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Le vivre ensemble
--> associatif, bénévolat, précarité, chomage et autre
Sans doutes suis-je plus sauvage qu'associale, et pour moi la sociabilité n'a jamais été une chose simple et allant de soi. Ce n'est pourtant pas faute de ne jamais avoir connu les collectivités, peut s'en faut. Colonies de vacances des CE, centres aérés municipaux, villages de vacances, c'est un monde que je connais bien pour les avoir fréquentés longtemps puis y avoir travaillé comme animatrice, hotesse, etc.

Sans doutes suis-je assez individualiste, toujours est-il que j'ai développé une certaine allergie à ce "vivre ensemble" comme on dit maintenant.

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un article de Corinne Maier où elle en parlait, disant ceci: Moi je n’aime pas être ensemble. Je n’aime pas le sport d’équipe, je n’aime pas travailler en groupe. Je crois que c’est à deux, voire à trois, rarement à quatre (mais ça arrive parfois) qu’on fait le meilleur boulot. Plus, ça foire forcément.

De ce point de vue là, je suis tout à fait d'accord et je comprends très bien ce qu'elle veut dire. Si, jeune fille, j'aimais le sport d'équipe j'aimais le sport en général, c'était les sports individuels que je préférais, le ski en particulier (que d'ailleurs je faisais pratiquer à des groupes, étant brevetée pour le faire). Quant au travail de groupe, ce dont on vous rebattait les oreilles dans les collectivités, c'était pour moi un véritable tourment; des heures et des heures perdues pour n'arriver à rien de significatif ni de concluant, cela signifiait surtout entendre pérorer des petits chefs ignorants, et je n'avais pas cette sainte patience.

Récemment encore dans un tout autre domaine, sur Wikipédia, j'ai eu la preuve et la contre-preuve que s'occuper d'un article à plus de deux ou trois, ça foire forcément, pour utiliser l'expression de C. Maier, et il suffit de lire à ce sujet le blog d'Alithia pour s'en rendre compte. Pour travailler sur un article, comme je suppose sur un projet dans le monde du travail, il faut des spécialistes, des gens qui précisément maitrisent leur sujet. A partir du moment où n'importe qui vient mettre son grain de sel dans des domaines qu'ils ignorent totalement, ça devient la foire d'empoigne, dans le meilleur des cas, mais enfin on arrive à rien de concluant.

Puis, quelques jours plus tard, de lien en lien, je suis tombée sur un article de Samantdi, traitant également du "vivre ensemble", mais au niveau associatif. Ce n'est pas un domaine où j'ai une grande expérience, n'ayant jamais appartenu à une association faisant appel au bénévolat. J'ai appartenu vaguement à une association artistique dans ma province, ce qui n'a pas grand chose à voir avec le bénévolat dans le sens où les expositions ou autres activités
qui étaient organisées étaient destinées aux seuls membres et connaissances.

Quant au bénévolat, voilà ce que j'ai déjà pu en dire entre autre ici, pour ce qui concerne ma province, et l'impression que j'en ai retirée. Il existe ici une multitude d'associations, locales ou nationales, laiques pour la plupart. Mais le fait est qu'en Italie, au moins pour ce que j'ai pu constater au niveau local, évidemment, meme les organisations laiques s'inspirent en fait, certainement inconsciemment, de par la tradition culturelle et son poids (pesant), du catholicisme. A savoir qu'il y règne cette mentalité charitable qui m'est absolument insupportable.Il s'agit d'une charité très administrative, lourde, lente, ennuyeuse, inefficace. C'est un "vivre ensemble" qui tient plus du copinage que de l'humanisme.

Il y a déjà longtemps, j'ai lu un petit opuscule que j'avais acheté au stand des livres d'une festa dell'Unità, d'un certain David Bidussa, directeur de la bibliothèque de la Fondation Feltrinelli, publié aux éditions Il Saggiatore: Il mito del bravo italiano, ("Le mythe du bon italien", il n'existe pas de traduction française à ma connaissance), qui explique parfaitement les mécanismes de ce que je tente de faire comprendre dans ce bref article.

Il dit, par exemple, à propos des communautés locales (mais c'est tout aussi vrai pour n'importe quelle association au niveau local), (je traduis):
Par communauté locale, j'entends non pas des entités culturelles ou ethniques, mais des systèmes locaux fermés, dont la connotation idéologique est leur organicité et leur autosuffisance présumée. Et la communauté la plus consolidée et la plus enracinée dans l'histoire italienne est la paroisse.
Il prend soin de préciser, d'ailleurs, dans les lignes qui suivent, qu'en utilisant le terme paroisse, il ne se réfère pas à l'unité burocrato-administrative de base d'un système de foi spécifique, ici celui de l'Eglise catholique, mais à la signification communautaire que l'hitoire matérielle de cette institution assume dans le temps.

C'est exactement ce que j'ai pu percevoir durant tant d'années. Tout ici, meme ce qui est laique (et la Toscane est certainement la Région la plus laique à tous points de vue, qu'on s'imagine les autres!), a quelque chose de paroissial.

Il en conclue que tout fonctionne par le mécanisme de la gratitude. Et effectivement, dans une telle formule associative, meme laique, (je n'en connais d'ailleurs pas d'autres) il en ressort une hiérarchisation extrème dans le bénévolat, où, en somme, le bénéficiaire doit baiser les mains du bénéfacteur* en signe de gratitude, devenant un sujet, lige, devant obéissance.

Un vivre ensemble qui ne m'a pas attirée, et dont j'ai préféré me tenir le plus éloignée possible. J'en ai été quitte pour une solitude parfois assez pesante que j'ai meublée de mon mieux, non pas tant par défaut de sociabilité.

* Bienfaiteur en français en fait, du latin benefactor
Ecrit par Lory, le Samedi 27 Octobre 2007, 14:06 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Céleste
30-10-07 à 09:53

super ton texte!

c'est tout à fait ça, "le paroissial" à tous les niveaux en Italie.
la bonne action, etc...

pour ce qui est de travailler en groupe c'est un truc dont je suis incapable, et qui me gonfle.
comme toi, sport individuel (le tennis et le ski) plutôt que collectif.

j'ai fait partie de plusieurs associations (mais toujours très brièvement), dont une sympa, pour organiser un festival de littérature populaire, mais nous n'étions que trois et copines.