Nombreux-ses sont
sans doutes parmi vous celles et ceux qui se souviennent de Giuliana Sgrena,
journaliste du quotidien Il Manifesto,
qui avait été enlevée en Irak par des terroristes islamistes et menacée de mort
puis libérée par un agent des services de renseignement italien qui était venu
la chercher, agent qui trouva la mort en cherchant à la protéger dans la voiture qui la
ramenait lorsque celle-ci fut mitraillée sur la route par « mégarde »
par…les américains.
On ne peut donc
pas soupçonner Giuliana Sgrena, communiste, d’être islamo-gauchiste, et son
témoignage est donc des plus crédibles. Elle connaît bien les pays musulmans où
elle a souvent travaillé et couvert de nombreux reportages.
Elle vient de
publier un livre aux éditions Feltrinelli : Le prix du voile La guerre de l’islam contre les femmes.
Réquisitoire
contre le voile islamique, son ouvrage présente de nombreux témoignages et
analyse des cas bien différents dans des pays très divers.
Pour comprendre ce que le voile recouvre, Giuliana
Sgrena a effectué une vaste enquête. En interviouvant des femmes qui occupent
une place importante dans la société marocaine ou algérienne. Mais aussi en explorant
la Tunisie, la Serbie, l’Irak, l’Arabie
Saoudite, la France,
l’Iran et la
Bosnie-Herzégovine sur le terrain pour chercher des points
communs mais aussi les nombreuses différences qui existent entre des réalités
différentes.
Le voile représente, pas seulement de façon
symbolique, l’oppression des femmes dans le monde islamique. Derrière son
imposition ne se cache pas seulement la tentative de réislamisation forcée
menée par les forces islamiques les plus traditionalistes. Une véritable guerre contre les femmes a lieu, contre
leur corps, vu comme un terrain de bataille sur lequel affirmer des principes
et des usages qui souvent remontent à une époque bien antérieure à la tradition
islamique, mais qui cadrent parfaitement avec un « nouveau » retour
à l’ordre masculin et réactionnaire. Plus que les chars d’assaut américains, se
sont les femmes, et leurs organisations, comme le démontre l’expérience
algérienne, qui peuvent arrêter l’imposante vague de réislamisation prête à
s’abattre sur les pays musulmans. C’est là que se joue le véritable défi démocratique sur l’autre rive
de la Méditerranée.
Peut-on lire dans le communiqué de presse de l'éditeur Feltrinelli.
En dernière
analyse, la condamnation du voile est sans appel. A la question de la
journaliste qui l’interviouve dans le cadre de la présentation de son livre, quel est l’élément si déstabilisant que l’on
veut neutraliser avec l’imposition du voile ? Giuliana Sgrena
répond : on veut imposer le contrôle
sur la sexualité des femmes.
La femme est considérée à l’origine de tous les
maux et surtout à l’origine de la provocation de l’homme.
L’homme doit faire valoir son propre honneur non
pas en la repoussant mais en l’évitant.
Ainsi, la femme voilée, les yeux baissés, parlant
à voix basse, se déplaçant en silence, est la garantie de l’honneur du mâle. Ce
n’est jamais lui qui se rend protagoniste en premier lieu, mais la femme qui
doit subir ces contraintes pour pouvoir garantir l’honneur du mâle, sa
virilité.
Et c’est bien ce qui est
inacceptable : que la femme doive annuler son propre corps pour permettre
à l’homme sa propre identité, son propre honneur.
Giuliana Sgrena,
dans une autre interview qu’on peut voir sur you tube, rappelle également que
l’avortement est interdit dans de nombreux pays musulmans. La soi-disant
modernité d’un islam revisité, d'un féminisme musulman que les "féministes musulmanes" prétendent sous
leur voile est donc un leurre.
Et aux féministes
pro-voiles bien françaises de souche de chez nous qui nous bassinent avec leur
zèle, retrouvant curieusement la parole dès qu’il s’agit de se dresser contre
l’offensive anti-avortement du Vatican mais qui sont étrangement muettes dès
qu’il s’agit d’islam et qui vont jusqu’à cautionner le voile au nom du
relativisme culturel et de l’émancipation des indigènes, à toutes celles qui
pérorent avec la bénédiction du Rezo des copains (ils doivent avoir un foulard
dans une main derrière leur dos, prêts à leur tendre, et qui osent -oui, ils osent- présenter sur leur tabloid un article de l'ineffable Alain Gresh : Vers une révolution de l'islam en Turquie, rien de moins, ce qui nous fait une belle jambe), qui n’ont jamais risqué
leur peau comme Giuliana Sgrena ni comme tant de femmes tuées en Irak ou en
Afghanistan pour le simple motif qu’elles n’étaient pas voilées, ou tabassées
parce qu’elles étaient "mal voilées ou pas assez" en Iran, nous
leur conseillerons de lire le livre de Giuliana Sgrena dès qu’il sera traduit en
français.
Mots-clé: islamisme féminisme laicité religion