Vogliamo anche le rose (Nous voulons tout - sans oublier les roses) est un film, qui vient de sortir, d'Alina Marazzi, sur le féminisme d'hier et d'aujourd'hui. Que je ne manquerai pas d'aller voir dès que s'en présentera l'occasion en ces temps où le féminisme est battu en brèche et les acquis des femmes de plus en plus remis en question avec la montée des intégrismes religieux.

Ici, en Italie, bien que la loi sur l'avortement n'ait pas été abrogée, il est devenu pratiquement impossible d'avorter légalement dans les hôpitaux publics tant le parcours est retors et humiliant avec ses check-points de "tests" et "d'entretiens" avec des "bénévoles" qui s'emploient quand ils ne sont pas directement employés à culpabiliser les femmes, ou tout simplement parce que "l'objection de conscience" des médecins, qui atteint parfois près de 95% d'entre eux dans certaines régions, c'est à dire qu'aucun médecin ne pratique plus l'IVG, souvent pour ne pas être mal vus par leur hiérarchie ou tout simplement pour ne pas voir leur carrière définitivement compromise en s'y retrouvant exclusivement préposés, ne le permet plus.

Il semble qu'après quatre siècles, l'époque de la Contre-Réforme soit de retour. Sans doutes, à présent que les fresques de Michel-Ange ornant la Chapelle Sixtine viennent d'être restaurées, les autorités religieuses catholiques ne vont pas s'amuser à voiler les parties intimes des statues et tableaux restaurées à grands frais, d'autant que le tourisme est une source de revenus importants. Elles trouveront, et ont déjà trouvé, des biais plus subtils.

En France par contre, comme dans d'autres pays d'Europe, il y a l'islam pour demander ce que l'Eglise ne demande plus, ou ne demande pas puisqu'elle prétend autre chose, de sorte que les demandes se complètent dans un sens certain, qui est celui de la réduction de la liberté et particulièrement celle des femmes. Ainsi par exemple Tariq Ramadan vient nous sermonner, nous dit Bakchich, sur les " grands péchés" ; devenant inquisiteur, il demande de mettre caleçons et culottes aux statues et des burqas de bains aux femmes.

Alors il est bien facile de militer contre les "laïcards", les"ultra-laïques", ce qui facilite d'autant la récupération de la part d'une extrême-droite y compris catholique d'une laïcité pour laquelle elle démontre un attachement subite qu'on ne lui connaissait pas, et un intérêt soudain pour la défense des droits des femmes fort surprenant. Je suis même tombée dans le panneau avec un certain cochon hallal qui sur le coup m'avait fait rire, avant de me laisser quelques perplexités.

Mais que dire quand on trouve, comme ici, sur un blog se définissant contre l'ultra-laïcisme, rapportant ces paroles de Caroline Fourest : « Quand j’ai lu le Coran, pour les besoins de mes recherches, j’ai souvent été surprise de son contenu souvent plutôt progressiste. » (...) Le livre saint de l’islam est, selon elle, « une très belle incitation au respect des valeurs républicaines », et que pour la présidente de Prochoix
« l’islam ne pose en soi aucun problème » et « n’est pas incompatible avec les valeurs républicaines »?

On croit rêver. Sans doutes, passée désormais au journal Le Monde, Caroline Fourest tient davantage de la bobo au langage standardisé politically correct que de la féministe. Non que, pour ma part, j'étais particulièrement favorable à la publication des fameuses caricatures de Mahomet sur Charlie Hebdo. Il ne me semblait pas plus qu'à elle qu'il soit nécessaire de jeter de l'huile sur le feu. De même que (et je l'ai déjà dit) je n'ai pas d'affection particulière pour Robert Redeker.

Mais peut-on rester indifférent quand celui-ci se ramasse une menaçante fatwa? Quand le journal danois, de droite et par ailleurs peu finaud, qui à vrai dire avait publié ses caricatures que personne ne connaissait à part ses lecteurs sans soulever de remous sinon un certain temps après mais à l'autre bout du monde, et que ces personnes à l'autre bout du monde profèrent menaces et rétorsion à l'égard de tout un pays?

Vouloir voir dans le Coran un quelconque "progressisme", et ne pas y voir "d'incompatibilité avec les valeurs républicaines", c'est vraiment du jésuitisme. C'est vouloir concilier la chèvre et le chou au prix de contorsions. Caroline Fourest n'est plus journaliste mais contorsionniste.

Il arrive un moment où il faut se prononcer contre l'islam, pour ce qu'il est, une idéologie totalitaire. Peu nous importe qu'il soit aménagé, modernisé à coups de moratoires. S'il l'est et bien tant mieux pour ses adeptes. Mais on ne peut pas, nous laïcs, attendre 107 ans qu'il le soit et voir en attendant se réduire la liberté comme une peau de chagrin en cédant à toutes les revendications absurdes et nuisibles des adeptes du Coran.

Nous ne voulons pas de voiles, ni les voir envahir l'espace public, ni manger hallal dans les cantines, ni heures spéciales dans les piscines, ni burqas de bains, ni statues en caleçons ni peintures retouchées dans les musées ni ailleurs, ni le créationnisme s'insinuer dans les manuels scolaires.

Nous voulons des roses.

Et pour ma part aujourd'hui je veux aussi du champagne parce que c'est mon anniversaire (mais je me contenterai d'Asti spumante parce que c'est moins cher).