Je ne peux pas
vraiment dire, comme la fameuse chanson des colos de ma jeunesse :
Je reviens, je reviens, je reviens au pays
Je reviens le cœur en fête…
Et d’ailleurs je
ne reviens pas au port de Saint-Malo mais en Francilie, c’est différent, moins
poétique et surtout moins folklorique (encore que, question folklore, au jour
d’aujourd’hui il y en a certainement plus en Francilie qu’à Saint-Malo).
D’autant que je
ne reviens pas précisément de bonne humeur. D’abord, je quitte à contre-cœur ma
région d’ici, à laquelle je suis, celles et ceux qui me lisent l’auront
compris, profondément attachée affectivement. J’y vis depuis 30 ans, mes
enfants y sont nés, bref, c’est ma
région autant que
En dépit de son
particularisme (j’en ai déjà parlé mais j’en reparlerai avant de partir),
Je reviens donc à
la fois contente et morose. Contente de revoir Paris, comme à chaque fois que
j’y reviens, de revoir mes parents qui sont âgés et que je n’ai pas revus
depuis plus d’un an, les lieux d’autrefois…
Morose, parce
que, si j’y reviendrais bien volontiers pour un séjour de loisirs comme
auparavant, j’y reviens cette fois avec la nécessité de me procurer de quoi
continuer à vivre puisque ça m’est devenu tout à fait impossible là où je suis
et que, en dehors de ma maison ici, je n’ai d’autre toit que celui de mes
parents en Francilie.
Tout cela n’est
pas sans me créer des problèmes de diverse nature à différents niveaux,
évidemment, et d’autant moins plaisants à affronter que je n’ai plus l’allant
de la jeunesse.
Les temps étant
ce qu’ils sont, bien que française de souche et pourvue d’une carte d’identité
française en bonne et due forme et tout et tout, sait-on jamais, le premier flicaillon qui
vient me chercher des poux dans la tête par le plus malencontreux des hasards,
prétend farfouiller dans mes gènes et mes chromosomes au lieu de s’occuper des
siens qui pourraient toujours lui réserver plus de surprises que les miens, il
peut d’ores et déjà avoir la certitude que sa bagnole ne démarrera pas dès
qu’il montera dedans, il peut être certain de se ruiner dans le premier
escalier venu en ratant une marche, et il n’y a pas l’ombre d’un doute qu’en
rentrant chez lui il croisera un de ses collègues qui en sortira après avoir
rendu visite à sa femme.
Il est tout aussi
certain que le premier blanc-bec noir qui m’écrase consciencieusement les pieds
dans le métro sans me dire « pardon madame », pire, qui me traite de
raciste si je lui dis avec mon air morose : « non mais vous ne pourriez
pas faire un peu attention où vous mettez les pieds » se fera serrer par
les keufs à la sortie pour un contrôle d’identité, même s’il a ses papiers
parfaitement en règle, ce qui, on en conviendra, est toujours un inconvénient
et une perte de temps qui vous met de mauvaise humeur pour la journée.
Il est encore
absolument sûr que le premier beur en pleine jeunesse et sveltesse, genre
mocassins jean et blouson cintré, rasé de près pas un cheveu qui dépasse, qui
me pique la place que je lorgne dans le bus, là, près de la fenêtre, aura le
plaisir de trouver sa belle-mère chez lui à la place de sa femme qui sera
sortie avec sa sœur reluquer les boutiques du centre commercial du quartier et
rentrera immanquablement en retard, et devra donc se contenter d’un hamburger
et de frites surgelées micro-ondes, ce qui lui gâchera une soirée qu’il aurait
prévue différemment sinon il ne se serait pas rasé de près.
Mais j’en ai
aussi en réserve pour les chinois, dans le même genre, qui se réaliseront aussi
ponctuellement que le ying et le yang.
Tiens, rien que
de penser à tout ça, j’ai le cœur qui flanche…
Commentaires :
lorycalque
Spécial chinois pour ne pas les laisser en reste