la nuit que pour y faire le trottoir.

Lorsque je rentre chez moi de nuit à pied j'entends des « y a de la meuf ce soir », ce qui signifie que les autres soir il n'y en a pas. J'entends d'autres fois des propos extrêmement machos qui ont pour objectif de m'assigner un rôle voire un emploi d'objet sexuel. (« Silences criants » à sujet. Peut-être tout simplement parce que les femmes sont très peu nombreuses à se risquer dans la rue la nuit, parce qu'elles ne sont restées soumises à cet interdit ? N'a-t'on pas entendu notre omniprésidément déclarer à propos de la jeune fille violée et tuée dans le rer « elle a été agressée à midi, on ne peut pas dire qu'elle ait pris des risques » ? C'est le paternalisme. C'est les blagues débiles. C'est, au repas de famille/entre amis, les hommes qui n'ont jamais l'initiative de débarasser la table mais qui restent à discuter « entre hommes », etc, etc. Les uns comme les autres auraient vraiment mieux à faire que se focaliser sur les bouts de tissus qui nous recouvrent ou non. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de mauvaise foi dans cette polémique, si bien que crois qu'au fond on se fiche bien de la liberté, mais que l'enjeu est bel et bien un enjeu de pouvoir.


Bien cordialement.

 

 
hélène
11-01-08 à 19:53

Re:

Je ne veux pas rentrer dans des querelles stériles mais il est évident ainsi que tu le dis lory qu' on ne peut pas comparer des pays musulmans où la femme est totalement opprimée quoiqu'elle en dise, ne pas le reconnaître est d'une totale mauvaise foi , et des pays occidentaux où il  y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour les femmes mais où leur situation est  plus enviable . je suis évidemment d'accord avec toi, lory les " diktats" de la mode ne concernent que peu de femmes,  libres de les refuser et qui par ailleurs peuvent  avoir des responsabilités professionnelles et cela ne peut être comparable aux interdits, aux contraintes qui pèsent sur les femmes musulmanes.

 
lorycalque
lorycalque
11-01-08 à 22:51

Re:

Je pense qu'on ne peut pas confondre le voile intégral des dictatures islamistes et le foulard contemporain qu'arborent de nombreuses jeunes femmes tant en Europe que dans les pays musulmans les plus modérés, de leur propre volonté, quoi qu'il y ait en arrière-plan tout un conditionnement socio-culturel, comme symbole d'émancipation (voir ci-dessous ma réponse à Miss Trixie). toutes les musulmanes ne subissent pas les memes contraintes. Mais il faut se rendre à l'évidence que celles qui y sont contraintes, d'une manière ou d'une autre, manu militari ou pour s'épargner des ennuis, sont à l'heure actuelle infiniment plus nombreuses que les autres.

Faire la différence est, je pense, ce que les musulmanes *émancipées* nous demandent de comprendre.

Ce qu'elles ne semblent pas comprendre, ou vouloir comprendre, et leur *souteneurs" encore moins (eux, qu'ils soient barbus ou pas, musulmans ou pas, ne sont absolument pas disposés à le comprendre), et pas davantage les *féministes pro-voile* qui sont des femmes patriarcales, c'est que ce voile ne représentera JAMAIS pour nous ce qu'ils et elles voudraient qu'il représente aussi pour nous.
 

 
lorycalque
lorycalque
11-01-08 à 22:23

@ Miss Trixie



Tout d'abord, je ne parle pas de l'ouvrage de Fatema Mernissi (que je n'ai pas lu) mais de l'article mentionné par le dit Pescade (que j'ai lu et qui ne m'a pas donné envie de le lire), et pour ma part je ne lui fait rien dire d'autre que ce qu'elle dit elle-meme dans cette interview.

Je n'ai pas la prétention d'enseigner quoi que ce soit à qui que ce soit, contrairement aux maitresses à penser dont j'ai parlé au début de ce billet, mais de dire ce que je pense comme je le pense en me basant sur ce que je sais et les connaissances que je peux avoir dans les domaines qui m'intéressent.

Votre post est assez long et touffu, il me parait mélanger parfois des choses fort différentes à divers niveaux, mais je vais tenter de vous répondre sur les principaux points qu'il me semble que vous soulevez.

A propos de l'épilation, j'ai un peu de mal à comprendre ce que vous voulez dire par Et entre nous, j'espère que vous-même vous ne reproduisez pas l'image de la femme imberbe, sinon, ça la fout sacrément mal.
De meme que je n'ai pas la vocation des talons aiguilles, je n'ai pas davantage celle de m'irriter la peau par l'usage de la cire ou autres produits. Quoi qu'il en soit il est tout à fait possible que, comme vous le dites, il y ait des femmes au maghreb qui n'aiment guère cette pratique qu'elles qualifient de "harem", et je leur donne raison.
Le fait est que la pratique de l'épilation semble etre originaire de l'Egypte ancienne où elle est largement attestée; c'était, pour les anciens égyptiens, oter le signe de l'animalité chez l'Homme et donc manifester le signe le plus évident pour eux de la civilisation, de la supériorité de la culture sur la nature. Cette pratique est restée en usage par la suite en Egypte comme dans tout le maghreb ainsi qu'au moyen-orient, et plus généralement dans le bassin méditerranéen. Les pays musulmans de son pourtout ont conservé, pour les femmes, celui de l'épilation intégrale (pour les mariages notamment), tandis que les pays des rivages nord ont plutot repris assez récemment l'épilation partielle depuis une cinquantaine d'années, c'est à dire depuis qu'on s'expose au soleil sur les plages, dans la civilisation contemporaine des loisirs et des congés. Usage beaucoup plus répandu à l'heure actuelle dans les pays latins que dans les pays germaniques (mais il en était déjà ainsi dans l'Antiquité, les grecs portaient la barbe mais les cheveux courts, les romains se rasaient et portaient courts leurs cheveux également, les "barbares" non.). Les allemandes d'aujourd'hui, les scandinaves,  s'épilent beaucoup moins que les italiennes, les françaises ou les espagnoles; tout le monde peut le constater l'été sur les plages.


N'a-t'on pas entendu notre omniprésidément déclarer à propos de la jeune fille violée et tuée dans le rer « elle a été agressée à midi, on ne peut pas dire qu'elle ait pris des risques » ?
 )
Lorsqu'il dit cela, je ne pense pas qu'on puisse lui attribuer un paternalisme particulier. s'il est vrai que le paternalisme machiste et misogyne consiste à dire que celle qui se fait violer en sortant la nuit "l'a bien cherché", il n'en reste pas moins vrai que précisément les machistes paternalistes et misogynes ne peuvent guère prétendre qu'à 10h et demi du matin (et non pas midi) dans le RER une jeune-fille "l'ai cherché". De cela, on ne peut déduire que Sarko "pense" que la nuit elle l'aurait cherché. Il s'est exprimé d'une façon assez banale, qui plait à l'électorat qui l'a élu, point. Le reste serait spéculer inutilement sur ce qu'il aurait voulu dire ou pas, ce qui me parait sans intéret.
Je ne suis pas pro-Sarko, je n'ai pas voté pour lui, je n'aime guère l'ambiance qu'il fait règner en France, mais je déteste la façon qu’ont certaines personnes "de gauche" consistant à hurler au loup à propos de tout et n'importe quoi, à déblatérer continuellement sur ses talonettes (quand on l'a dit une fois on le sait et on a compris, il faudrait tout de meme avoir la capacité de sortir des arguments ayant un peu plus de poids), et de dire systématiquement le contraire de ce qu'il dit jusqu'à l'idiotie.
Pour un peu, s'il disait platement dans une conversation à batons rompus que la terre tourne autour du soleil, il y aurait des crétins pour dire le contraire. A mon avis, ce n'est pas ainsi que la gauche a des chances de gagner les prochaines élections.
Passons.

 

Par conséquent, je me garderai bien, contrairement à vous, de parler du “féminisme de Sarko”. Et je ne comparerai pas davantage « l’honnèteté » de celui-ci et de Fatema Mernissi ; quelle qu’elle soit, elle n’appartient absolument pas au même registre.

 

Je préciserai, avant d’en arriver à des questions plus substancielles, pour ce qui nous intéresse nous, en tant que femmes, que lorsque je parle d’histoire de la mode et du costume, je sais de quoi je parle. Il est donc tout à fait inutile d’attendre de moi que je traite le foulard comme un vulgaire chiffon, « un bout de tissu », ce qui est hypocrite autant que réducteur, parce que la mode et le costume est avant tout un langage, et que le langage signifie. Ni que je compare ce foulard à un string ou à une mini-jupe. Pas plus que je ne comparerais Monsieur Sarkozy et Madame Mernissi. On compare ce qui est comparable.

 

Le voile, on entendra donc ici foulard car un tchador, un haic, une abbaya, un burqa ne sont pas la même chose et renvoient chacun à des nuances particulières tant géographiques qu’ethniques et autres, mais ont de commun qu’ils relèvent tous, sans exceptions, du concept de voilage de la femme, c'est-à-dire de son effacement, et le foulard ne déroge pas à la règle, même s’il en est la version la plus moderne et contemporaine. Que certaines parmi les jeunes générations soient parvenues à le détourner et à le réinterprèter en lui attribuant une signification différente opposée à sa signification originelle est une chose, et si cela réussit à leur procurer un mieux-être et une vie plus vivable, je m’en réjouis pour elles. Mais cela ne CHANGE PAS sa signification première qui reste inscrite dans l’histoire comme l’attribut par excellence de la soumission au patriarcat et de l’infériorité féminine. Non seulement cela n’en change pas la signification première, mais le proposer comme le symbole de l’émancipation féminine est parfaitement inacceptable : dans le cadre du langage du costume, cette thèse ne tient pas la route, elle ne résiste pas un instant à l’analyse logique et rationnelle du phénomène et la raison la pulvérise comme Galilée cassait le système de Ptolémée. Cet objet NE PEUT ETRE proposé comme symbole d’émancipation pour toutes, il ne peut le représenter, de façon transitoire, que pour les femmes qui appartiennent à une culture qui en fait encore usage, pour des raisons religieuses liées à la domination patriarcale entre autres, identitaires, de rejet du colonialisme.

 

 

 
lorycalque
lorycalque
11-01-08 à 23:26

PS: @ Miss Trixie

si bien que crois qu'au fond on se fiche bien de la liberté, mais que l'enjeu est bel et bien un enjeu de pouvoir.
Effectivement. C'est un enjeu de pouvoir et tant les femmes patriarcales que les *souteneurs* dont j'ai parlé au début de mon billet se foutent pas mal de la liberté des femmes et pour eux le voile n'est qu'un prétexte. Ces gens là ont fait un choix idéologique de type islamo-gauchiste, ils y voient le moyen de lutter contre le libéralisme et ses nuisances. Mais c'est substituer un mal à un autre, selon moi, dans lequel les femmes n'ont absolument rien à gagner, pas plus les musulmanes que les autres.