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Le passé recomposé
--> à propos d'identité nationale...

Le site des Indigènes de la République parle de Recomposition du passé, de Dénationaliser l'histoire de France, de la Crise de l'identité nationale. Certes, le besoin de sortir d'une vision créée et imposée par la IIIème République se fait sentir. Mais recomposer quoi exactement? Et si on peut à juste titre parler de crise de l'identité nationale, "dénationaliser" l'histoire de France sonne assez curieusement en cette époque de privatisation, quand on souhaiterait plutot renationaliser bien des choses, comme l'eau par exemple.

Et ce n'est pas si simple que de prétendre recomposer le passé pour permettre une assimilation qui ne fonctionne plus comme elle avait jusqu'à présent fonctionné grâce à l'universalisme républicain, et dont l’école avait été le principal instrument.

Après avoir brassé la paysannerie suite à l’exode rural, substituant la langue française aux patois du fin fond des provinces, assimilé émigrés polonais, arméniens, italiens, espagnols, portugais et divers autres encore, dont les descendants, amalgamée souvent par mariage aux autochtones, représentent un quart de la population française actuelle, le fossé se creuse avec les enfants des immigrés venues des ex-colonies ; l’amalgame ne se fait plus.




La France, depuis la préhistoire, n'a jamais été peuplée par une seule race; elle est même dès les origines, bien avant que son territoire ne s’appelle la France ni même les Gaules, le résultat du croisement de deux populations différentes; un population méditerranéenne et non indo-européenne, fort bien connue à la fin du néolithique sous le nom de "peuple des hypogées", (dit Chasséens en France) et ceux-ci peuplaient l'Europe de l'ouest bien avant l'arrivée des Celtes. Ces derniers ont fini par imposer leur présence non sans mal au sud de la Loire, face à une population plus avancée qu'eux, après maints revers ; ils ont réussi à se maintenir par la force du nombre. Fernand Braudel l'explique très bien dans sa fameuse "Identité de la France"

Ensuite le terme "gallo-romain" se rapporte à une culture et non à une population résultant d'un métissage. Celui-ci s'était opéré plusieurs millénaires auparavant dans toute l'Europe du sud ouest. Les latins comme les autres n'étaient pas autre chose. L'apport "latin" dans les Gaules n'excédait pas quelques dizaines de milliers d'hommes: les légionnaires qui avaient été gratifiés d'un domaine, la "villa", après la conquête. Il y eut infiniment plus de gaulois-es déporté-es comme esclaves en Italie. Ce que les latins ont laissé en gaule, c'est la langue, l'efficacité de leur administration, et la civilisation urbaine avec ses voies de communication. Les Gaules ne connaissaient alors que les grosses bourgades néolithiques, exceptés ceux des côtes méditerranéennes qui connaissaient les grecs et leurs cités, comme Phocée.

Enfin les Germains, (les Francs un peu plus que les autres), laissent à peine 15 % de leur langue dans ce qui va devenir la langue française, et presque rien du point de vue du métissage: on pense actuellement que les "invasions barbares" ne représentaient pas davantage que 160 000 personnes hommes, femmes et enfants. Les guerriers de Clovis sont estimés à un peu moins de 5000. Et ce dans un pays qui était certainement le plus peuplé dans l'Europe occidentale de l'époque. Les incursions des sarrasins ont laissé encore moins.

La composition ethnique, en dépit des guerres successives est donc restée effectivement assez stable jusque vers 1850.

Ce qui l'est beaucoup moins, contrairement à ce qu'on nous inculque, c'est l'enracinement du catholicisme. Tout d'abord, les cultes païens ont perduré au de-là du Vème siècle. Sans doutes jusqu'au XI-XIIème siècle dans certaines régions comme la Bretagne. Et ensuite il s'en est fallu de peu que le protestantisme ne gagne, ou tout du moins s'installe massivement comme en Allemagne ou en Hollande. Ce n'est pas pour rien qu'on dit de la France qu'elle est "gallicane". Et c'est sans doutes une des raisons qui ont permis la Révolution et l'instauration de l'Etat laïc. Dans les pays du sud de l'Europe, l'étau de l'administration ecclésiastique, héritière de l'Empire Romain, était trop serré pour qu'elle puisse advenir.

 
Je me garde bien de revendiquer les “racines chrétiennes” de l’Europe comme le souhaiteraient tant certains pays comme la Pologne, ou le Vatican, même si je suis affectivement et surotut esthétiquement attachée au paysage français, à ses clochers et à ses cathédrales, considérant que les racines culturelles de l’Europe sont bien plus anciennes, elles sont tant dans le monde celtique que gréco-latin pour ce qui concerne la France. Le christianisme a fait irruption dans l’empire romain et en est l’héritier, particulièrement du point de vue de l’organisation administrative.

Revoir le système de la IIIème république sur lequel repose encore les fondements de la société française ? Sans doutes celui-ci a-t-il besoin d’une révision et d’un aggiornamento. Le tout est de savoir sur quelles bases nouvelles, et si c’est pour la réviser à la sauce wikipédia, je ne suis pas certaine que ce soit ni un avantage ni une amélioration. D’une part. Et d’autre, s’il s’agit de « décoincer » la France en remettant au goût du jour l’identité des provinces de l’Ancien Régime et les particularismes locaux, on se retrouvera dans une version modernisée avec autant de patois qu’il y a de cités dans les banlieues de France et de Navarre. Et pour bien connaître des pays comme l’Italie (ou même l’Espagne) où la régionalisation (mais aussi les potentats locaux) est une réalité contrairement à la France qui reste un état-nation, je ne suis pas du tout persuadée que le résultat soit meilleur (il suffit de penser à la Padanie) quant à l’intégration des dernières générations d’immigrés.

Ecrit par Lory, le Lundi 5 Novembre 2007, 17:10 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Aurélien
06-11-07 à 04:21

Wikipedia c'est bien pour en savoir juste un minimum mais ce site est bourré d'erreurs et ne remplacera jamais les vraies encyclopédies papier ou sur CD-Rom et autre DVD qui sont payants. Sinon comment les enseignants, les chercheurs et autres écrivains pourront encore survivre dans leur profession? A l'heure où l'on nous vante le journalisme citoyen et ces wiki comme source sur d'information voir d'éducation je trouve cela inquiétant.