La croisade anti-avortement
a commencé le premier janvier, comme je l’ai dit ici.
A la suite d'un fait divers ( relaté ici
par Impasse Sud) symptomatique et inquiétant nous ramenant des décennies en
arrière, avant l'époque de la promulgation des lois légalisant cette pratique
ancestrale mais tabou, des milliers de femmes , et d'hommes aussi, ont
manifesté devant hôpitaux et cliniques dans plusieurs grandes villes d'Italie
(Bologne Brescia Florence Milan Naples Palerme Rome Turin Venise) le 14
février, bloquant la circulation et défilant en cortège où les slogans qu'on
n'avait plus revus depuis des décennies ont refait leur apparition, tel que Temete, temete,
les streghe sono tornate, le slogan désormais rentré dans
l'histoire et brandi pour la première fois dans les années 70 durant les
grandes manifestations féministes de l'époque.
Une pétition (que j'ai signée et
que vous pouvez signer aussi ici
- CAP signifie code postal et il suffit de mettre à coté le pays où vous
résidez, nome: nom, cognome: nom de famille-) a été mise en ligne pour défendre
la loi 194, c'est à dire la loi autorisant l'avortement en Italie.
Car c'est bien d'une
chasse aux sorcières et de la criminalisation des femmes qu'il s'agit. Les blogs des italiennes sont à cet égard passionnants et je ne me lasse pas de les lire. Parce qu'elles vivent au pays du
pape, elles sont les premières concernées, à devoir réagir pour lutter, les
premières confrontées à l'offensive catholique et réactionnaire contre leurs
droits, nos droits à toutes, elles savent mieux que personne trouver les mots
les plus suggestifs, les mots qu'il faut, pour décrire la situation et
l'analyser.
C'est, d'ailleurs, ce qui
ressort du communiqué publié par l'U.D.I. (Unione Donne in Italia - Union des Femmes en Italie-), principale
association féministe d'Italie, à propos de cette descente des forces de
l'ordre dans le pavillon de gynécologie de l'hôpital de Naples, déclarant que La
liberté des femmes a rendu inévitable l'agonie du patriarcat qui, obscurci,
montre son visage le plus féroce en s'opposant aux femmes par l'intimidation.
Les très viriles et
masculines "forces de l'ordre" en tenue de combat, ont en effet montré
plus de détermination, en arrêtant deux femmes qui voulaient forcer le barrage
pour poursuivre la manifestation dans les rue de Rome (ce qui mit en furie les
autres qui ne voulurent pas s'en aller avant que les deux interpellées ne
soient relâchées), qu'elles n'en montrent lorsqu'il s'agit d'interpeller des
camionneurs barrant les autoroutes avec leurs T.I.R. ou les agriculteurs
protestant pour leurs méventes de fruits & légumes sur leurs tracteurs.
Comme le dit très bien
FikaSicula de Femminismo a Sud, la persécution des
femmes jusque dans les salles IVG n'est autre que la conséquence directe du
degré de colonisation du corps féminin auquel nous sommes parvenus.
L'abominable Giuliano Ferrara, héroïque héraut de
la croisade anti-avortement en proie à un délire mystique à la recherche de
l'embryon perdu comme certains preux sont à celle de l'arche (pour reprendre
les expressions de FikaSicula -quand je vous dis que les italiennes ont les
mots qu'il faut!), a concocté une liste pro-vie (et pro-Berlusconi) qu'il
entend lancer comme parti politique. Et ce n'est pas tout. Il promet la
publication, sur son torchon "Il Foglio", de la photo de ses
testicules, qu'il a petites selon ses dires, pour financer sa liste. Vous
pourriez croire qu'il s'agit là d'une plaisanterie de mauvais goût, mais pas du
tout, c'est si vrai que la nouvelle est publiée par l'ANSA, l'équivalant italien de l'AFP. L'individu
pense être affligé du syndrome de Klinefelter (celui là même dont était affligé le foetus de la femme qui a été l'objet de la descente des forces de l'ordre
dans la clinique où elle avait eu recours pour l'IVG) "ayant des grandes
mamelles et des petites testicules", il se soumettra donc à un test pour
en avoir le coeur net. Il se propose du reste comme futur ministre de la santé
et promet d'interdire l'avortement en cas de syndrome de Klinefelter. De quoi
frémir, non?
Quoi qu'il en soit, une chose est certaine: on a entendu bien peu de femmes,
pas même parmi les catholiques au gouvernement ou ailleurs, soutenir haut et
fort cette croisade anti-avortement. Par contre un foule d'hommes ont pris la
parole (que dis-je! l'ont monopolisée) pour prêcher cette croisade. Depuis plus
d'un mois, ce n'est qu'un ballet de soutanes et de politiciens qui ont déclaré
ouvertement une guerre aux femmes en les criminalisant, vile et abjecte tentative
de leur ôter leur liberté de citoyenne.
Mots-clés: catholicisme Italie féminisme sexisme machisme
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